L’Arabie saoudite n’a aucune intention d’imposer à ses clients occidentaux un embargo sur le pétrole comme celui de 1973 et continuera à dissocier le pétrole de la politique, a déclaré lundi le ministre saoudien de l’Énergie en pleine crise provoquée par la mort du journaliste Jamal Khashoggi.
» Nous n’en avons aucune intention « , a répondu Khaled al-Faleh à l’agence russe Tass qui lui demandait s’il existait un risque de nouveau choc pétrolier.
La version officielle avancée par Riyad d’une mort « accidentelle » de Jamal Khashoggi au cours d’une altercation dans le consulat saoudien à Istanbul n’a pas convaincu grand monde, à l’exception de Donald Trump qui s’est efforcé de désamorcer la crise en évoquant des explications « crédibles ».
Plusieurs responsables républicains au Congrès ont en revanche renouvelé leurs critiques contre l’Arabie saoudite et en particulier le prince héritier Mohammed ben Salman, dont plusieurs proches sont directement impliqués.
« Cet incident passera », a laconiquement répondu Khaled al-Faleh à Tass. « Mais l’Arabie saoudite est un pays extrêmement responsable. Nous avons utilisé depuis des décennies notre politique pétrolière comme un outil économique responsable séparé de la politique. »
Le ministre saoudien a néanmoins ajouté qu’il ne pouvait pas exclure que le prix du baril de brut remonte au-dessus de 100 dollars après l’entrée en vigueur des sanctions américaines visant le secteur pétrolier iranien. « Je ne peux pas vous le garantir, car je ne sais pas ce que vont faire les autres producteurs », a-t-il dit. « Il y a des sanctions contre l’Iran et personne ne sait ce que deviendront les exportations iraniennes. Il y a aussi des baisses de production potentielles dans différents pays comme la Libye, le Nigeria, le Mexique et le Venezuela », a détaillé Khaled al-Faleh. « Si la production baisse de trois millions de barils par jour, nous ne pourrons pas couvrir ce volume. Nous devrons donc taper dans nos réserves », a-t-il poursuivi.
Le ministre a précisé que l’Arabie saoudite augmenterait bientôt sa production à 11 millions de barils par jour (bpj), contre 10,7 millions actuellement. Il a ajouté que Riyad avait la capacité d’augmenter sa production à 12 millions de bpj et que les Émirats arabes unis, eux aussi membres de l’OPEP, pourraient augmenter la leur de 0,2 million de bpj. « Nous avons des capacités de production supplémentaire relativement limitées et nous en utilisons déjà une grande partie », a-t-il toutefois prévenu.
Il a ajouté que l’année prochaine, la production mondiale augmenterait avec l’aide du Brésil et des États-Unis.
Khaled al-Faleh a déclaré: « Mais si, avec l’imposition de sanctions intégrales à l’Iran, vous ferez face au déclin de la production d’un autre pays, nous perdrons alors toute notre capacité. »
Avec Le Figaro