L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont mis jeudi tout leur poids pour tenter de renforcer les assises des séparatistes sudistes à Aden, la deuxième ville du Yémen. Ces derniers ont conquis une grande partie de cette ville méridionale aux dépens du gouvernement démissionnaire soutenu par Ryad à l’issue de combats meurtriers.
La nouvelle mission des séparatistes consiste à participer aux combats avec le Nord (armée yéménite et forces populaires d’Ansarullah).
Précédemment alliées, les forces séparatistes et l’armée loyale au président démissionnaire Abd Rabbo Mansour Hadi se sont affrontées entre dimanche et mardi à Aden (sud).
Ces combats, qui ont fait au moins 38 morts, ont encore affaibli le camp pro-Hadi, qui a perdu la quasi-totalité de ses positions à Aden.
Hadi, lui-même réfugié en Arabie saoudite depuis près de trois ans, a dénoncé un « coup de force » séparatiste contre son gouvernement.
Cette crise a fait apparaître des divisions entre l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, piliers de la coalition arabe qui ont mené une guerre destructrice contre le Yémen sous prétexte de rétablir l’autorité du gouvernement ‘légitime’ présidé par Hadi face à Ansarullah.
Ryad soutient toujours le président Hadi à bout de bras, tandis que les Emirats ont entraîné une force militaire yéménite appelée « Cordon de sécurité », qui est perçue comme favorable au puissant mouvement séparatiste du sud du Yémen.
Aden était la capitale du Yémen du sud, un Etat indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990.
‘Même vision’
Jeudi, l’agence officielle émiratie WAM a annoncé que de hauts responsables saoudiens et émiratis de la coalition étaient arrivés à Aden pour s’assurer du respect d’une trêve et oeuvrer à une réconciliation.
Cette délégation militaire a fait le tour de la cité portuaire et « rencontré toutes les parties concernées, soulignant la nécessité de respecter un cessez-le-feu (…) et de recentrer les efforts sur les lignes de front contre les Houthis », a précisé l’agence.
« La situation à Aden est stable et toutes les parties se sont totalement engagées » à cesser les hostilités, a affirmé le général saoudien Mohammed ben Saïd al-Mughaidi, membre de la délégation.
L’Arabie et les Emirats ont « un objectif commun, la même vision, et n’ont pas d’ambition », a-t-il assuré.
Le général émirati Matar al-Khyeli a pour sa part affirmé que Ryad et Abou Dhabi se tenaient « ensemble aux côtés du peuple yéménite et dirigent des efforts de réconciliation entre les parties ».
Selon des sources militaires, des unités de la force yéménite pro-séparatiste « Cordon de sécurité » ont établi des points de contrôle dans la quasi-totalité de la ville, où seul le palais présidentiel reste aux mains du gouvernement démissionnaire.
Des drapeaux séparatistes flottent désormais sur de nombreux bâtiments publics d’Aden.
L’aéroport international d’Aden a rouvert jeudi avec un premier vol de la compagnie Yemenia vers Le Caire, selon l’agence gouvernementale Saba.
La relation entre le mouvement séparatiste et le gouvernement démissionnaire yéménite avait commencé à se tendre après le limogeage l’an dernier du gouverneur d’Aden, Aidarous al-Zoubaidi, qui a formé un « Conseil de transition du sud » (STC), une autorité parallèle dominée par les séparatistes.
Le STC avait fixé un ultimatum à M. Hadi exigeant le départ du Premier ministre démissionnaire Ahmed ben Dagher et « des changements au gouvernement », accusé de « corruption ». Cet ultimatum a expiré dimanche.
Le STC vise « l’indépendance » selon un document rédigé en janvier et obtenu jeudi par l’AFP.
« La mission du Conseil de transition du sud est centrée sur la réalisation de l’aspiration du peuple d’Arabie Sud (Sud Yémen) pour recouvrer sa souveraineté et son indépendance et construire son Etat fédéral sur tous ses territoires », indique le préambule de ce texte.
Avec AlAkhbar + AFP