Le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale, a accusé mardi la France de soutenir le maréchal Khalifa Haftar qui a lancé le 4 avril une offensive militaire sur Tripoli.
« Nous sommes surpris que la France ne soutienne pas notre gouvernement qui est démocratique, mais soutienne un dictateur », a-t-il lancé dans une interview au quotidien français Libération, après avoir tenu des propos similaires la veille dans le quotidien Le Monde.
« Quand (le président français) Emmanuel Macron m’a appelé (le 8 avril, NDLR), je l’ai prévenu qu’à Tripoli l’opinion générale était contre la France.
Nous ne voulons pas que les Libyens haïssent la France, la France a encore un rôle positif et important à jouer en Libye », a-t-il ajouté.
Le ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha avait déjà publiquement accusé jeudi dernier les autorités françaises de soutenir « le criminel Haftar », des propos désormais relayés par le Premier ministre lui-même.
Le président américain a annoncé vendredi s’être entretenu avec Khalifa Haftar d’une « vision commune » pour la Libye et a salué son « rôle significatif dans la lutte contre le terrorisme et la sécurisation des ressources pétrolières de Libye ».
Les crimes de Haftar
Le maréchal Haftar, homme fort de la Cyrénaïque (est), et jouissant du soutien de l’Arabie saoudite, des EAU et de l’Égypte, mène depuis le 4 avril une offensive contre le gouvernement d’union nationale (GNA) dirigé par Fayez al-Sarraj.
Selon le site Arabi 21, avec des vidéos à l’appui, les forces loyales à Haftar exécutent leurs prisonniers. En effet, celles-ci se sont exprimées dans une vidéo sur la façon dont elles traitent leurs détenus. On y voit Hossein Chatibeh, un des commandants de l’armée du gouvernement d’union nationale (GNA), emprisonné dix jours auparavant par les troupes de Haftar. Une dizaine de jours après la diffusion de la vidéo, le corps de Chatibeh a été retrouvé parmi neuf autres cadavres dans un village au sud de la ville de Garyan près de Tripoli.
Les crimes des forces du maréchal Haftar ne se résument pas à des exécutions publiques. Elles vont jusqu’à filmer les cadavres, dont celui d’un adolescent auquel ils n’hésitent pas à donner des coups de pied, comme peuvent l’attester les images.
Selon un dernier bilan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), au moins 264 personnes, dont des civils, ont péri et 1.266 ont été blessées depuis le début de ces combats. Au moins 35.000 civils ont par ailleurs fui les combats, d’après l’adjointe à l’émissaire de l’ONU en Libye, Maria do Valle Ribeiro.
Sources: AFP + PressTV