Le philosophe français sioniste Bernard-Henry Lévy n’est plus le bienvenu en Libye. Il est expulsé d’une ville conquise récemment par le GNA qui assure ne pas l’y avoir invité, ni lui avoir délivré de visas.
Il est vrai qu’il y eut des moments où tout le monde s’arrachait une photo avec BHL, vu qu’il a joué un rôle primordial en 2011 pour persuader l’ancien président français Nicolas Sarkozy de lancer la guerre atlantiste pour renverser le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Depuis, BHL a perdu de son aura et est devenu persona non grata pour de nombreux Libyens. Ces derniers soupçonnent les réelles motivations de son activisme en faveur de l’intervention internationale, menée par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
Divisé en deux, le pays est depuis en guerre entre d’une part, le gouvernement d’union nationale (GNA), soutenu par l’Onu et la Turquie et contrôlant son Ouest dont la capitale Tripoli et de l’autre le maréchal Khalifa Haftar, soutenu par les Emirats arabes unis, l’Egypte et contrôlant son Est. Et le GNA insiste pour accuser la France de soutenir Haftar, malgré les démentis de Paris.
C’est d’ailleurs pour cette raison là que, le samedi 25 juillet, il aurait été chassé de Tarhouna, ville située à 65 km au sud-est de Tripoli, et qui a été le dernier fief des pro-Haftar dans l’Ouest avant de tomber entre les mains du GNA, avec l’aide turque.
Selon l’AFP, les groupes pro-GNA ont affirmé avoir empêché le convoi de BHL d’entrer à Tarhouna. Les images vidéos postées sur la Toile montrent des hommes armés attaquant son convoi, tirant en l’air pour le pousser à faire marche arrière.
Alors que lui nie les faits et avance sur son compte Twitter qu’il se trouve à Tarhouna, en publiant une photo de lui, entouré d’une dizaine d’hommes armés en uniforme et encagoulés. Elle semble avoir été prise sur un terrain abandonné, sans paysage citadin. Plusieurs médias libyens assurent qu’il a fui vers la ville al-Khams.
En publiant cette photo, BHL voulait montrer aussi que sa visite qui a suscité la controverse au sein du GNA est couverte par ce dernier. Il était arrivé à Misrata, à 200 km à l’ouest de Tripoli, à bord d’un jet privé, avant de se diriger le jour même à Tarhouna .
Intervenant brièvement ce dimanche 26 juillet sur la chaîne libyenne pro-GNA « Libya Al-Ahrar », BHL a argué être venu « en tant que journaliste » pour un reportage pour le quotidien américain Wall Street Journal, pour enquêter sur des charniers découverts dans la ville, après le départ des troupes du maréchal Khalifa Haftar. « A Tarhouna, j’ai vu des choses qui brisent le coeur . il y a une vaste région à Tarhouna où il y a de nombreuses victimes civiles et des enfants. Certains d’entre eux avaient les mains menottées et ils ont été enterrés dans des charniers . Je suis venu pour documenter ceci », a-t-il argué rapporte le site d’informations alSaaa24 (L’heure24). Là-dessus, il ne rapporte aucune photo.
Selon l’AFP, l’opposition à sa visite par une grande partie de l’opinion publique dans l’Ouest libyen est motivée par les accusations du GNA contre la France soupçonnée d’avoir appuyé l’offensive de Haftar contre Tripoli, ce dont Paris se défend.
D’après al-Quds al-Arabi, elle l’est aussi pour ses positions pro Israël. D’origine juive, BHL défend corps et âme l’entité sioniste en France et ailleurs. Il est surtout soupçonné par les milieux anti-israéliens du Maghreb d’œuvrer pour attiser les tensions inter ethniques dans ce pays et comme ailleurs en Afrique du nord. En l’occurrence entre Arabes et Amazighs.
Alors qu’il devait être reçu dimanche par Fathi Bashagha, ministre de l’Intérieur du GNA, le bureau de Fayez al-Sarraj, chef du GNA, semble embarrassé et a démenti « tout lien » avec sa visite. Il a annoncé dans un communiqué avoir ouvert une « enquête » sur les circonstances de la visite, promettant des « mesures dissuasives » contre toutes les personnes impliquées dans l’organisation de la visite.
Source: Divers