Le rapporteur de l’ONU pour l’extrême pauvreté a dénoncé jeudi la politique « méprisante » des Etats-Unis envers les pauvres qui « manque de compassion » et menace la démocratie.
Les gens pauvres voient leurs droits « de plus en plus ignorés », a déclaré à la presse Philip Alston, rapporteur de l’ONU pour l’extrême pauvreté et les droits de l’homme qui doit présenter vendredi son rapport devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, trois jours après le retrait des Etats-Unis de cet organisme.
Selon lui, un « manque total de compassion » caractérise la politique des Etats-Unis à l’égard des pauvres qui deviennent encore plus « invisibles dans le processus politique ».
Selon les dernières statistiques disponibles, datant de 2016, quelque 40 millions d’Américains vivent dans la pauvreté, 18,5 millions dans l’extrême pauvreté et plus de cinq millions dans des conditions du « tiers monde ».
Même s’il n’y a pas de données disponibles sur l’évolution de la situation depuis l’arrivée du pouvoir de Donald Trump, il semble que « les inégalités s’aggravent rapidement », a estimé M. Alston.
Il a notamment critiqué la réforme de la fiscalité et des baisses d’impôts considérées comme un cadeau aux riches et « les efforts de priver le plus grand nombre de gens d’Obamacare », système d’assurance maladie introduit par son prédécesseur.
Il a également dénoncé les manipulations avec les lois concernant le contrôle de l’identité des électeurs privant de vote des pauvres et les membres de minorités.
Alston a également critiqué les mesures de punition et d’emprisonnement de ceux qui ne peuvent pas payer leurs factures et amendes, ce qui réduit leur chance de trouver un emploi, de se loger et de retrouver la stabilité, les entraînant dans un cycle de pauvreté et de désespoir.
« Les incarcérations de masse rendent les problèmes sociaux temporairement invisibles et créent l’illusion que quelque chose est fait », a souligné M. Alston dans un rapport publié en juin après ses visites en décembre dans plusieurs Etats américains. « Il est difficile d’imaginer une stratégie plus autodestructrice », soulignait le rapport.
Cette politique encourage les « extrêmes inégalités » et menace non seulement l’efficacité économique mais aussi « le bien-être de la démocratie américaine », selon ce rapport.
Interrogé sur la politique de séparation des familles de clandestins sur la frontière américano-mexicaine, M. Alston a estimé qu’elle reflétait le même « mépris » envers les pauvres.
« Comme les pauvres, les migrants légaux et illégaux sont considérés de plus en plus souvent comme des ratés », a-t-il estimé.
Source: AFP