Simultanément, le chef du front al-Nosra, branche d’al-Qaïda en Syrie, Abou Mohamad al-Joulani , et le conseiller du président américain John Bolton, s’attelaient ce mercredi 22 août pour empêcher la bataille de la libération de la province d’Idleb que le gouvernement syrien prépare depuis quelque temps.
Le premier, a lancé une mise en garde aux formations rebelles contre tout accord de « réconciliation » avec Damas comme ceux conclus dans d’autres bastions insurgés.
Il commande aussi la plus grande coalition de milices, Hayat Tahrir al-Cham , laquelle occupe près de 60% de la surface de cette province située au nord-ouest de la Syrie, limitrophe de la Turquie qui a elle aussi expédié ses forces et y a installé des postes d’observation. .
Les armes du jihaf, une ligne rouge
« Les armes de la révolution et du jihad constituent une ligne rouge (…), elles ne peuvent faire l’objet de marchandages et ne feront jamais l’objet de négociations », a lancé M. Joulani dans une vidéo publiée sur un des comptes du groupe sur Télégram, rapporte l’AFP.
« A partir du moment où l’on songe à soumettre ses armes aux négociations, on les perd de facto (…) Le fait d’envisager de capituler face à l’ennemi et de rendre ces armes est en soi un acte de trahison », a-t-il poursuivi.
Joulani a promis à cet égard qu’Idleb ne ferait pas l’objet d’un accord de « réconciliation » similaire à ceux conclus dans d’autres bastions rebelles reconquis par le pouvoir, et plus récemment dans les provinces de Deraa et de Quneitra dans le sud du pays.
Ces accords qui s’apparentent à une capitulation de facto consistent notamment à désarmer les rebelles et à déployer les forces gouvernementales dans les secteurs reconquis.
500 pro-dialogue arrêtés
Selon l’AFP, les deux camps ont interpellé dernièrement des dizaines de personnes soupçonnées de négociations avec des représentants de Damas en vue d’accords.
Selon le général russe Alexeï Tsygankov, directeur du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, le Front al-Nosra a multiplié les arrestations des partisans du dialogue politique avec Damas, des civils et certains commandants de l’opposition surtout.
« En moins de deux semaines plus de 500 personnes pro-dialogue avec Damas ont été arrêtés. Les détenus ont été transférés vers un lieu inconnu et l’on ignore le sort de la plupart d’entre eux », a-t-il dit.
Or, selon le chef du Nosra, « le régime et ses alliés ont essayé de suivre la même méthode de ‘réconciliation’ qui a entraîné la chute des régions du Sud (…) mais dans le Nord nous avons arrêté les principaux impliqués et mis en échec leur plan ».
Ne pas suivre la Turquie
« Les habitants d’Idleb ne doivent pas compter » sur la Turquie pour régler le sort de la région, estime en outre Mohammad al-Joulani, alors que Moscou, incite Ankara à mettre fin à la présence de Hayat Tahrir al-Cham, comme condition pour éviter une offensive majeure.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov a déclaré que les groupes d’opposition qui sont prêts à participer au règlement politique en Syrie devraient se distancer du Front al-Nosra puisque « Moscou et Ankara sont tombés d’accord pour que des groupes armés se séparent de ce groupe ». Si une telle chose se produit, « la victoire de l’armée syrienne sera aussi claire que l’eau de roche », a indiqué Lavrov.
Le Nosra est soutenu par les acteurs internationaux
La province d’Idleb, accueille également une multitude de factions rebelles, dont les principales sont regroupées au sein d’une coalition formée début août et baptisée « Front de Libération nationale », soutenu par Ankara.
L’un de ses responsables, Moustapha Sejari qui dirige le bureau politique de la brigade al-Mouetassim au sein de la coalition de milices Armée syrienne libre (ASL) avait révélé la semaine passée dans un Tweet que sa coalition était disposée à mettre un terme à la présence du front al-Nosra dans cette province, mais s’abstient de le faire parce qu’il est soutenu par des protagonistes internationaux.
Bolton aussi met en garde
Justement l’avertissement de numéro un du Nosra ce mercredi intervient en même temps que celui de John Bolton, conseiller à la sécurité nationale du président américain, qui a mis en garde le pouvoir syrien contre le recours aux armes chimiques dans cette province. Faute de quoi Washington réagira « très fortement ».
John Bolton a dit devant la presse à Jérusalem al-Quds occupee espérer que de précédentes frappes américaines contre le pouvoir syrien auraient un effet dissuasif. « Mais que les choses soient claires: si le régime syrien emploie des armes chimiques, nous réagirons très fortement, et ils feraient bien de réfléchir un bon moment avant une quelconque décision », a-t-il affirmé.
Depuis le début de la guerre contre la Syrie, l’accusation contre Damas de recours aux armes chimiques est constamment brandie comme menace, destinée à justifier une intervention militaire occidentale qui, à défaut, ne jouit d’aucune légitimité.
Source: Divers