La justice grecque a commencé jeudi à examiner la demande d’Ankara d’extradition des huit militaires turcs ayant fui en Grèce après le coup d’Etat avorté en Turquie, a-t-on appris de source judiciaire.
Le procureur de la cour d’appel d’Athènes chargé des extraditions « a convoqué les huit militaires turcs qui ont été entendus un par un pendant deux heures », selon la même source. Ils ont ensuite été ramenés dans un centre de rétention jusqu’à ce qu’une décision soit prise prochainement par le Conseil des juges de la cour d’appel.
Selon le droit grec, cette décision n’a toutefois qu’un caractère « consultatif » car la décision finale d’extradition incombe au ministre de la Justice, qui peut approuver ou non la décision judiciaire.
Les huit militaires avaient atterri en hélicoptère à Alexandroupolis, une ville grecque proche de la frontière gréco-turque, le 16 juillet, quelques heures après le coup d’Etat manqué en Turquie. Soutenant qu’ils avaient peur pour leur vie, mais niant avoir participé au coup d’Etat, ils avaient aussitôt demandé l’asile en Grèce, mais leur demande a été rejetée fin septembre en première instance. Ils ont fait appel quelques jours plus tard.
La Turquie a pour sa part demandé dès le début leur extradition mais dans un premier temps la justice grecque avait renvoyé la demande d’extradition au parquet d’Istanbul jugeant qu’elle manquait d’éléments probants pour appuyer les charges les visant.
La justice turque a récemment renvoyé les éléments requis par Athènes et précisé que les huit militaires sont accusés à la fois de « vouloir renverser le gouvernement élu du pays » et « de tentative d’assassinat du président turc Recep Tayyip Erdogan », selon cette source judiciaire.
L’avocate des huit militaires Me Stavroula Tomara a de nouveau dénoncé « le manque d’éléments de fond » de ces accusations. A la mi-octobre, après les rejets des demandes d’asile, les huit militaires turcs s’étaient estimés mi-octobre victimes « des politiques bilatérales ». Leur cas embarrasse fortement la Grèce, engagée dans une politique de coopération avec son voisin pour endiguer l’arrivée de réfugiés et migrants sur ses côtes.
De nombreux militaires et fonctionnaires ont fui la Turquie dans divers pays européens après la tentative de coup d’Etat et la purge tous azimuts déclenchée par le régime turc.
Source: AFP