Plus la guerre perdure, plus s’attisent les divergences au sein de l’establishment israélien, militaire et politique. Surtout si elle ne réalise pas ses objectifs. Au 152 -ème jour consécutif de la guerre, des médias israéliens évoquent de plus en plus un blocage de l’armée et appréhendent l’état de stagnation dans les combats terrestres.
Comme un joueur de roulette
Selon le chroniqueur des questions militaires de la télévision israélienne Channel 13, Israël semble bloqué dans le sud comme dans le nord de l‘enclave alors que la guerre est sur le point d’achever son 5ème mois.
« Israël semble comme un joueur qui veut à tout prix placer tous ses jetons sur un seul numéro dans une partie de roulette », décrit Alon Ben David.
Selon lui, l’armée d’occupation israélienne investit toutes ses ressources -qui n’ont pas encore porté leurs fruits – pour traquer Yahia al-Sinwar tandis que le tas de jetons est en train de se réduire aussi bien pour les munitions que pour l’usure de forces ainsi qu’au vu du droit international ».
« Stagnation » le mot qui fait peur
Un autre analyste israélien, du Haaretz, a déploré l’état de stagnation de l’armée et son incapacité à trancher la bataille estimant que ce terme devrait être banni.
Recommandant aux représentants de l’armée israélienne qui sont choqués, après deux mois de combats terrestres, d’éviter d’utiliser ce terme, Raviv Drucker rappelle que ce choc remonte à 18 ans, lors de la seconde guerre du Liban, lorsque ce mot s’est emparé des plateaux des télévision et des journaux, au bout de deux semaines de combats.
« Cette fois-ci encore, notre patience n’a pas de fin et nous sommes dans un état de stagnation. L’armée le reconnait avec hésitation », a-t-il fait remarquer, rappelant que la cause serait le fait que le plan originel proposé par l’armée et accepté par le cabinet de guerre s’inscrit dans le cadre d’une manœuvre d’un an, sur trois étapes ».
Et d’ajouter : « dans la troisième étape, l’étape actuelle, le volume de la force qui a été mandatée ne peut pas faire plus qu’elle ne fait actuellement », alors que l’opération de Khan Younes se poursuit depuis trois mois.
La guerre sans fin pour Netanyahu
Selon le Haaretz, la déception du commandement militaire ces dernières semaines est énorme.
« Il y a une stagnation et les forces ne sont pas suffisantes pour entamer des opérations dans les camps centraux et encore moins à Rafah. Il n’y a toujours pas de transaction pour récupérer les otages qui puisse imposer un cessez-le-feu », analyse le quotidien israélien.
Selon Drucker, aussi bien Benny Gantz que Gadi Eisenkot savent très bien qu’ils ont commis une erreur lorsqu’ils ont admis le plan de l’armée sans fin. Estimant que « ce plan n’est pas spécifique d’un Etat occidental moderne qui voudrait ramener les habitants à la vie normale… mais il s’agit d’un plan dont le rythme correspond davantage au Hamas et au Premier ministre qui aspire à une guerre sans fin ».
Le Hamas campe sur ses positions
Il a signalé qu’il y a une bataille politique interne concernant la transaction des détenus, alors que le Hamas, selon les infiltrations, semble camper sur ses positions et exige une récompense en échange de chaque disposition du Cadre de Paris.
« Non seulement 10 détenus en échange de chaque otage israélien libéré mais une proportion supérieure. Non seulement 15 détenus de poids lourd mais beaucoup plus que cela… Non seulement un retrait israélien des centres des villes mais un retrait plus large. Et non seulement le retour au nord de Gaza des femmes, des enfants et des vieux mais aussi des hommes », explique-t-il.
Selon l’analyste du Haaretz : « Benjamin Netanyahu est pleinement conscient de la nature de la position dans laquelle il se trouve si les conclusions des tractations du Caire sont telles, il sait que tous les ministres du cabinet de guerre soutiennent la transaction ».
Estimant qu’« une transaction similaire pourrait torpiller la mission de Netanyahu dont le maintien de la coalition, raison pour laquelle il invente de nouvelles conditions », il conclut que le Premier ministre est « coincé ».
Manque d’effectifs
Un autre problème a surgi au sein de l’armée israélienne, selon des médias israéliens : le manque d’effectifs. Elle aurait besoin de 7.000 officiers de plus, rapporte le Yediot Ahronoth citant un communiqué de l’armée. Sachant que la moitié d’entre d’eux devraient être dépêchés dans des missions de combat.
« L’armée devrait promouvoir 7.500 conscrits pour compenser le manque d’officiers et de sous-officiers, mais le gouvernement n’a autorisé la promotion que de 2.500 conscrits en raison du manque du budget », selon le texte de l’armée. Le journal ajoute que la difficulté de compenser le manque d’officiers est due aux exigences en temps et en efforts pour la formation de nouveaux officiers .
Départs volontaires
Les médias israéliens évoquent aussi la crainte du commandement de l’armée du départ volontaire des éléments de l’armée à un moment où elle a pressement besoin d’augmenter les effectifs et leurs missions au sol.
Israel Hayom a rapporté dans un rapport que des officiers supérieurs sont inquiets en raison du débat attisé parmi les jeunes au service et ceux plus âgés, affichant leur volonté d’être exempts du service, compte tenu du fardeau qu’ils portent en comparaison avec les soldats de réserve.
Lundi, la chaine de télévision Channel 14 avait fait état de démission collectives au sein de l’armée dont celle du porte-parole de l’armée Daniel Hagari pour protester contre le cours des opérations militaires.
Refus de servir dans l’armée
Par ailleurs, un rapport du Haaretz a révélé que des militaires des forces d’élite dont celle de Givati et les brigades de réserve refusent de rejoindre les rangs de l’armée, accusant son commandement de négliger leur état de santé morale et physique. La radio israélienne a même rendu compte du chaos sur le plan organisationnel au sein de certaines brigades de réserve.
Entretemps, les médias rendent compte de recrutement de mercenaires américains, français voire même indiens.
Vengeance contre les civils
Pour le 152eme jour de guerre, les observateurs dans la bande de Gaza rapportent que les combats sont concentrés à l’ouest de la ville de Khan Younes, au sud du quartier Zeytoun, dans la ville de Gaza.
Les Brigades al-Qods du Jihad islamique ont diffusé les images des tirs d’obus sur des positions de soldats et de véhicules de l’occupation israélienne dans le nord de la bande de Gaza.
Impuissant face aux opérations de la résistance palestinienne, Israël se venge sur les civils palestiniens.
Son armée a bombardé ce mercredi depuis la nuit : Deir al-Balah au centre (3 martyrs), plusieurs régions de Khan Younes au sud (29 martyrs), dont la région al-Qarara au nord ( 2 martyrs) , le camp de Nusseirat au centre , la zone de l’aéroport à l’est de Rafah, Wadi Gaza au centre (7 martyrs), le quartier Zeytoun à Gaza, Jabalia au nord,…
Selon le dernier bilan établi pour les victimes par le ministère de la Santé de Gaza, depuis le 7 octobre, 30.717 Palestiniens sont tombés en martyrs et 72.156 sont blessés.
Durant les dernières, 24 heures, le ministère a rendu compte de 9 massacres et de 89 martyrs. L’UNRWA a signalé la mort de 162 de ses employés.
Une famine se profile aussi : elle a déjà coûté la vie à 18 enfants, morts de malnutrition et de déshydratation.
Source: Divers