Face à l’affaiblissement des positions de leurs alliés en Syrie, les États-Unis tentent de mobiliser les restes dispersés des groupes radicaux et incitent les pays de la région à un nouveau conflit militaire au Proche-Orient, selon Hamide Yigit, l’experte turque qui a parlé à Sputnik.
Dans un entretien à Sputnik Hamide Yigit, politologue turque et auteur de plusieurs études sur les crises au Proche-Orient, a signalé que Washington qui n’avait obtenu en Syrie aucun succès militaire tangible faisait feu de tout bois pour se maintenir dans la région.
«Au fur et à mesure de l’affaiblissement des positions des pays occidentaux en Syrie, ils font appel à des stratégies différentes pour se maintenir dans la région. En témoignent la récente attaque conjointe menée contre la Syrie par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni et leurs tentatives pour étendre leur présence sur le territoire syrien. Le message qu’ils avaient adressé à Damas par leur attaque était plutôt destiné à l’Iran et à la Russie. Il est notoire que pour jouer un rôle déterminant dans le règlement du conflit syrien, il faut avoir des positions fortes sur le théâtre des opérations militaires. Face aux importants récents succès des forces gouvernementales syriennes sur plusieurs fronts, les forces occidentales, plus particulièrement les États-Unis, doivent entreprendre quelque chose pour renforcer leurs positions. Ils veulent avoir un atout de poids et les mesures dirigées contre l’Iran peuvent être interprétées à partir de ce point de vue», a noté l’experte turque.
Elle a signalé que dans l’ordre du jour régional, la menace de Daech* avait reculé au second plan et que les tensions entre les États-Unis et leurs alliés, d’une part, et l’Iran, de l’autre, apparaissaient sur le devant de la scène.
«Si dans les débats précédents des Occidentaux et de leurs alliés sur la situation dans la région Daech* a été désigné comme la menace principale, à l’heure actuelle le « facteur iranien » est mis toujours plus activement au premier plan. Israël en parle constamment… Les Américains ont besoin d’étendre leurs positions à Raqqa et à Deir ez-Zor, notamment à l’est de l’Euphrate car le début d’une opération syrienne d’envergure dans cette région menacera la base américaine d’al-Tanf. Les États-Unis se rendent toujours mieux compte du rapprochement de cette menace. L’armée syrienne a déjà placé sous son contrôle plusieurs régions à Deir ez-Zor ce qui a provoqué une réaction immédiate de la part d’Israël: selon certaines informations, une attaque a été menée contre les forces iraniennes déployées dans une base militaire dans le nord de Homs. Cela permet de parler d’une agression directe contre l’Iran. Dès que les positions des alliés occidentaux en Syrie commencent à faiblir, les États-Unis font appel à leur rhétorique favorite incitant les pays de la région à un nouveau conflit et Israël organise une démonstration de force en effectuant des frappes ciblées», a expliqué Hamide Yigit.
Elle a cependant déploré que les conséquences de cette politique de l’Occident et de leurs alliés seraient supportées par la population de la région.
«Les États-Unis, qui jouent le rôle d’occupants sur le territoire syrien, souhaitent consolider leur présence et étendre leur sphère d’influence dans le nord de la Syrie. Des sources locales parlent de la probabilité du début prochain d’une importante opération des forces gouvernementales syrienne. Dans cette situation les États-Unis ne participeront pas directement aux combats, préférant confier la mission aux membres, peu nombreux d’ailleurs, des groupes radicaux et aux forces armées de pays régionaux qui subiront des pertes réelles en cas de combats acharnés. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni envoient leurs forces en Syrie avec un grand enthousiasme, cherchant à montrer qu’ils sont les acteurs dont dépend le rapport des forces, mais en fin de compte les conséquences en seront supportées par les pays de la région. À mon avis, les actions des forces occidentales s’inscrivent dans la tactique visant à réunir les groupes djihadistes dispersés qui ont perdu leurs positions et les préparer à un nouveau conflit dans la région», a conclu Hamide Yigit.
Source: Sputnik