La Russie a mis en lumière des connexions entre Washington et Daech dans le nord de l’Afghanistan. Profitant du chaos, le groupe terroriste y est en pleine renaissance, alors que le retrait militaire américain doit s’achever en septembre.
Un faisceau d’indices permet aujourd’hui d’affirmer que Washington a coopéré avec des combattants de Daech dans le nord de l’Afghanistan, a déclaré le jeudi 22 juillet la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
«Nous avions beaucoup de questions sur les vols d’hélicoptères banalisés, enregistrés depuis 2017 dans les zones d’activité de Daech, surtout dans le nord de l’Afghanistan. Selon des sources afghanes, les troupes de Daech ont reçu par ce biais des renforts, des armes et des munitions. Des terroristes morts et blessés ont aussi été retirés des champs de bataille», a indiqué la responsable.
Des informations sur les livraisons d’armes et de renforts au groupe terroriste, via un espace aérien pourtant quadrillé par l’Otan et les Américains, ont été publiées plusieurs fois, elles doivent attirer l’attention des structures internationales, selon elle.
La porte-parole a en outre souligné que l’US Air Force avait effectué des «frappes ponctuelles» sur les positions des talibans combattant contre Daech. De telles manœuvres «indiquent clairement des interactions», a affirmé Maria Zakharova.
La résurgence de Daech
De nouveau à l’œuvre en Syrie deux ans après sa déroute, Daech s’est également réorganisé en Afghanistan. Ce 20 juillet, le groupe terroriste a ainsi revendiqué l’attaque à la roquette du palais présidentiel, en pleine prière de l’Aïd.
Daech profite du chaos régnant dans le pays, entre retrait américain, avancée fulgurante des talibans et sauve-qui-peut migratoire. Mais l’Afghanistan ne pourrait être qu’une étape sur le chemin de la reconstruction pour l’organisation terroriste, qui lorgne désormais vers l’Iran et l’Asie centrale, comme l’explique à Sputnik Georges Lefeuvre, ancien diplomate et chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
«S’ils reprenaient du poil de la bête, leur objectif ne serait pas simplement l’Afghanistan, mais la conquête du Khorassan. Une stratégie régionale qui menace l’Iran, les Républiques d’Asie centrale et la Chine», déclare ainsi le spécialiste de la région.
Face à ces multiples renaissances, les dirigeants de la coalition internationale, à l’œuvre en Irak et Syrie, ont tenté de répondre. Réunis à Rome, ils ont appelé à rester mobiliser pour «créer les conditions d’une défaite durable» de l’organisation terroriste.
Une mobilisation contre Daech que certains voient comme une simple «vitrine», à l’instar de Bassam Tahhan, ancien professeur à l’École de guerre. Celui-ci rappelle à Sputnik que certains pays occidentaux, notamment les États-Unis, font «tout le contraire de ce qu’ils devraient faire pour vaincre définitivement les terroristes», s’opposant par exemple aux milices iraniennes en Syrie, qui ont elles pourtant participé à la défaite de Daech.
Durant la guerre civile syrienne, les renseignements américains et saoudiens avaient également mis sur pied l’opération controversée Timber Sycamore, censée fournir des armes et de l’argent aux rebelles dits «modérés». Un matériel finalement tombé en partie entre les mains de groupes terroristes.
Source: Sputnik