Les accusations de l’Albanie à l’Iran d’avoir mené une cyberattaque contre ses systèmes de contrôle des frontières et sa décision de rompre ses relations avec lui ont soulevé des questions sans réponses sur leurs réelles causes.
L’Albanie n’étant pas un pays ennemi de l’Iran, ce dernier n’a aucun intérêt à mener contre elle de telles attaques qui sont généralement dirigées contre « Israël », son ennemi juré. D’autre parti, l’amitié ou l’inimitié de Tirana ne devraient en rien affecter les Iraniens.
Il est clair que des accusations sont infondées mais ne sont pas pour autant innocentes. Elles doivent servir un certain objectif qu’il faut nécessairement élucider.
Dans les faits qui s’en sont suivis, elles ont fourni l’occasion à Washington d’intervenir dans cette affaire au motif « de coopérer sur les questions de sécurité régionale », avec ce pays de l’OTAN, selon les termes du secrétaire d’État Anthony Blinken, dans un appel téléphonique au Premier ministre albanais Edi Rama. Et à son Trésor d’annoncer des sanctions à des entités iraniennes soi-disant impliquées dans ces attaques. Sanctions qui au fil du temps n’ont plus aucun effet tangible sur les Iraniens. Ces derniers persévèrent en dépit des sanctions à refuser un accord sur le nucléaire, tout en s’obstinant sur leur suppression !
Curieusement, l’évènement a été largement couvert par les médias israéliens, a constaté le site web de la télévision libanaise d’information al-Mayadeen. Avant de rendre compte que l’entité sioniste est intervenue à son tour pour offrir ses bons offices à Tirana.
« Israël » a offert son aide à l’Albanie, pour se défendre contre les soi-disant cyberattaques iraniennes, a révélé le site web d’information israélien Walla, indiquant que ceci a eu lieu lors d’une rencontre à Berlin, lundi 12 septembre, entre le vice-ministre israélien des Affaires étrangères la ministre albanaise des Affaires étrangères.
S’étant entretenu avec elle des « tensions avec l’Iran », le responsable israélien a exprimé son « appréciation pour la décision de rompre les relations diplomatiques avec l’Iran », décision qui avait été prise par le Premier ministre albanais Edi Rama.
Téhéran ne lui a pas trop accordé d’importantce, se contenant de démentis, et d’une déclaration le ministère iranien des Affaires étrangères selon lequel les allégations du gouvernement albanais «sont rejetées et non étudiées » et les accusations des États-Unis et d’ »Israël » d’avoir pour but d’influencer la décision de l’Albanie, et sont une tentative de « créer un climat politique anti-iranien ».
Il semble que dans cette affaire, le harcèlement et la diabolisation de l’Iran n’est pas suffisant à lui seul pour expliquer ce qui motive Américains et Israéliens à lui recourir et les Israéliens en particulieur à vouloir aider l’Albanie et en quoi.
En consultant certains faits albanais, il semble que c’est auprès du Premier ministre Edi Rama, un homme de main de l’Occident que la réponse pourrait être trouvée.
Premier ministre depuis le 15 septembre 2013, il adopte des politiques très impopulaires et il se trouve plus que jamais dans une situation politique précaire.
Sa politique économique néolibérale, est considérée comme plus à droite que celle des gouvernements issus du Parti démocrate d’Albanie, selon le périodique français le Monde Diplomatique.
Même le Fonds monétaire international (FMI), traditionnellement favorable à ces politiques, estime que le gouvernement albanais engageait trop rapidement des privatisations et exposait le pays à des « risques budgétaires importants ».
Pire encore : durant son mandat, le trafic de drogue s’est considérablement développé, représentant près d’un tiers du PIB en 2017, selon le site français d’information Mediapart.
L’un de ses ministres de l’Intérieur, Saimir Tahiri (en fonction de 2013 à 2017), a été lui-même mis en cause pour son implication dans ce trafic, révèle pour sa part le Monde Diplomatique.
Ayant réclamé depuis 2014 son adhésion à l’Union européenne, il a admis des concessions impopulaires auprès de la population : il a fait voter par le Parlement albanais, en octobre 2020, l’adoption par le pays de la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), reconnaissant la critique d’Israël comme de l’antisémitisme.
« L’Albanie devient le premier pays musulman à adopter la définition de l’antisémitisme de l’IHRA » avait alors fait remarquer la télévision israélienne i24news.
Il est depuis 2019 décrié par l’opposition et honni dans des manifestations monstres qui réclament son départ.
Après avoir admis certaines concessions de façade, il s’est depuis livré à un fichage politique de la population. Des employés étaient chargés d’espionner un groupe de personnes d’un même voisinage afin d’identifier leurs opinions politiques.
Or c’est peut-être dans ce domaine-là que l’entité sioniste pourrait lui prêter main forte.
« Israël » pourrait lui procurer son logiciel espion Pegasus, qui en s’attaquant aux smartphones et Android de leurs utilisateurs, permet d’accéder à leurs fichiers, messages, photos et mots de passe, d’écouter les appels, et de déclencher l’enregistrement audio, la caméra ou la géolocalisation.
Comme « Israël » avait ces années passées fourni ce programme aux régimes arabes tyranniques, dont les Emirats arabes unis, le Maroc, l’Arabie saoudite, pour les aider à espionner leur population, traquer leurs opposants, et à pérenniser leur pouvoir, il pourrait aider le Premier ministre albanais, qui trempe dans les pires malversations à réprimer sa population et son opposition afin de rester au pouvoir. Pour le mener à bien, il faut un prétexte: rien de meilleur que d’accuser l’Iran d’une cyberattaque sur le système de contrôle frontalier, laquelle relève de la menace sécuritaire.
Cette affaire dévoile une nouvelle exploitation de la diabolisation contre l’Iran. Elle n’est plus une fin en soi. Elle sert d’autres finalités, sans aucun lien avec elle.
Source: Divers