A l’occasion de la célébration de la seconde libération, en allusion à l’éradication des groupes takfiristes qui ont attaqué le Liban entre 2012 et 2017, le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a prononcé un discours qui a été retransmis par notre chaine al-Manar.
Il a parlé longuement de cette époque, rappelant que le Liban faisait partie de la carte noire de l’Etat du califat promu par Daech et le front al-Nosra et des circonstances qui ont marqué le combat contre eux. Il a aussi rappelé que certains protagonistes libanais avaient collaboré avec ces groupuscules et que les Etats-Unis avaient dans un premier moment empêché le gouvernement et l’armée libanaise de combattre ces groupuscules.
Dans une autre partie de son discours, il a répondu aux menaces des dirigeants israéliens d’éliminer des dirigeants de la résistance palestinienne au Liban, en raison de leur incapacité à mettre fin à l’escalade des opérations de résistance en Cisjordanie occupée. Il a averti que tout attentat fera face à « une riposte puissante » assurant que « la Résistance ne permettra pas de transformer le Liban en une scène d’attentats ou de changer les règles d’engagement ».
Abordant les derniers évènements dans le sud de la Syrie, notamment dans la région de Souweida, ou des protestations se déroulent, il a tenu à expliquer que les difficultés économiques que traverse ce pays sont dues aux sanctions américaines promulguées dans le cadre de Ceasar Act, sans compter que les Etats-Unis occupent l’est de l’Euphrate et pillent ses richesses d’hydrocarbures.
« La Syrie et ses alliés sont capables de libérer l’est de l’Euphrate qui est une région occupée par les Américains », a-t-il affirmé.
Commentant les rumeurs selon lesquelles les Américains déploient des efforts pour fermer la frontière syro-irakienne, il les a qualifiées d’illusions assurant que ni la Syrie ni l’Axe de la résistance ne permettra que ceci se passe.
Le numéro un du Hezbollah a aussi salué les efforts du gouvernement libanais de changer les termes de la mission de la Force intérimaire des Nations Unies pour le Liban (Finul) afin qu’elle prenne son autorisation préalable avant d’entamer ses missions. Il a assuré que les habitants du sud du Liban ne permettront pas qu’elle passe outre de cette autorisation car cela découle de la souveraineté et de la dignité du Liban.
Les idées principales du discours
Les USA ont empêché l’armée libanaise de combattre les takfiristes
(( Je vous félicite pour la commémoration de la grande victoire que le Liban a réalisée contre les groupuscules takfiristes.
À partir de fin 2012, des groupuscules armés de Daech et front al-Nosra ont entrepris des attaques contre les territoires libanais en envoyant des voitures piégées et en étendant leur présence dans la Bekaa jusqu’à Beyrouth et en attaquant davantage les territoires syriens…
Les groupuscules armés se sont infiltrés dans les territoires libanais pour en faire une base de lancement d’attaques contre les territoires libanais, contre les habitants et les forces de sécurité…
Le Liban faisait partie intégrante de la carte noire de l’Etat du califat de Daech. La présence de la base de Daech dans la Bekaa était destinée à s’étendre plus amplement…
Les évènements à nos frontières se sont poursuivis entre 2012 et 2017. Cette bataille a pris plusieurs années et ce n’était pas une seule opération mais plusieurs opérations militaires. Pour savoir ce que nous avons réalisé comme victoire.
Ce sont les habitants de la région qui avaient décidé de combattre. Je certifie que certains villages dont spécifiquement des villages chrétiens avaient pris la décision de la confrontation contrairement aux décisions et aux directives prises par la plupart de leurs partis…
Comme d’habitude, les divisions inter libanaises étaient de concert. Nous devons ne pas oublier que ceux qui représentent ces forces politiques s’étaient rendus auprès de ces miliciens armés dans les jroud de Aarsale où ils ont tenu des conférences de presse pour leur exprimer leur soutien et leur offrir toutes sortes d’assistance…
Certains les ont soutenus par les miliciens, par les médias, par des fonds. Ceux-là avaient misé sur la victoire de ces groupuscules armés et sur la défaite des habitants de la Bekaa, de l’armée et de la résistance…
Le projet des Jroud du Liban et de la Bekaa faisait partie d’une grande bataille dans la région qui était conduite par les Américains et les sujets de l’ambassade américaine, ceux qui prétendent défendre la souveraineté alors qu’ils avaient soutenu les groupes terroristes qui avaient occupé des territoires libanais, tué des militaires et des officiers de l’armée libanaise et terrorisé les habitants.
Nous avons pris notre décision de mener cette bataille en toute force et l’armée a pris ses dispositions défensives, mais le gouvernement avait alors refusé de l’autoriser de mener l’attaque pour libérer ses officiers et ses soldats en raison des menaces américaines.
Les Américains avaient empêché le gouvernement libanais de prendre une décision qui permette à l’armée d’attaquer ces groupuscules armés…
Les Américains ont menacé l’armée libanaise de lui couper l’aide si elle attaque les groupes armés…
La décision n’a été prise que lorsque le général Michel Aoun est devenu Président de la république en 2017.
La première étape de la bataille s’est déroulée par la libération d’al-Qousseir puis d’al-Qalamoune occidentale puis une partie du jroud de Tofeil et de Nahlé. La troisième étape a été celle d’al-Zabadani et de grandes surfaces des jrouds libanais, lorsque toutes les cachettes des voitures piégées ont été détruites.
Pendant la quatrième étape, il y a eu des combats violents à la frontière syrienne. Ils ont été menés conjointement par la résistance et l’armée syrienne. Sur le sol libanais, les combats ont été menés par la résistance d’une part et l’armée libanaise de l’autre lorsque le gouvernement a pris une décision courageuse.
Je ne peux oublier que certains villages et localités libanais, en dépit de leurs conditions difficiles, privaient leurs familles pour envoyer de la nourriture aux combattants…
Il y a eu une grande affluence de la part des habitants pour défendre le Liban et son territoire. Le nombre des combattants était très grand, beaucoup plus que les exigences de la bataille…
Ceci a abouti à la défaite des miliciens et la restitution de la totalité des territoires libanais. Par la suite, nous avons pu restituer les dépouilles des martyrs de l’armée libanaise, des forces de sécurité et des combattants de la résistance ainsi que nos détenus à Idlib et mettre fin à la présence des terroristes dans nos régions. C’est ce que nos appelons la deuxième libération et la deuxième victoire…
La première libération a été en l’an 2000 puis la victoire dans la guerre de juillet 2006, la seconde libération est celle des Jroud de la Bekaa, et la troisième libération est celle liée à l’exploration du Bloc 9. Le tout est le fruit de l’équation : Armée, peuple, résistance… Cette équation stratégique et nationale a réalisé des victoires importantes…))
Ni les menaces ni leur exécution n’affaibliront la résistance palestinienne
Concernant les menaces israéliennes d’éliminer les dirigeants de la résistance palestinienne, face a notamment au Liban, face à l’escalade des opérations de résistance en Cisjordanie occupée, il a dit :
(( Dans le passé on disait que les sionistes étudient minutieusement leur expérience mais ceci ne semble plus d’actualité ni pour cette entité ennemie ni pour son armée.
Les Israéliens ignorent que la résistance en Cisjordanie puise sa source de la volonté du peuple palestinien qui les combat depuis plus de 75 années, avant même la révolution islamique en Iran.
Face à l’escalade de la résistance en Cisjordanie et en raison de l’impuissance israélienne, Netanyahu fuit de l’avant et présente ce qui s’y passe comme découlant d’un plan iranien.
Depuis 1982, et jusqu’à nos jours, l’ennemi israélien présente ceux qui combattent au Liban comme étant les exécutants d’un plan iranien. Il ignore que c’est le peuple libanais qui combat, illustrant la volonté libanaise de libérer sa terre.
Les attentats sont-ils parvenus à ébranler la volonté de résistance ou ont-ils au contraire renforcé davantage la présence des combattants sur les champs de bataille dans notre région, et affermi l’espoir en la victoire ?
Ces menaces ne poussent pas la résistance à se rétracter. Ni les menaces ni leur exécution n’affaibliront la résistance. Elles ne feront que consacrer son obstination davantage.
Tout assassinat sur le sol libanais, contre un Libanais, un Palestinien, un Syrien, un Iranien ou autre ne passera pas sans une riposte puissante. Nous ne permettrons pas que le Liban se transforme en une scène d’attentats. Nous ne permettrons pas de changer les règles d’engagement de vigueur.
L’ennemi devrait s’avouer qu’il se trouve dans une impasse historique, existentielle et stratégique à laquelle il ne trouvera pas d’issue.
Il faut soutenir les détenus palestiniens en grève de la faim.
De même il faut soutenir les détenus bahreïnis également en grève de la faim.))
La Syrie et ses alliés peuvent libérer l’est de l’Euphrate
Evoquant les récentes protestations dans le sud syrien sayed Nasrallah a déclaré :
(( Ce qui se passe de nos jours en Syrie s’inscrit dans le prolongement de la guerre de 2011. C’est un projet des USA, avec l’aide d’Etats régionaux qui les ont soutenus par des fonds, les médias et les armes…
Biden a reconnu que des centaines de milliards de dollars ont été dépensés pour occuper la Syrie et amener des takfiristes des quatre coins du monde pour combattre en Syrie et pour qu’ils meurent en Syrie. Les takfiristes ont été hélas des outils stupides dans le projet américain…
Aujourd’hui l’est de l’Euphrate est occupé par les USA sous prétexte de combattre Daech comme Daech a été le prétexte pour le retour des forces américaines en Irak
Du moment que la guerre militaire a échoué, il y a eu le Ceasar Act. L’État syrien déploie des efforts énormes mais les portes sont fermées en raison du blocus. En raison des sanctions, les sociétés mêmes russes et chinoises s’abstiennent d’investir en Syrie. Et les US contrôlent les champs de pétrole et de gaz en Syrie et empêchent qu’ils soient récupérés par l’Etat syrien.
Ce sont eux qui entravent une solution entre les Kurdes et l’Etat syrien et la libération de l’est de l’Euphrate…
L’Etat syrien et ses alliés peuvent en toute simplicité libérer l’est de l’Euphrate comme ils avaient fait à l’est de la badia. Mais l’est de l’Euphrate est une région occupée par les forces américaines. Le conflit y est régional et pourrait être entrainé vers un conflit international.
Des pressions US énormes sont exercées à l’est de l’Euphrate et des tentatives sont déployées pour ressusciter Daech. Les rumeurs selon lesquelles ils veulent fermer les frontières syro-irakiennes ne sont que des illusions. L’axe de la résistance ne le permettra pas.
Si les Américains veulent combattre d’eux-mêmes ils seront les bienvenus. Il y aura une véritable bataille qui changera toutes les équations.
Ils veulent que la FINUL travaille à la solde d’Israël
Sayed Nasrallah a parlé aussi des récents efforts du gouvernement libanais au sein du Conseil de sécurité pour ne plus permettre aux forces de la FINUL d’agir dans le sud du Liban sans son autorisation. Il a dit :
((Ils veulent que la Finul travaille pour le compte des Israéliens, qu’elle soit des espions à leur solde de sorte que ses caméras espionnent dans les zones où ils n’ont pas de caméras.
Nous remercions l’Etat libanais pour ses efforts pour corriger l’erreur commise l‘an dernier et qui lui a permis d’agir en toute liberté, sans coordination ou autorisation préalable des autorités libanaises. Nous espérons que cet amendement parviendra à ses fins.
Il relève de la dignité du Liban. Sinon, une décision différente restera lettre morte car les gens du sud ne permettront pas qu’elle soit exécutée à l’insu du gouvernement libanais.))
Evoquant la crise politique interne sur fond de vacance présidentielle, Sayed Nasrallah a critiqué les protagonistes libanais qui refusent le dialogue et la proposition de l’envoyé du président français Jean-Yves le Drian.
((Hier, un protagoniste a annoncé qu’il refusait le dialogue. On ne peut l’y contraindre par la force.
Nous ne sommes pas faibles mais nous sommes maitres de notre volonté et n’avons pas peur du dialogue. Mais nous ne le solliciterons à personne.
Ils disent qu’ils veulent un président pour édifier un Etat qui affronte le Hezbollah. Ils ne veulent pas édifier un Etat qui puisse résoudre les réels problèmes des gens ce qui illustre qu’ils sont au service d’un projet.
Vous êtes au service des objectifs d’Israël qui ne veut pas que ce pays soit indépendant. Seuls les Américains et les israéliens réclament de désarmer le Hezbollah, parce qu’ils veulent un pays sans défense.
Leurs paroles illustrent une mentalité qui ne peut sortir le Liban de ses difficultés mais qui veut l’entrainer vers la guerre civile.
Je n’exerce pas de guerre psychologique sur les Libanais ni ne je dramatise mais je leur fais part des réalités sur lesquelles d’aucuns s’attellent…))
Au sujet du dialogue avec le Mouvement patriotique Libre, Sayed Nasrallah a expliqué que : « la discussion est sérieuse et approfondie et nécessite un certain temps », soulignant que « le dialogue se fait au nom du Hezbollah et non au nom de nos alliés ».
« Nous exposerons les résultats du dialogue à nos alliés et en discuterons ensemble pour prendre une décision ensemble.
La question de la décentralisation administrative et financière nous a été présentée. Si nous sommes d’accord sur un projet, nous en discuterons avec les parties, nous sommes devant une proposition de loi avec un grand nombre d’articles et elle a besoin d’une majorité pour son approbation à la Chambre des représentants.”
(FIN)
Source: Al-Manar