Le département d’État américain envisage d’allouer 520 000 dollars pour former des journalistes biélorusses afin qu’ils couvrent les événements dans leur pays d’après les règles et les normes établies par les États-Unis. Fait intéressant: juste avant la révolte du Maïdan, les Américains avaient financé des projets similaires en Ukraine.
Le Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail du département d’État américain a lancé un concours auprès des organismes à but non lucratif d’un montant de 520 000 dollars. Les candidats doivent présenter avant le 16 janvier 2017 un projet de coopération avec les journalistes biélorusses indépendants qui permettra d’attirer plus de lecteurs à des médias alternatifs publiant en biélorusse et en russe. Précisons que le salaire moyen en Biélorussie en 2016 est de 300 dollars par mois.
« Le programme est censé élargir l’accès des citoyens à l’information impartiale sur les questions nationales et mondiales d’intérêt public, augmenter la capacité des médias locaux indépendants d’attirer plus de lecteurs », lit-t-on dans le texte expliquant les tâches des candidats.
D’après le projet, les organisations non-gouvernementales devront apprendre aux journalistes et aux éditeurs locaux à écrire des articles, à enquêter et à se servir de différents appareils « en conformité avec les normes internationales du journalisme ».
Le département d’État américain se déclare notamment prêt à « satisfaire les besoins des journalistes indépendants » afin de leur assurer des conditions de travail confortables.
La liberté d’expression dans le viseur: les meurtres de journalistes en Ukraine Les employés des médias participant au programme recevront une rémunération dont le montant sera négocié avec le service diplomatique américain.
Durant la formation, des journalistes seront également aidés par des avocats et des psychologues. Tout cela rien que pour « contribuer au développement professionnel des journalistes indépendants en Biélorussie », souligne le document. Une partie des fonds alloués sera toutefois destinée à alimenter le budget des médias biélorusses, qui devront, en revanche, interagir plus activement avec le public et couvrir « les sujets importants pour la société».
Le texte précise entre autres que toutes les activités menées par les ONG en coopération avec d’autres institutions, ainsi que le financement, les coûts et les plans de voyage seront approuvés directement par le département d’État américain. Finalement, le programme devrait aboutir à des réformes rapides et à long terme en Biélorussie.
Pourtant, la presse biélorusse n’est pas la seule à être dans le viseur des défendeurs des droits de l’homme et de la liberté de la presse (d’après les normes US, naturellement). Selon un portail gouvernemental qui publie les informations sur les demandeurs d’aide financière, en 2016, le gouvernement américain a alloué 5 millions de dollars pour soutenir les médias en Bosnie-Herzégovine, 6 millions de dollars pour un projet similaire au Sri Lanka et 700 000 dollars pour la coopération avec les journalistes au Bangladesh.
En septembre 2016, le département d’État a décidé d’investir 6 millions de dollars dans le développement des médias en Moldavie pour qu’ils deviennent « plus résistants à la pression politique et financière ».
En 2010, une subvention du même montant a été allouée au projet de trois ans « Renforcement des médias indépendants en Palestine » dont l’objectif est d’aider le gouvernement à se procurer le soutien des citoyens par le biais des médias. Il convient de noter que dans les années précédant la révolte du Maïdan, qui s’est déroulée à Kiev durant l’hiver 2014, le département d’État américain s’est mis à financer des projets similaires visant à améliorer la coopération avec les médias ukrainiens et les organisations de jeunesse.
D’après les médias, le National Endowment for Democracy ( Fondation nationale pour la démocratie), fondation privée à but non lucratif des États-Unis dont l’objectif déclaré est le renforcement et le progrès des institutions démocratiques à travers le monde, a versé environ 14 millions de dollars à des ONG ukrainiennes.
Depuis 2011, la Fondation a soutenu des manifestations anti-gouvernementales qui ont abouti à une véritable insurrection dans le centre de Kiev et ensuite à un changement complet de pouvoir en Ukraine, y compris la destitution de l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Certains experts internationaux sont enclins à penser que les mesures du département d’État américain visant à apporter des modifications dans le système des médias en Biélorussie ont pour but d’influencer l’élection présidentielle qui aura lieu dans le pays en 2020.
« Il y a deux ans, le fonds a parrainé les médias de l’opposition biélorusses ainsi que les organisations non-gouvernementales avant l’élection présidentielle, voilà pourquoi il sera probablement chargé de préparer le terrain pour les prochaines élections en 2020 », conclut dans une interview à RT Alexandre Afanaciev, un politologue-américaniste qui suppose que la subvention pourrait être allouée par le National Endowment for Democracy.
Source: Sputnik