Les évêques de la Terre sainte ont dénoncé, le lundi 16 mai, «l’invasion de la police» d’occupation israélienne lors des funérailles à Al-Qods occupée de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, l’accusant d’avoir «manqué de respect» à l’Eglise.
le Vendredi 13 mai, des milliers de Palestiniens avaient participé aux obsèques de la journaliste de la chaine de télévision qatrie al-Jazeera, tuée mercredi par une balle israélienne dans la tête alors qu’elle couvrait un assaut des soldats de l’occupation contre le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée.
A la sortie du cercueil de la journaliste l’hôpital Saint-Joseph à l’Est d’al-Qods occupée, la police d’occupation a pénétré dans l’enceinte de l’établissement et a chargé une foule brandissant des drapeaux palestiniens, frappant avec des matraques des Palestiniens et des porteurs du cercueil qui a failli tomber par terre, selon des images qui ont fait le tour des réseaux sociaux.
Lundi 16 mai, lors d’une conférence de presse à l’hôpital Saint-Joseph, l’administrateur apostolique du patriarcat latin d’al-Qods, Pierbattista Pizzaballa, a dénoncé « l’invasion de la police israélienne et son usage disproportionné de la force ». La police d’occupation « a attaqué la foule, frappant les gens à coups de matraque, lançant des grenades lacrymogènes et tirant des balles en caoutchouc », a-t-il regretté.
Les forces d’occupation israéliennes ont « manqué de respect à l’Eglise, à l’établissement de santé et à la mémoire des morts », a-t-il ajouté.
L’hôpital appartient à la congrégation française des Sœurs de Saint-Joseph-de-l’Apparition présente sur cette terre depuis près de 200 ans.
La police a annoncé l’ouverture d’une enquête, prétendant que la foule a empêché le transport du cercueil dans un corbillard, « tel qu’il a été convenu avec la famille ».
Mais la famille de Shireen Abu Akleh, qui détenait également la nationalité américaine, ont rejeté cette version des faits.
Son frère, Antoun Abu Akleh, a affirmé à la même conférence de presse à l’hôpital, que la police l’avait interpellé la veille des funérailles pour lui signifier qu’elle s’opposerait à tout « chant (nationaliste) ou drapeau palestiniens » lors du cortège.
Quand la famille est arrivée à l’hôpital vendredi, la police semblait prête à charger, a-t-il expliqué, soulignant que « des routes avaient été bloquées et (des agents antiémeutes) déployés ».
Lina Abu Akleh, une nièce de la journaliste, a affirmé qu’un policier avait « menacé » de la « frapper » et qu’elle avait dû se cacher à l’intérieur de l’hôpital quand les forces d’occupation israéliennes ont commencé à lancer des grenades lacrymogènes.
Père Luc Pareydt, conseiller pour les affaires religieuses au consulat général de France à Jérusalem, a affirmé à l’AFP avoir été saisi à quel point le cortège était « calme et solennel » avant l’attaque de la police d’occupation.
Une réaction «complètement injustifiée»
Le directeur de l’hôpital Saint-Joseph, Jamil Koussa a déclaré à l’AFP qu’il avait plaidé vendredi auprès de la police pour laisser le cortège « se dérouler pacifiquement ».
La police a alors prévenu que si les personnes en deuil entonnaient des « chants » nationaux palestiniens ou brandissaient des drapeaux, le cortège serait bloqué, a-t-il dit.
Un médecin a été blessé d’une balle en caoutchouc lors de la charge de la police, selon lui.
La réaction israélienne était « complètement injustifiée ». La foule a pu ensuite accompagner le cercueil vers une église de la Vieille Ville où une messe a été célébrée, puis au cimetière.
Le meurtre de la journaliste de 51 ans a été condamné à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU qui a réclamé « une enquête transparente et impartiale».