De plus en plus, le Premier ministre irakien Mustafa al-Kazemi suscite des doutes sur la politique qu’il va suivre dans son pays, surtout que les Américains s’efforcent d’affaiblir la coalition du Hachd al-Chaabi, qui comprend dans ses rangs toutes les factions qui ont combattu Daech. Depuis l’assassinat dans un raid américain de leur numéro deux, Abou Mahdi al-Mohandes, au côté du chef de l’unité al-Qods des Gardiens de la révolution iranienne, le général Qassem Soleimani, ils réclament le retrait des forces américaines de leur pays.
M. Kazemi voudrait changer le chef du Hachd, Faleh al-Fayyad, a assuré Ali al-Ghanemi, un député de la Coalition de Droit, de l’ex-Premier ministre Nouri al-Maliki.
« Il voudrait choisir une personnalité appartenant à l’armée pour ce poste, dans le but de contrôler le Hachd et de le soumettre au pouvoir du commandement général de l’armée. Alors que le Hachd insiste pour que son chef fasse partie de ses rangs », a expliqué M. Ghanem.
Sachant que l’influence de Washington sur l’armée irakienne est décisive depuis que les Américains se sont chargés de s’accaparer la formation et l’entrainement de l’armée irakienne, après avoir entièrement dissous celle de Saddam Hussein, lors de l’invasion de l’Irak, les observateurs se demandent si M. Kazemi ne cherche pas à mettre en exécution l’agenda américain.
Un rapport de la Commission de la Sécurité et de la Défense du Parlement irakien est allé aussi dans le même sens que les propos du député Ghanem.
Il a rendu compte d’un message envoyé par Kazemi aux chefs des différentes coalitions chiites, accusant certaines factions du Hachd de copier l’exemple du Hezbollah libanais, de sorte que « l’Etat ait une armée et le Hachd la sienne, liée toutes les deux par une certaine coordination ».
La semaine passée, les doutes sur la politique de Kazemi ont été alimentés par l’arrestation, lors d’un coup de filet effectué par l’Unité antiterrorisme, d’une quinzaine de combattants des Kataeb Hezbollah d’Irak, une composante du Hachd. L’assaut contre le siège avait été effectué avec la participation de soldats américains venus à bord de leurs blindés.
La majeure partie des combattants ont été libérés quelques heures plus tard, suite à une mobilisation importante des éléments du Hachd dans la capitale irakienne, notamment dans la zone verte. Mais certains d’entre eux sont encore capturés.
M.Kazemi ne serait plus considéré comme un partenaire stratégique des Etats-Unis s’il libérait les combattants des Kataeb Hezbollah, a assuré Michael Pregent, un expert sécuritaire américain lors d’une interview avec la chaine de télévision américaine arabophone al-Hurra.
Travaillant pour le compte du centre d’études américain Hudson (Hudson Institute) , sa position reflète celle de l’administration américaine, estiment des observateurs.
Pregent a aussi confirmé l’implication des Etats-Unis dans le coup de filet contre le siège de Kataeb Hezbollah, comme l’avaient souligné de nombreux médias et sources irakiens.
La décision que prendra Kazemi sur le sort de ces combattants arrêtés illustrera s’il veille à préserver la souveraineté de l’Irak, ou s’il lui préfère le partenariat stratégique avec les Etats-Unis. Il semble qu’il veuille opter sur le second choix.
Source: Divers