Le Hezbollah a réagi, ce vendredi 11 décembre, à l’inculpation prononcée la veille par le juge Fadi Sawan contre le Premier ministre libanais démissionnaire Hassane Diab et trois anciens ministres dans l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth, qualifiant celle-ci de « ciblage politique ».
« Nous réaffirmons notre soutien total à l’enquête judiciaire impartiale et transparente sur l’explosion effroyable au port pour dévoiler tous les responsables du drame quels qu’ils soient, et de les juger en leur infligeant les peines les plus sévères afin que justice soit faite », a souligné le Hezbollah dans un communiqué publié ce matin.
Et de rappeler : « le peuple libanais a le droit de connaître la vérité sur ce crime, en commençant par l’arrivée du navire transportant les matières explosives au port, puis par l’identité du propriétaire de cette marchandise et la destination finale de la cargaison, ainsi que les raisons de son stockage au port durant des années, pour enfin aboutir aux raisons de l’explosion et connaître l’identité des responsables directs ou indirects de ce crime dangereux »
Le Hezbollah a également insisté sur « la nécessité de ne pas noyer l’enquête dans les méandres des procédures administratives et des complications routinières, ainsi que les litiges juridiques qui feraient disparaître les indices et la vérité, laissant place aux soupçons infondés et aux accusations sans preuves, de sorte que l’enquête se perde dans la jungle politique, le jeu de la rue et le tapage médiatique et ce, au détriment de la vérité et de la justice pour le sang des martyrs ».
Il a enfin appelé à ce que « les mesures prises par le juge d’instruction soient tenues à l’écart de la politique et conformes à la Constitution de sorte à ne pas pouvoir faire l’objet d’interprétation ».
« L’accusation doit se faire sur des bases logiques et légales, mais cela n’a pas été le cas dernièrement. C’est pourquoi nous refusons catégoriquement l’absence de critères unifiés qui a abouti à ce que nous considérons être un ciblage politique qui a touché certaines personnalités tout en épargnant d’autres (…). Cela va malheureusement retarder l’enquête et le procès au lieu de parvenir à une décision judiciaire définitive et juste », a prévenu le parti de la résistance libanaise.
« Nous appelons le juge d’instruction à réexaminer son approche du dossier et à prendre les mesures qui garantissent la vérité sur base de critères unifiés, loin de toute politisation, afin d’assurer le peuple libanais. Le crime du port n’est pas une faute ordinaire, mais plutôt une question importante concernant toute la patrie ».
Le procureur général près la Cour de justice, Fady Sawan, en charge de l’enquête sur la double explosion dévastatrice du 4 août au port de Beyrouth, a inculpé jeudi le Premier ministre démissionnaire Hassane Diab et trois anciens ministres pour négligence.
Ciblage du poste de Premier ministre
Dans un bref communiqué, Hassane Diab s’est dit jeudi « étonné » de cette inculpation qui, « au-delà de la personne, vise un poste » (de Premier ministre).
M.Diab a informé le juge d’instruction Fadi Sawan de sa réponse à la demande d’audition, déclarant qu’il respectait l’état de droit et se conformait à la constitution, ajoutant que Sawan a violé la Constitution et contourné le Parlement, et que le Premier ministre Diab a fourni toutes les informations dont il disposait concernant ce dossier, point final.
Il a également affirmé avoir « la conscience tranquille » concernant la façon dont il a traité « de manière transparente et responsable » le dossier de la double explosion au port.
« Je sûr d’avoir les mains propres et d’avoir géré le dossier de l’explosion du port de Beyrouth de manière responsable et transparente. Ce ciblage surprenant va au-delà de la personne et attaque le poste en tant que tel, et Hassan Diab n’autorisera aucune partie de s’attaquer au poste de Premier ministre ».
Le 4 août, une déflagration au port de Beyrouth, déclenchée par un incendie dans un entrepôt abritant depuis des années plusieurs tonnes de nitrate d’ammonium stockées sans précaution a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés. Elle a détruit le port et de nombreux quartiers de Beyrouth. M. Diab a démissionné quelques jours après le drame, mais il continue aujourd’hui de gérer les affaires courantes en attendant la formation d’un nouveau gouvernement.
Sources : AlManar + OLJ + ANI