Les islamistes ont profité des libertés politiques des États-Unis pour recruter des jeunes pour la guerre en Afghanistan pendant les années 1980, selon Thomas Hegghammer, professeur de sciences politiques à l’université d’Oslo cité par le magazine The Atlantic.
Les États-Unis ont laissé les islamistes collecter des fonds et recruter des combattants sur leur territoire pendant plus de 10 ans, ce qui a notamment permis d’alimenter la guerre en Afghanistan et de créer Al-Qaïda*, a déclaré Thomas Hegghammer, chercheur au Norwegian Defence Research Establishment et professeur de sciences politiques à l’université d’Oslo, dans un article publié par The Atlantic.
«Pendant les années 1980, les islamistes radicaux ont exploité le territoire américain dans une mesure jamais reconnue jusqu’à ce jour. Pendant plus d’une décennie, l’Amérique a été parmi les terrains de recrutement de djihadistes les plus hospitaliers au monde», indique M.Hegghammer.
Prêcher le djihad sur le sol américain
La ville américaine d’Indianapolis a été en 1978 le lieu de la première rencontre entre Oussama ben Laden, à l’époque jeune étudiant saoudien, et Abdallah Azzam, une étoile montante des Frères musulmans* jordaniens, affirme le professeur qui est l’auteur d’un ouvrage consacré à la montée du djihad islamique.
En 1981, ces deux hommes ont fondé le Services Bureau à Peshawar, au Pakistan, pour recruter des djihadistes. M.Azzam s’est plusieurs fois rendu à New York, à Seattle, au Texas, en Californie et dans plusieurs autres États américains où il a ouvertement prêché le jihad dans de grandes salles, notamment lors d’une réunion de la Muslim Arab Youth Association (MAYA), selon The Atlantic.
En 1987, une ONG créée à Brooklyn, le al-Kifah Refugee Center, est devenue la branche américaine du Services Bureau. Ayant des filiales à Atlanta, Boston, Chicago et Tucson, elle a coordonné les voyages en Afghanistan et publié un bulletin d’information sur le jihad afghan qu’on pouvait entendre sur une ligne d’assistance téléphonique.
Les États-Unis ont été le seul pays en dehors du Pakistan où le Services Bureau a pu ouvrir une succursale, alors que l’Arabie saoudite, par exemple, ne l’a jamais permis et d’autres pays du Moyen-Orient ont même interdit l’entrée à M.Assam, d’après M.Hegghammer.
«Des centaines de musulmans américains ont alors rejoint le jihad afghan, et certains sont même devenus des figures de proue du mouvement djihadiste naissant» et membres d’Al-Qaïda, affirme l’expert.
Pourquoi les USA?
Selon M.Hegghammer, les États-Unis sont devenus un terrain de recrutement des islamistes parce que ce pays offrait «des libertés politiques sans précédent».
«Pendant ce temps, le gouvernement américain ne les considérait pas comme une menace pour la sécurité, car à cette époque, les islamistes sunnites n’avaient pratiquement jamais commis d’attentats en Occident», ajoute-t-il.
«Le havre djihadiste» aux États-Unis a duré près de 10 ans
Les autorités américaines ont commencé à surveiller de près les réseaux islamistes après plusieurs attaques au début des années 1990 et la découverte par le FBI des préparatifs d’une attaque potentiellement meurtrière à New York en 1993.
La surveillance s’est transformée en répression après les attentats du 11 septembre 2001. Aujourd’hui, les États-Unis sont l’un des pays «les plus hostiles au monde aux djihadistes transnationaux», conclut l’expert.
Source: Sputnik