Il s’agit en fait d’une escalade très grave et la réponse responsable et non partisane de la Russie a pour effet d’encourager d’autres provocations de Washington.
Dans un acte de l’escalade insensée des provocations contre la Russie, Washington a produit une liste de 210 hauts fonctionnaires du gouvernement russe et des dirigeants d’entreprises importantes qui sont « gangsters », « membres de la bande de Poutine », « menaces », « des personnes méritant d’être sanctionnés », ou n’importe quel autre qualificatifs que les prestitués choisiront pour expliquer la liste. Cette liste absurde comprend le Premier ministre de la Russie, le ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Défense, et les dirigeants de Gazprom, Rosneft, et la Banque Rossiya. En d’autres termes, ce que l’on veut suggérer, c’est que la totalité des dirigeants politiques et commerciaux russes sont corrompus.
Les Russes ne semblent pas comprendre le but de la liste. Le porte-parole de la présidence, Dmitri Peskov, a déclaré que le gouvernement considère la liste comme une tentative d’ingérence dans les élections présidentielles russes. Il ne fait aucun doute que Washington voudrait réduire le soutien public de Poutine pour que Washington puisse utiliser les ONG financées par l’Occident et opérant en Russie pour présenter les comparses américains comme les vraies voix de la Russie. Cependant, il est peu probable que le peuple russe soit assez stupide pour tomber dans ce piège.
La liste de Washington a trois objectifs:
1) Contrecarrer la diplomatie russe en présentant les échelons supérieurs de la Russie comme des gangsters.
2) Présenter la Russie comme une menace militaire suite à l’annonce ridicule du ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson, le 26 janvier, disant que la Russie a l’intention d’anéantir les infrastructures britanniques, en fait causer « des milliers et des milliers de morts », et de créer un « chaos total dans le pays »
3) Détourner l’attention américaine et européenne de la publication prochaine du rapport du House Intelligence Committee qui prouve que la Russie est une conspiration entre le FBI, le ministère de la Justice d’Obama et le Comité national démocratique contre le président Trump.
La liste russe de Washington donnera aux médias quelque chose d’autre à dire en lieu et place de la trahison commise contre le président des États-Unis. Attendez-vous à ne rien entendre des communiqués de presse, si ce n’est que le rapport du Comité du renseignement de la Chambre n’est qu’un effort politique visant à protéger Trump des poursuites.
Il y a probablement une quatrième raison pour la liste. Israël veut la pression de Washington sur la Russie, parce que la Russie a jusqu’ici empêché l’utilisation par Israël de l’armée américaine pour créer le même chaos en Syrie et en Iran que ceux qui ont eu lieu en Irak et en Libye.
Israël veut que la Syrie et l’Iran soient déstabilisés parce qu’ils soutiennent le Hezbollah, ce qui empêche Israël d’occuper les ressources en eau du sud du Liban.
La loi intitulée Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act, qui impose la liste, a été adoptée par 517 voix contre 5. Normalement, ces votes unanimes en politique étrangère sont associés aux demandes du lobby israélien.
L’objectif est de montrer que tous les dirigeants russes sont des gangsters d’une manière ou d’une autre.
Le gouvernement russe et le peuple russe doivent comprendre que Washington considère la Russie comme une menace parce que la Russie n’est pas sous la coupe de Washington. Les néoconservateurs sionistes contrôlent la politique étrangère américaine. Leur idéologie est l’hégémonie mondiale. Ils n’utilisent pas la diplomatie. Ils comptent sur la désinformation, les menaces et la violence. Par conséquent, il n’y a pas de diplomatie américaine avec laquelle Poutine et Lavrov peuvent s’engager.
Poutine, en tant que dirigeant politique responsable d’une grande puissance, ne répond pas à la provocation par la provocation. Il ignore les insultes et continue d’attendre que l’Occident revienne à la raison. Mais que faire si l’Occident ne reprend pas ses esprits ?
Pour que l’Occident revienne à la raison il faut le renversement complet des néoconservateurs sionistes et / ou l’éclatement de l’OTAN. Le renversement des néoconservateurs nécessiterait une voix rivale de politique étrangère, et cette voix est très faible, car elle est fermée aux médias, aux groupes de réflexion et aux universités. L’éclatement de l’OTAN exigerait que les personnalités politiques européennes renoncent à leurs subventions de Washington et à l’avancement de carrière qu’offre Washington.
Au moment où j’écris ces lignes, la presse et deux membres du Conseil de l’Atlantique, Daniel Fried et Anders Aslung, se sont réunis pour discuter de la question. Le Conseil de l’Atlantique est une agence de propagande néoconservatrice. Le but de la « discussion » est de saper davantage les relations entre les Etats-Unis et la Russie.
Le gouvernement russe est confronté à une situation difficile. La politique étrangère des États-Unis, et donc du monde occidental, est contrôlée par des néoconservateurs déterminés à présenter la Russie sous un jour des plus menaçants. La diplomatie russe ne peut rien y changer. La réponse responsable et non provocatrice de la Russie a pour effet d’encourager davantage de provocations de Washington.
À un moment donné, la passivité russe pourrait convaincre les néoconservateurs qu’ils peuvent réussir à attaquer la Russie. A l’inverse, les provocations continuelles pourraient convaincre la Russie que le pays est la cible d’une attaque, provoquant ainsi une action préventive russe.
Tout le monde devrait comprendre la menace d’une guerre nucléaire inhérente à la politique de Washington envers la Russie, et tout le monde devrait comprendre que la seule menace que la Russie est celle qui est dirigée contre l’unilatéralisme de Washington.
Par Paul Craig Roberts: Ancien vice-secrétaire d’état américain au Trésor.
Source: La revue Unz