Nouveaux maniements saoudiens et émiratis au Yémen : Riyad se met à édifier deux bases à Aden alors qu’Abu Dhabi s’efforce à l’heure actuelle de sauvegarder son hégémonie dans le sud de ce pays, après avoir retiré ses troupes de son nord et son ouest.
Selon le journal libanais al-Akhbar, une cargaison saoudienne formée d’une quarantaine de véhicules militaires et d’équipements techniques et mécaniques a été déployée dans la base de la région al-Arich à l’est d’Aden et celle de Salaheddine dans son ouest. D’autres cargaisons devraient y parvenir dans les jours prochains.
Du côté des Emiratis, ce sont surtout les zones littorales et du sud yéménite qui les intéressent. Dans les premières, ils veulent préserver leur présence sur les lignes de navigation maritime dans le Golfe d’Aden et le détroit de Bab al-Mandab en direction de la corne africaine. Dans le sud, ils s’emploient pour renforcer les groupes locaux qui leur sont loyaux en faisant augmenter entre autre leurs effectifs de 90 milles et 120 milles.
En même temps, indique al-Akhbar, les EAU veulent démanteler certaines milices locales qu’ils avaient utilisées dans les combats contre Ansarullah et les unités de l’armée yéménite qui lui sont fidèles. En l’occurrence les Brigades Al-Amalikat (les grands), dont les dirigeants sont d’obédience salafiste, c’est-à-dire wahhabite, et qui qui se sont mis n’en faire qu’à leur tête.
Alors que dans les apparences, les manœuvres saoudiennes et émiraties au Yémen semblent se compléter, mais il est question de divergences sur la voie à suivre dans ce pays entre ces deux alliés. Surtout depuis que les émiratis donnent des signes qu’ils penchent pour la solution politique. Sachant que les saoudiens veulent coûte que coûte poursuivre la guerre pour faire plier ce pays.
Même désaccord semble-t-il sur l’avenir de ce pays : alors que les dirigeants émiratis évoquent de plus en plus que le Yémen ne sera plus jamais unifié, lorgnant son sud, leurs homologues saoudiens insistent sur son unité car ils veulent avoir tout le Yémen sous leur coupe. Selon al-Akhbar, les responsables saoudiens semblent très mécontents des derniers comportements de leurs homologues émiratis du fait qu’ils ne peuvent plus leur imposer leur diktat.
Complémentarité et distribution des rôles ou divergences profondes , la question peut paraitre justifiée. En temps de guerre, la première s’impose en cas de victoire. Mais la seconde prend le dessus en cas de défaite. Et sur le terrain, ce sont Ansarullah et l’armée qui l’emportent.