Le Sénat américain a approuvé tôt vendredi un accord budgétaire crucial sur le financement de l’Etat fédéral, qui doit encore être voté par la chambre basse pour éviter le « shutdown », la fermeture partielle de l’administration, pour la seconde fois en trois semaines.
Au terme d’une journée à rebondissements, les sénateurs ont dû convoquer une session de rattrapage après avoir passé l’heure limite de minuit, à partir de laquelle le gouvernement ne disposait plus des crédits pour fonctionner.
L’Etat doit alors mettre au chômage technique des centaines de milliers de fonctionnaires dans les ministères, les services fiscaux ou les parcs nationaux. L’administration Trump avait vécu sa première paralysie le 20 janvier, déjà faute d’accord sur le budget. Elle avait duré trois jours.
Le scrutin a été bloqué pendant plusieurs heures par Rand Paul, un républicain, qui s’opposait notamment au relèvement du plafond de la dette américaine. La présidence du Sénat a dû suspendre la séance à minuit (05H00 GMT) pour en ouvrir une nouvelle une minute plus tard et convoquer un vote.
Celui-ci s’est conclu par une large approbation (71 voix contre 28).
La Chambre des représentants doit désormais approuver le texte, qui rencontre également des oppositions chez les élus. De source parlementaire, un vote pourrait intervenir vers 05H00 (10H00 GMT).
« Il est temps maintenant que la Chambre fasse son travail », a affirmé son président, le républicain Paul Ryan, pour motiver ses troupes.
Le président Donald Trump doit ensuite promulguer la loi.
La paralysie pourrait donc être brève, mais elle illustre la polarisation des élus américains alors que la proposition a reçu le soutien des dirigeants républicains et démocrates.
Hypocrisie
Dans l’après-midi, la direction du budget de la Maison Blanche avait présagé d’un échec et demandé aux différentes agences gouvernementales de « se préparer à une interruption des crédits », selon un haut responsable.
« Je ne peux pas en toute honnêteté et en toute bonne foi regarder ailleurs car mon parti est maintenant complice des déficits », avait lancé M. Paul, dénonçant « l’hypocrisie » de ses collègues républicains qui avaient refusé le relèvement du plafond de la dette demandé par Barack Obama.
Le chef de la majorité sénatoriale, le républicain Mitch McConnell, et son homologue démocrate, Chuck Schumer, avaient pourtant trouvé mercredi un terrain d’entente sur les montants des budgets 2018 et 2019, permettant au gouvernement de planifier à long terme ses dépenses et investissements.
L’accord offre à M. Trump la possibilité de tenir une des promesses de campagne, le gonflement du budget militaire, en augmentant le plafond de la dette jusqu’en mars 2019.
L’opposition démocrate a de son côté obtenu une augmentation comparable pour les dépenses non-militaires comme la lutte contre les opiacés, la couverture maladie des enfants pauvres, les investissements dans les infrastructures, ou une aide de 90 milliards de dollars pour les Etats ravagés par les ouragans et incendies en 2017.
Au total, la hausse pourrait atteindre 300 milliards de dollars par an, de source sénatoriale.
Armée et classe moyenne
« Ce budget fait les deux, financer notre armée et la classe moyenne (qui a) depuis des décennies souffert d’une austérité inutile que le Congrès s’est lui-même imposée », a affirmé Chuck Schumer.
Mais certains parlementaires grincent des dents. Des républicains estiment que le texte va considérablement augmenter la dette du pays, alors qu’une loi sur une baisse massive des impôts vient d’être votée.
Les démocrates grondent car il ne mentionne pas la régularisation à terme des centaines de milliers de clandestins appelés « Dreamers » (rêveurs).
L’opposition veut lier le sort de ces jeunes entrés illégalement dans le pays alors qu’ils étaient enfants à un accord budgétaire, ce qui avait déjà mené au « shutdown » il y a trois semaines.
Les « Dreamers » étaient protégés de toute expulsion par le programme Daca, créé en 2012 par l’ancien président Barack Obama. Donald Trump a abrogé le décret de son prédécesseur et a donné au Congrès jusqu’au 5 mars pour trouver une issue législative.
La cheffe des démocrates à la Chambre, Nancy Pelosi, a prévenu qu’elle voterait « non » si un débat sur l’immigration n’était pas mis à l’ordre du jour.
Source: AFP