La violente explosion de nitrate d’ammonium à Beyrouth n’est pas la première à faire de nombreux morts et provoquer des dégâts importants. Sputnik rappelle quelques-unes des explosions dévastatrices de cet engrais potentiellement dangereux survenues en un siècle.
En 100 ans, le nitrate d’ammonium a été à l’origine de nombreuses explosions meurtrières dans le monde dont celle qui vient de se produire dans le port de Beyrouth, au Liban. En voilà quelques tristes exemples.
Port de Beyrouth
Le 4 août, une explosion s’est produite dans le port de la capitale libanaise suite à une détonation, emportant les vies d’au moins 113 personnes et faisant au moins 4.000 blessés, selon un dernier bilan.
Le Liban a décrété un deuil national suite à cette tragédie.
La déflagration a détruit ou endommagé la moitié des bâtiments de Beyrouth. Selon les premiers résultats de l’enquête, elle a été provoquée par la détonation de 2.700 tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans un dépôt du port depuis six ans.
Dépôt à Tianjin
Une série d’explosions géantes sont survenues le 12 août 2015 dans la ville portuaire chinoise de Tianjin, dans le nord du pays. Elles ont fait 173 morts, 797 blessés et huit personnes ont été portées disparues.
Les déflagrations se sont produites dans un entrepôt de la société Ruihai Logistics contenant plus de 2.400 tonnes de produits chimiques inflammables, dont 800 tonnes de nitrate d’ammonium, selon les médias chinois.
Selon l’agence de presse Chine nouvelle, l’onde de choc a été ressentie à plusieurs kilomètres à la ronde. Les explosions ont détruit plus de 300 bâtiments, près de 12.500 véhicules et plus de 7.500 conteneurs. Les incendies provoqués par la catastrophe ne furent maîtrisés qu’après plusieurs jours. Le montant du préjudice a atteint 6,87 milliards de yuans (1,1 milliard de dollars).
Selon l’enquête, les déflagrations ont été causées par la détonation de substances chimiques dangereuses qui avaient été stockées de manière inappropriée ou illégale. Un incendie s’est déclaré à la suite de la combustion spontanée de nitrocellulose, après quoi les flammes se sont propagées à d’autres produits chimiques, y compris du nitrate d’ammonium.
Usine d’engrais de Texas City
Le 17 avril 2013, un incendie s’est déclaré à l’usine d’engrais minéraux américaine West Fertilizer à West, au Texas. Près de 60 tonnes de nitrate d’ammonium ont explosé alors que les pompiers arrivés sur les lieux étaient en train de lutter contre les flammes.
L’onde de choc a endommagé ou détruit plus de 150 bâtiments, dont une école, un établissement d’hébergement pour personnes âgées et un immeuble de plusieurs étages. L’accident a fait 15 morts, principalement des pompiers et des médecins, et quelque 160 blessés.
D’après les compagnies d’assurance, les dommages causés par l’explosion ont dépassé 230 millions de dollars. Le 11 mai 2016, un porte-parole du Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et explosifs (ATF) a déclaré aux journalistes qu’il s’agissait d’un incendie criminel.
Wagons de nitrate d’ammonium en Corée du Nord
Le 22 avril 2004, un câble électrique d’une tension de 2.600 volts s’est rompu à une gare de Ryongchon, en Corée du Nord. Le câble est tombé sur un wagon chargé de nitrate d’ammonium, provoquant un incendie et une explosion, à la suite desquels quatre wagons voisins de salpêtre et d’essence ont explosé.
La deuxième explosion, plus puissante, a entraîné la mort de 161 personnes, dont 76 enfants, plus de 1.300 personnes ont été blessées. La partie de la ville adjacente à la gare a été en grande partie détruite.
Un camion de nitrate d’ammonium en Roumanie
Le 24 mai 2004, 18 personnes ont été tuées et 13 blessées dans la ville roumaine de Mihailesti, à 70 kilomètres de Bucarest, à la suite de l’explosion d’un camion contenant du nitrate d’ammonium, selon Realitatea.net.
Un cratère de 6,5 mètres de profondeur s’est formé après l’explosion et une vingtaine de bâtiments résidentiels ont été endommagés. Selon les médias, le préjudice causé par cet accident a atteint 70.000 euros.
Explosion à l’usine AZF à Toulouse
Le 21 septembre 2001, à 10h17, un hangar où 300 tonnes de nitrate d’ammonium étaient empilées en vrac, a explosé dans l’enceinte de l’usine chimique Azote Fertilisants (AZF) de la société Grande Paroisse, dans la banlieue sud de Toulouse. L’explosion a provoqué des secousses d’une puissance comparable à un tremblement de terre de magnitude 3,4.
Selon diverses sources, de 29 à 31 personnes sont décédées, dont 21 ou 22 à l’usine AZF, et plus de 10.000 personnes ont été blessées dont 2.500 grièvement.
Un cratère d’environ cinq mètres de profondeur et jusqu’à 50 mètres de diamètre s’est formé sur le lieu de l’explosion. Tous les bâtiments ont été détruits dans un rayon de 700 mètres de l’épicentre. Des structures dans l’usine et des entreprises voisines, ainsi que près de 27.000 bâtiments résidentiels ont été endommagées.
Le nombre total de personnes touchées par l’explosion et privées de leurs logements a dépassé 85.000. Le montant du préjudice a été estimé à 1,5 milliard d’euros. Huit ans plus tard, les enquêteurs ont conclu que la catastrophe avait été provoquée par un stockage inapproprié de produits chimiques.
Explosion d’un bateau à Brest
Le 28 juillet 1947, le cargo norvégien Ocean Liberty a explosé dans le port français de Brest.
Le bateau était chargé d’environ 3.300 tonnes de nitrate d’ammonium, en plus de la paraffine, de l’essence et de pièces mécaniques.
Selon les médias, l’explosion a tué 26 personnes, en a blessé des centaines d’autres et endommagé entre 4.000 et 5.000 bâtiments.
Quand un bateau détruit une ville: explosion à Texas City
En 1947, les habitants de Texas City avaient été témoins d’une autre explosion causée par la détonation de nitrate d’ammonium. À la différence de la récente explosion à Beyrouth, il n’y en avait pas 2.700 tonnes, mais «seulement» 2.300 tonnes, d’après le New York Times.
Cette catastrophe, considérée comme ayant le plus lourd bilan humain, est survenue le 16 avril 1947 suite à un incendie à bord du bateau français Grandcamp. Elle a provoqué des incendies et explosions à bord d’autres navires et dans des dépôts de pétrole voisins. L’ancre du Grandcamp, pesant près de deux tonnes, a été retrouvée à 2,6 kilomètres du lieu de l’explosion.
La déflagration a tué au moins 581 personnes, dont tous les pompiers de Texas City sauf un, et en a blessé plus de 5.000. Le nombre de morts a ensuite augmenté en raison d’un grave incendie dans la ville et des explosions ultérieures de navires qui avaient une cargaison similaire à bord.
Au total, à la suite de cette tragédie, plus de 1.500 personnes sont mortes et plusieurs centaines d’autres ont été portées disparues. Le port et une grande partie de Texas City ont été complètement détruits, de nombreux commerces ont été rasés ou détruits par les flammes.
Usine chimique en Allemagne
Le 21 septembre 1921, une explosion de 12.000 tonnes d’un mélange de sulfate et de nitrate d’ammonium, soit plus puissante que celle de Beyrouth, s’est produite à l’usine chimique BASF, située à proximité d’Oppau, dans la région du Palatinat, qui à l’époque faisait partie de la Bavière (à présent, cette ville fait partie de Ludwigshafen-sur-le-Rhin, en Rhénanie-Palatinat).
Entendue jusqu’à Munich, à quelque 300 kilomètres de l’usine, l’explosion a laissé un cratère de 90 mètres de large, 125 mètres de long et 20 mètres de profondeur. Son énergie a été estimée à quatre ou cinq kilotonnes d’équivalent TNT. Un fort incendie, qui s’est déclaré après la déflagration, n’a été éteint que quelques jours plus tard.
Selon le ministère français de la Transition écologique et solidaire, 561 personnes ont été victimes de la catastrophe, 1.952 ont été blessées. Un grand nombre de blessés ont été atteints aux yeux.
À Oppau, 800 des 1.000 bâtiments ont été détruits et 7.500 personnes se sont retrouvées sans abri. D’importants dégâts ont également été relevés à Ludwigshafen et Mannheim. Les trains qui se trouvaient dans les gares voisines ont été projetés hors des voies. Les vitres ont été soufflées dans tous les bâtiments dans un rayon de 70 kilomètres, y compris à Ludwigshafen et Mannheim. Les dommages matériels ont été évalués à 321 millions de marks, soit 1,7 milliard de dollars, selon un article du New York Times daté du 29 janvier 1922.
Source: Sputnik