Une semaine après le début du mouvement de contestation contre le pouvoir, le président libanais Michel Aoun, a appelé jeudi à une « remise en question de la situation actuelle du gouvernement » exhortant « les manifestants de garder leurs arénes ouvertes et pour faire pression sur les députés de voter sur les projets de loi anti-corruption » .
Le président Aoun a estimé que « la liberté d’expression est un droit respectable, mais la liberté de circulation est aussi le droit de tous les Libanais ».
A noter, qu’Amnesty International a dénoncé des « violations du droit de manifester pacifiquement » au Liban.
M. Aoun a ajouté : »Mes chers compatriotes, vous demandez un changement de régime, soit, et je sui l’un des premiers à vouloir le réformer, mais sachez qu’on ne peut changer un régime qu’à travers dans les institutions constitutionnelles, et cela prend du temps. C’est pourquoi, je suis prêt pour rencontrer les manifestants et entendre vos préoccupations, et pour ouvrir un dialogue constructif. Car le dialogue est le meilleur moyen de sauver le pays ».
Et d’ajouter : »Nous avons laissé ceux qui ont mené le pays à l’abîme sans aucune responsabilité ou poursuite en justice et je me suis engagé à lutter farouchement contre la corruption » soulignant que « toute personne ayant volé de l’argent sera tenue pour responsable et il est important que sa communauté ne le défende pas aveuglément ».
Et de poursuivre : »Notre grande ambition est de nous débarrasser de l’état d’esprit sectaire qui règne dans le pays et d’amener les personnes compétentes à la place qui leur revient ».
« Tous les corrompus doivent être tenus pour responsables devant la justice », a-t-il martelé.
Et de poursuivre : »Je représente le plafond de protection du pouvoir judiciaire. Si un parti intervient contre le pouvoir judiciaire, ou tente de s’interférer dans les affaires des juges, que ces derniers reviennent à moi ».
M.Aoun a noté que » la crise de confiance qui régne entre le peuple et son gouvernement a atteint un seuil que tout impôt proposé est devenue pour le citoyen synonyme d’outils de corruption. Elle est perdue et ne profite pas au citoyen ».
Il a rappelé qu’il a présenté « un projet de réforme qui constitue la première étape d’une réforme visant à préserver le Liban du spectre de l’effondrement économique ». Aussi, j’ai présenté en 2013 un projet de loi visant à créer un tribunal chargé de récupérer les fonds pillés ».
M. Aoun s’adressait aux Libanais alors que le mouvement de contestation contre le pouvoir, qui mobilise de manière inédite des dizaines de milliers de Libanais, est entré jeudi matin dans son huitième jour consécutif.
Le veille, le soulèvement qui mobilise depuis jeudi dernier des dizaines milliers de Libanais avait pris une nouvelle tournure avec l’intervention de l’armée libanaise qui a tenté sans succès de rouvrir les routes principales, au prix de face-à-face parfois tendus avec les manifestants.
Le Premier ministre Saad Hariri s’était dit « déterminé à obtenir l’ouverture des routes pour assurer la libre circulation des citoyens », soulignant « l’importance de sauvegarder la sécurité et la stabilité du pays ».
Loin de faiblir malgré l’annonce de réformes par le gouvernement Hariri, le mouvement semble parti pour durer avec une occupation toujours aussi forte de la rue. Banques, écoles et universités sont fermées jusqu’à nouvel ordre.
Plusieurs pistes d’une sortie de crise politiques sont imaginées, comme le remaniement gouvernemental pour « sortir » les ministres les plus conspués par la rue, la création d’un « comité de pilotage » composé d’experts respectés, voire des élections anticipées.
Source: AlManar