Après avoir trait les vaches à lait que sont les monarchies du golfe Persique au nom de la lutte contre l’influence iranienne, les Américains passent à une nouvelle phase. Leur projet du moment : « homogénéiser les missiles des monarchies arabes pour créer un bouclier antimissile contre l’Iran ». Pourvu que ce ne soit pas un système identique à la Fronde de David ou aux Patriot israéliens…
Dans sa récente note sur le plan de coopération multilatérale en matière de défense antimissile avec les émirats riverains du golfe Persique face à ce qu’il appelle les « menaces balistiques » de l’Iran, un chercheur de la Brookings Institution, think tank dominé par le lobby pro-Israël, conseille à Donald Trump de prendre au sérieux une coopération avec les monarchies arabes pour permettre la création d’un système antimissile homogène au Moyen-Orient.
Frank A. Rose, chercheur en sécurité et stratégie dans le cadre du programme de politique étrangère de la Brookings Institution, a publié un article qui appelle le président américain à revoir le plan de coopération avec les émirats du golfe Persique en matière de défense antimissile, et ce, pour faire face à la puissance balistique de l’Iran.
« Si le souci de Trump au sujet de la menace balistique iranienne est sérieux, le président américain devrait renforcer la coopération multilatérale en matière de défense antimissile avec les pays du golfe Persique », écrit-il.
Selon l’analyste, une telle coopération entre les États-Unis et les pays arabes limitrophes du golfe Persique permettrait de mieux intercepter les missiles iraniens et d’atténuer la menace balistique de l’Iran.
Mais le plan va au-delà de la simple perspective d’une confrontation avec l’Iran : les lobbyistes pro-Israël au sein de ce think tank évoquent un projet propre à permettre aux Américains « de dominer sans embarras l’espace aérien des pays riverains du golfe Persique » au point que ces monarchies se transformeraient en un « 51e État des États-Unis ». Il s’agit de créer un commandement intégré identique à celui de l’OTAN, qui a placé sous l’autorité US la quasi-totalité des espaces aériens des pays d’Europe de l’Ouest. Il semblerait que le nom de l’Iran soit encore une fois « instrumentalisé » à des fins beaucoup plus larges : un système de défense antimissile unifié permettrait aux Américains de mieux faire face à la Russie, qui semble définitivement installée au Moyen-Orient. Idem pour la Chine, dont les forces armées s’apprêtent à prendre pied en Syrie puis dans la région.
Depuis son entrée en vigueur en janvier 2017, le projet de renforcement de la coopération de la défense antimissile multilatérale avec les États membres du Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP) ne semble pas constituer une priorité pour l’administration Trump.
Lors du sommet US-CCGP, qui s’est tenu à Riyad le 21 mai 2017, les participants ont souhaité l’accélération de la mise en œuvre des décisions prises lors des sommets précédents dans ce domaine. Toutefois, rien ne semble avoir changé. Compte tenu de l’échec de l’administration Obama dans la création d’une alliance balistique incluant les États-Unis et les pays arabes du golfe Persique, le clan Trump semble toujours aussi réticent.
En marge du sommet, l’administration Trump s’est contentée de vendre des armes d’une valeur de 110 milliards de dollars à l’Arabie saoudite, qui comprenait également plusieurs systèmes de défense antimissile THAAD. En vérité, Trump n’a toujours pas osé mettre en application ce plan.
Mais un système antimissile unifié peut-il voir le jour ?
Selon l’analyste de la Brookings Institution, le conflit entre l’Arabie saoudite et le Qatar semble constituer un obstacle majeur au progrès. Les États-Unis tentent de réduire la distance entre le Qatar et l’Arabie saoudite au sein du CCGP, dans l’objectif de tenir finalement un sommet USA-CCGP à Washington en septembre, même s’il n’est pas certain qu’une telle médiation soit efficace. Si l’entremise des États-Unis entre Doha et Riyad ne donne rien et que les pays arabes ne parviennent pas à un accord politique global avec le Qatar dans le cadre du CCGP, les États-Unis devront, selon lui, poursuivre leur plan de coopération multilatérale dans le golfe Persique sans le Qatar.
La perspective d’un engagement militaire chinois au Moyen-Orient aux côtés de la Russie et, bien sûr, de l’Iran inciterait Trump à repenser ce projet.
Source: PressTV