L’ex-ministre américain et journaliste de renom, Paul Craig Roberts, évoque dans un récent article, « les efforts de paix russes » en Syrie qui ont visé à dissuader les États-Unis de s’engager dans une confrontation généralisée.
L’analyste fait le constat suivant : la Russie a tout fait, mais elle n’a pas eu gain de cause. Vouloir insister dans ce sens, ce serait se condamner à l’échec.
« Dans l’intérêt de la paix, Poutine a évité de répondre aux provocations étasuniennes et israéliennes en Syrie. Il est allé jusqu’à inviter en Russie le criminel de guerre et génocidaire Netanyahu, pour assister aux commémorations de la victoire russe sur l’Allemagne dans la Seconde Guerre mondiale. Netanyahu a accepté, mais il a montré à Poutine qui est le patron. Juste avant son départ pour la Russie, il a ordonné des attaques militaires israéliennes illégales contre des positions de l’armée syrienne. Washington a récompensé les efforts de paix de Poutine de deux façons : en installant des troupes d’occupation étasuniennes et françaises dans la partie syrienne toujours tenue par les mercenaires, troupes qu’il a envoyées là pour renverser Assad, et en réapprovisionnant les terroristes dont il se sert contre le gouvernement d’Assad.
Avec la présence de troupes étasuniennes et françaises, Poutine a stoppé le nettoyage de toute la Syrie des envahisseurs étrangers. Si des Étasuniens ou des Français sont tués, Poutine sait que la diabolisation de la Russie atteindra de nouveaux sommets et que Washington utilisera cela pour canaliser le mécontentement de l’Europe contre lui. À cause de la mauvaise appréciation par le gouvernement russe des intentions étasuniennes et israéliennes, le sac de nœuds dans lequel s’est fourré Poutine permet la poursuite des attaques étasuniennes contre les positions militaires syriennes.
Avant cela, Poutine avait bloqué le plan d’invasion de la Syrie en s’arrangeant pour que toutes les armes chimiques syriennes soient remises à l’Occident pour être détruites. L’organisme officiel qui s’occupe des armes chimiques a certifié que la Syrie n’a plus d’armes chimiques. La récompense de Poutine a été que les fonctionnaires du régime étasunien, l’ensemble des médias étasuniens et les vassaux britannique et français de Washington accusent sans cesse Assad d’attaques chimiques, et même d’une attaque chimique qui n’a jamais eu lieu d’après la Douma (chambre basse du Parlement russe).
La Chine et la Russie, en travaillant à la réconciliation de la Corée du Nord et du Sud, ont obtenu l’accord de Pyongyang pour arrêter ses essais d’armes nucléaires. La paix entre les deux camps coréens se précisait, mais Trump a aussi saboté cet effort de paix.
Maintenant que Washington et Israël ont saboté la solution diplomatique, Poutine espère que cela isolera Washington de ses États vassaux européens et britanniques, au lieu d’isoler la Russie, la Syrie, l’Iran et la Corée du Nord du reste du monde. Beaucoup de signes montrent que les dirigeants européens en ont assez d’être traités en esclaves par Washington. Peut-être vont-ils se libérer du joug de Washington. Mais, à part la France sous De Gaulle, aucun pays européen n’a eu de politique étrangère ou économique indépendante en 75 ans. De plus, les dirigeants européens ont l’habitude de compter sur Washington pour assurer leurs confortables retraites, comme les 50 millions de dollars de Tony Blair, et les intérêts commerciaux des Européens seraient lésés si Trump leur fermait les marchés étasuniens. La réalité de la révolte européenne reste à voir.
La Russie court de grands risques en comptant sur la révolte de l’Europe, car le temps permet à Washington de récupérer ce qu’il a perdu en Syrie sur l’initiative de Poutine. En réalité, la Russie pourrait laisser passer la victoire en Syrie. Pendant que le gouvernement russe attend de voir si l’empire anglo-sioniste s’effondre, Washington réorganise les terroristes dont il s’est servi contre Kadhafi et Assad, pour préparer l’offensive contre la Russie et la Chine via les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale du Tadjikistan et de l’Ouzbékistan. »
Paul Craig Roberts
Source: PressTV