Un engin piégé a explosé, samedi 4 avril, lors du passage d’une force militaire saoudienne, dans la ville d’Aden, au sud du Yémen.
Une source militaire yéménite, requérant l’anonymat et citée par AlQuds al-Arabi, a déclaré que « l’explosion a causé des dommages à l’un des véhicules militaires saoudiens, sans faire de victimes ».
Il a déclaré qu’il ne savait pas qui était derrière cette attaque. Aucune partie n’a revendiqué la responsabilité de cette opération.
Aden a fait objet, ces derniers temps, de plusieurs explosions et assassinats ayant visé des officiers et des militaires rivaux pro-émiratis ou pro-saoudiens.
Riyad cherche à sortir de l’impasse
Sur le terrain, les forces yéménites (armée + Ansarullah) poursuivent leur avancée sur le front de Maarib face aux mercenaires appuyés par l’Arabie saoudite.
Dans ce contexte, le journal russe Nizavisimaya Gazeta a écrit que « Riyad cherche à sortir de l’impasse » au Yémen.
En ce qui concerne la proposition de l’ambassadeur saoudien au Yémen, Mohammad al-Jaber, au gouvernement d’union nationale, à Sanaa, de se rendre à Riyad pour entamer un dialogue, le quotidien Russia Today citant Nizavisimaya Gazeta a écrit : « la chute sans précédent du prix du pétrole a joué, selon certains experts, un rôle essentiel dans la prise de décision de Riyad de se dire prêt à entamer le dialogue avec les Yéménites, mais cette raison n’est pas la seule voire ni la principale ».
« La situation militaire et politique qui a subi de nombreux changements ces derniers mois devrait être prise en compte », a déclaré à Nizavisimaya Gazeta Gregory Lusianev, chercheur en sciences politiques à l’école supérieure des sciences économiques.
« Les mercenaires de la coalition ont essuyé ces derniers mois de lourds revers dans les provinces d’al-Jawf et de Maarib », a précisé Lusianev avant d’ajouter : « la province Maarib est une importante zone économique et logistique. »
« Les principaux réseaux de transport et les puits de pétrole yéménites sont contrôlés par Ansarullah, et les forces yéménites ont réussi à couper les principaux canaux de soutiens logistiques et militaires de la coalition saoudienne », a-t-il affirmé.
« Vu l’actuelle situation sur le terrain, les efforts du gouvernement saoudien pour ramener le gouvernement des Émirats arabes unis dans la guerre contre les Houthis (Ansarullah) ont été vains. Les Émirats arabes unis se sont pratiquement retirés du conflit depuis 2019, blâmant l’Arabie saoudite pour l’opération. Dans de telles situations, une opération militaire au Yémen serait un goulot d’étranglement pour Riyad », a poursuivi Lusianev.
« Certains politiciens saoudiens sont convaincus qu’ils doivent maintenant admettre la vérité et que le moment est venu pour entamer le dialogue avec les Houthis au Yémen », a-t-il assuré.
«Le Yémen est beaucoup plus important pour l’Arabie saoudite que ses relations bilatérales avec Moscou. Riyad essaie de résoudre la crise yéménite sans la participation d’autres parties. Dans ce contexte, il doit également coopérer pour contrôler le marché du pétrole alors qu’il s’est enlisé dans des incidents douloureux et couteaux au Yémen », a souligné ce chercheur russe.
« Le gouvernement saoudien ne souhaite plus la poursuite de cette situation au Yémen et ne peut plus y rester indifférent », a-t-il confié.
« Dans le contexte de la crise du coronavirus, le secrétaire général de l’ONU a appelé il y a deux semaines à l’arrêt des affrontements. Par la suite, le gouvernement yéménite démissionnaire pro-saoudien, le gouvernement du salut national à Sanaa et la coalition saoudienne ont chacun annoncé leur volonté de déposer les armes.
Selon les observateurs, accepter un cessez-le-feu pour l’Arabie saoudite est un choix entre le pire et le moindre pire.
Sources: AlQuds al-Arabi + PressTV