Au moment où les interventions américaines et turques dans le nord syrien occupent le devant de la scène, celles de l’entité sioniste et de la Jordanie se font beaucoup plus discrètement. Mais beaucoup plus efficacement semble-t-il.
Le raid réalisé le dimanche 2 décembre contre une patrouille de Daesh dans le bassin du Yarmouk, causant la mort de trois de ses membres n’a rien d’un évènement séparé.
Il fait partie de toute une manœuvre destinée à ce que l’entité sioniste élargisse son champ d’occupation dans le Golan.
Selon le journal libanais al-Akhbar, le jeudi dernier, une unité de l’armée israélienne s’est introduite dans ce bassin à partir de trois axes, l’est, le nord et le nord-est. Ce qui lui a permis d’ouvrir un quatrième axe occidental, à travers lequel ses soldats ont investi la localité Kfar-Elma, non loin de la localité de Jamlat contrôlée par Daesh.
Une fois entrés dans ce village déserté par ses habitants, les militaires israéliens y ont effectué une opération de ratissage et bombardé un certain nombre de ses maisons et vieilles bâtisses. Ils ont également rasé une ancienne position des forces onusiennes de l’UNDOF et qui a été utilisée par Daesh comme prison.
Le village de Kfar-Elma qui se situe sur le versant occidental de la vallée ar-Rakkad (Wadir ar-Rakkad) , à quelques mètres de la ligne BRAVO, la ligne orientale de la zone démilitarisée entre le Golan occupé et libéré se trouve face à la localité de Jamlat où est installé le siège de Daesh sur le versant oriental de la vallée.
Il a été occupé par l’armée d’occupation israélienne jusqu’en 1973 mais Israël n’a cessé jusqu’en 2002 de réclamer qu’il soit rattaché à toute la zone démilitarisée. D’ailleurs, ses habitants n’ont jamais pu y accéder ou parvenir à leurs terres agricoles sans une permission israélienne qui leur est délivrée via les forces onusiennes.
Selon le journal libanais, l’entité sioniste semble vouloir exaucer ce vœu et opter pour la création d’une zone d’exclusion, où elle devrait y installer les groupes armés qu’elle commandite en collaboration avec la cellule MOQ, qui opère à partir de la Jordanie.
Dans cette aire, Daesh s’est taillé une région à lui seul, située dans le triangle des frontières entre la Syrie, la Jordanie et le Golan occupé, dans le bassin de Yarmouk. Il l’a confiée à l’une de ses milices, « brigades des martyrs de Yarmouk », avant que celle-ci ne fusionne avec une autre milice Mouvement Mouthanna dans le cadre de la coalition Jaïsh Khaled Ibn al-Walid, toujours fidèle à la milice wahhabite.
Le journal al-Akhbar a appris de sources diverses que les forces d’occupation avaient demandé à Daesh avant le raid d’évacuer la position de la force internationale dans le village Kfar-Elma. Mais celui-ci s’est contenté d’en sortir les prisonniers et d’y préserver les gardes. Par la suite, des tirs ont été signalés contre une patrouille israélienne, et dont l’origine est restée inconnue avant qu’Israël n’intervienne pour détruire ce poste et la patrouille de Daesh.
L’infiltration israélienne à Kfar-Elma n’est pas un fait séparé non plus. Elle s’inscrit dans le cadre d’une série d’infiltration dont la plus récente a eu lieu en direction de la localité al-Maghar, proche de celle de Aabidine, et où un petit camp a été installé ainsi qu’un point de surveillance depuis le mois de septembre dernier.
Auparavant, une autre infiltration de 400 mètres avait eu lieu en direction de la localité de Brikaa dans le secteur central de la province de Quneitra. Les forces d’occupation israélienne y ont érigé un point de surveillance.
L’infiltration en direction de Kfar-Elma semble aussi liée à la bataille lancée par la cellule MOQ de Jordanie dans la province occidental de Deraa, à laquelle participent côte-à-côte des officiers israéliens des miliciens de l’Armée syrienne libre pour en déloger Daesh.
Depuis une semaine, ces milices dont Jaïsh al-Islam (financée par l’Arabie saoudite) et Ahrar al-Sham (proche du front al-Nosra) imposent un siège asphyxiant au bassin du Yarmouk depuis le nord et l’est. Elles ont par la suite lancé l’assaut contre les positions de Daesh sur trois axes, nord, nord-est et est sans réaliser de progression, alors qu’Israël contribuait depuis l’ouest en même temps que l’artillerie de l’armée jordanienne
Selon al-Akhbar, les services de renseignements jordaniens avaient préparé cette attaque contre le bassin du Yarmouk depuis le mois d’octobre dernier et entrainé 356 miliciens dans l’une des bases aériennes de l’armée jordanienne avec la participation de formateurs étrangers .
la situation actuelle dans cette région se présente de la façon suivante, explique le journal : « Après cinq années de guerre, les milices armées soutenues par Israël et la Jordanie contrôlent la majeure partie de la frontière avec le Golan occupé, depuis la localité Beit-Jin au nord, jusqu’à la localité al-Rafid au sud de Quneitra , à l’exception du bassin de Yarmouk situé a l’extrême sud et la localité de Hadar dans le nord de Quneitra ».
Le but, selon le journal, étant manifestement d’installer une zone tampon qui s’étend tout au long de la frontière jusqu’à la localité de Nawa et Tal-Harat dans la province occidentale de Deraa.
En plus de l’aide qu’elle procure aux milices de la cellule MOQ, l’entité sioniste a investie dans cette zone d’exclusion une organisation humanitaire Amalya. Dirigée par l’homme d’affaires juif américain Moti Kahana , elle offre de l’aide aux habitants syriens à travers la frontière du Golan . Ses représentants sont déjà arrivés dans la localité d’Ankhel , indique son site officiel . Elle a également installé un hôpital mobile à Safad pour y soigner les blessés et mis des voitures à la disposition des Syriens qui veulent entrer dans les territoires occupés.