Le président américain Donald Trump est un menteur invétéré soumettant son entourage à un code de loyauté rappelant l’attitude d’un chef « mafieux », estime dans ses mémoires l’ex-patron du FBI, James Comey.
Dans ce livre très attendu dont des passages ont fuité dans la presse jeudi, quelques jours avant sa sortie, l’ex-chef policier décrit un locataire de la Maison Blanche obsédé par des détails scabreux le concernant.
Comey relate ainsi que le président lui a demandé d’enquêter sur des allégations le mettant en présence de prostituées russes en 2013 dans un hôtel à Moscou.
Ce « dossier » avait été rédigé par un ancien agent du renseignement britannique pour le compte d’opposants politiques au candidat républicain. Jugé crédible dans un premier temps par le renseignement américain, son authenticité avait ensuite été complètement remise en question.
Lors de cette discussion dans la tour Trump en janvier 2017, M. Trump a demandé au chef du FBI de tordre le cou à ces affirmations qui lui étaient très défavorables « au cas où il existerait une seule chance sur 100 qu’elles soient prises au sérieux par sa femme, Melania », selon James Comey.
Cet échange avec le président « m’a fait revenir au début de ma carrière, quand j’étais procureur face au Milieu », a-t-il ajouté.
L’ex-chef policier a décrit une scène digne de la mafia: « Le cercle silencieux qui acquiesce. Le boss qui fait le jour et la nuit. Les serments de fidélité. La vision du monde selon laquelle tous sont contre nous. Le mensonge généralisé, qu’il soit petit ou gros, au service d’une sorte de code de loyauté qui place l’organisation au-dessus de la moralité et de la vérité ».
« Immoral »
Pour James Comey, « ce président est immoral, détaché de la vérité et des valeurs institutionnelles ».
« Son leadership est transactionnel, axé sur l’ego et sur la loyauté personnelle », insiste-t-il.
Les mémoires de James Comey, intitulés « A Higher Loyalty: Truth, Lies, and Leadership », retracent ses 20 ans de carrière comme procureur à New York puis ministre adjoint de la Justice dans le gouvernement de George W. Bush, et chef du FBI entre 2013 et 2017.
A la Maison Blanche comme chez les responsables républicains, le livre a fait naître des craintes sur les dégâts qu’il pourrait infliger à une présidence Trump déjà affectée par des rumeurs, limogeages et démissions.
Le Parti républicain a d’ores et déjà mis en ligne un site intitulé « Lyin’ Comey » (« Comey le menteur), où l’on peut notamment voir défiler une série de citations de personnalités politiques, désobligeantes pour l’ex-patron du FBI.
Le livre, qui sort le 17 avril, s’est un temps hissé en tête du classement des pré-ventes d’Amazon, grandement aidé par les messages vengeurs sur Twitter de Donald Trump qui l’avait limogé en mai 2017.
Lors d’une audition extraordinaire au Sénat, James Comey avait révélé les pressions venues de la Maison Blanche, le fait que le président ait exigé sa « loyauté » et qu’il lui ait demandé d’abandonner un volet de l’enquête portant sur le général Michael Flynn, son conseiller à la sécurité nationale, forcé à la démission.
Source: Avec AFP