Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a demandé vendredi à la Russie de ne pas couper du réseau ukrainien la centrale nucléaire de Zaporojié (Zaporijie) au moment où Kiev accuse les Russes de bombarder ce site qu’ils contrôlent depuis mars dernier.
« Bien évidemment, l’électricité de Zaporojié est une électricité ukrainienne (…) ce principe doit être pleinement respecté », a déclaré M. Guterres lors d’une conférence de presse en marge d’une visite dans le port d’Odessa.
L’opérateur des centrales ukrainiennes Energoatom a dit craindre vendredi que la Russie ne coupe la centrale nucléaire de Zaporojié, la plus grande d’Europe du réseau électrique ukrainien. « Il y a des informations selon lesquelles les occupants russes prévoient d’arrêter le fonctionnement des réacteurs et de les couper des lignes d’approvisionnement du système d’énergie ukrainien », a indiqué Energoatom sur Telegram.
Selon l’opérateur ukrainien, rapporte l’AFP, les militaires russes sont en train de chercher des approvisionnements pour des générateurs au diesel qui seraient activés après l’arrêt des réacteurs et ont limité l’accès du personnel au site.
Moscou et Kiev se sont accusés mutuellement ces dernières semaines de bombardements qui ont ciblé cette centrale nucléaire située dans le sud de l’Ukraine, faisant resurgir le spectre d’une catastrophe majeure en Europe.
M. Guterres avait estimé jeudi que « tout dégât potentiel à Zaporojié serait un suicide » et appelé à démilitariser le territoire de la centrale.
La demande du secrétaire général de l’ONU pourrait s’apprenter à une condition sine die
Chantage nucléaire
Accusée de bombarder cette centrale qu’elle contrôle, Moscou redoute la préparation par Kiev d’une «provocation» autour du site nucléaire de Zaporojié.
Le 18 août, le ministère russe de la Défense a mis en garde contre une possible « provocation retentissante » des forces ukrainiennes à Zaporojié, alors même qu’une rencontre tripartite doit avoir lieu dans le pays entre Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
Selon le ministère, rapporte le média russe RT, des unités d’artillerie ukrainiennes prévoiraient de tirer sur la centrale nucléaire de Zaporojié le 19 août «pour ensuite accuser la Russie de provoquer une catastrophe technologique à cette centrale», et cela afin de pousser à une zone d’exclusion aérienne dans la zone.
Evoquant cette information, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a dénoncé, dans une interview à la chaîne Soloviev Live un «chantage nucléaire».
Selon les pronostics avancés par le ministère russe de la Défense, qui a présenté des cartes prospectives, la Pologne, l’Allemagne, la Slovaquie seraient touchées par des substances radioactives en cas d’incident à la centrale. Le ministère, qui a averti d’une crise majeure dans la région si ce scénario venait à se réaliser, n’a en outre pas exclu de mettre à l’arrêt la centrale «en cas d’évolution négative de la situation à cause des bombardements ukrainiens».
Selon des médias pro russes, le 17 août, les forces ukrainiennes positionnées sur la rive droite du Dniepr (secteur de Nikopol) ont mené de nouvelles frappes sur le périmètre de la centrale nucléaire mais aussi les quartiers résidentiels limitrophes où un civil qui promenait son chien a été tué.
Source: Divers