Quelques heures après son investiture, le nouveau président de la république fédérale de la Somalie, Mohammad Abdallah Farmajo est arrivé à Riyad. Un message direct aux forces régionales et internationales qui concurrencent le contrôle du pays.
Partant faire la « Omrah » (le rite du pèlerinage) après son élection, ce neuvième chef d’Etat de la Somalie a quitté jeudi dernier Mogadiscio à la tête d’une délégation. Une fois arrivé, Farmajo a tenu des rencontres officielles successives avec le roi Salmane ben Abdel Aziz et le prince héritier second Mohammad ben Salmane, en présence du ministre saoudien des Affaires étrangères Adel Joubeir.
Les deux dirigeants ont affiché des positions communes sur plusieurs dossiers, comme au sujet de la rupture de la relation avec l’Iran suite à l’attaque de l’ambassade saoudienne à Téhéran, et l’adhésion à la coalition formée par Riyad à la veille du déclenchement de la guerre contre le Yémen en 2015.
L’Arabie Saoudite n’est pas la seule partie à chercher à se rapprocher de la Somalie, ce pays qui représente la profondeur stratégique d’une région témoignant des plus importants développements dans le détroit de Bab el-Mandeb et la Mer Rouge.
Bien que des pays voisins comme l’Ethiopie et le Kénya se soient intervenus dans les dernières élections de la Somalie, l’intervention de pays arabes et régionaux comme la Turquie et les Emirats Arabes Unis était aussi notoire.
Commentant les élections somaliennes, le journal israélien Haaretz a révélé que selon les estimations, des pays comme la Turquie, le Soudan, les Emirats et le Qatar « ont acheté des candidats pour garantir des transactions alléchantes dans l’avenir ».
C’est ce qu’a confirmé le journal américain New York Times dans un rapport dans lequel il a assuré que durant le processus électoral en Somalie, « plus de 20 millions de dollars ont été versés… et plus de dix chefs tribaux ont reconnu avoir reçu des pots-de-vin « .
Et d’après le site « All Africa », les Emirats « œuvraient sérieusement pour influencer les résultats des élections. Ils ont fait des pressions dans les coulisses en faveur de deux candidats ».
Quant à la Turquie, elle a signé des accords bilatéraux avec le gouvernement somalien dans le domaine de la sécurité et de l’aide humanitaire et du développement pour des objectifs politiques. Le rapport de presse a fait état d’une concurrence entre Abou Dhabi et Ankara pour imposer leur domination sur ce pays ayant le plus long littoral sur l’océan indien en Afrique, de 2720 km.
A noter que la visite du nouveau président somalien en Arabie Saoudite survient suite à des relations tendues avec Abou Dhabi, après la décision des Emirats de construire une base militaire sur le territoire somalien. Ce qui a poussé Mogadiscio à accuser Abou Dhabi de violer la loi internationale.
Qui est le président somalien?
Après le déclenchement de la guerre contre son pays en 1991, Farmajo a décidé de rester aux Etats-Unis où il a demandé l’asile politique. Il a obtenu la nationalité américaine en 1994, et a occupé plusieurs postes de la municipalité de Buffalo.
Il a été nommé en 2010 Premier ministre du gouvernement somalien, et a démissionné sept mois après, suite à la conclusion de l’accord de Kampala.
Malgré cette courte période, Farmajo a acquis une grande renommée due aux « exploits qu’il a réalisés sur les plans sécuritaire et politique ». En 2011, des manifestations ont été organisées pour dénoncer sa destitution, et en 2012, des manifestations ont eu lieu pour afficher le soutien de la population à Farmajo après sa candidature à la présidence.
Actuellement, ce nouveau chef d’Etat est confronté à de grands défis sur le plan politique, économique (la famine, 75% le taux de chômage, et 90% de pauvreté) et sécuritaire (le mouvement des Shebab)…
Traduit du site al-Akhbar
Source: site