Le Bangladesh a donné mardi son feu vert à l’aménagement d’une île déserte du golfe du Bengale pour y parquer des réfugiés rohingyas, un projet controversé décrié par les défenseurs des droits de l’Homme.
Cette annonce intervient quelques jours après la signature d’un accord avec la Birmanie voisine pour permettre d’y renvoyer des réfugiés, arrivés par centaines de milliers depuis trois mois.
Les observateurs sont sceptiques sur la manière dont ce texte sera appliqué.
L’exode des musulmans rohingyas, qui fuient une vague de violences dans l’ouest birman considérée par l’ONU comme une épuration ethnique, a remis d’actualité le plan de Dacca d’installer une partie des réfugiés dans l’île alluviale et inhabitée de Bhashan Char.
Un conseil économique du gouvernement, présidé par la Première ministre Sheikh Hasina, a alloué près de 235 millions d’euros de fonds au développement de ce banc de sable.
Les autorités espèrent pouvoir y relocaliser à partir de mai prochain une partie des 800.000 Rohingyas au moins qui s’entassent dans les miséreux et gigantesques camps de réfugiés du sud du pays.
« Environ 100.000 personnes seront déplacées là-bas dans un premier temps.
Nous espérons que les travaux du projet seront achevés courant 2018 », a déclaré à l’AFP Ziaul Islam, secrétaire au Plan.
Bhashan Char – auparavant nommée Thengar Char – est apparue il y a une dizaine d’années, formée par les sables charriés par le fleuve Meghna. Elle ne figure même pas sur nombre de cartes.
Les opposants au projet dénoncent l’isolement du lieu et les conditions naturelles hostiles de cet îlot désert, sujet à des inondations lors d’importantes marées.
Les besoins en infrastructures pour mener à bien ce plan sont énormes.
Outre la construction d’abris, il faut surélever les zones les plus basses et ériger des digues pour s’assurer que le périmètre ne soit pas inondé lors des montées des eaux, des pluies de mousson ou des cyclones.
Pour l’instant, l’île ne compte que deux héliports et une petite route construits par l’armée.
Les leaders communautaires rohingyas au Bangladesh sont farouchement opposés à ce projet. Une agence de l’ONU avait pour sa part estimé qu’une relocalisation forcée de Rohingyas serait « extrêmement complexe et controversée ».
Source: AFP