L’entité sioniste poursuit le grignotage des territoires du sud de la Syrie après avoir occupé les positions militaires syriennes sur Jabal al-Cheikh (Mont Hermon) et la zone tampon du Golan syrien. Selon le représentant de la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU, les troupes israéliennes se trouvent à 20 km de Damas. Certains médias israéliens avancent qu’elles contrôlent désormais 350 km2 de superficie.
Des correspondants assurent que l’armée d’occupation s’est emparée du bassin de Yarmouk et contrôle son fleuve ainsi que le barrage al-Wahda qui est commun entre la Syrie et la Jordanie. Cette région renferme les plus importantes sources d’eau du sud syrien.
Le correspondant d’al-Mayadeen en Syrie rapporte que les troupes d’occupation n’ont pas pu occuper la localité de Beit Jinn et se trouvent dans ses parages et qu’elles ont contourné depuis l’Est les villages Koya, Maariyeh et al-Qassir face aux frontières avec la Jordanie.
Elles ont néanmoins opéré une incursion dans la localité Sida et le village avoisinant al-Maqrez dans le Golan syrien, sur les frontières administratives séparant les deux gouvernorats de Deraa et Quneitra.
Une avancée de l’occupation est aussi observée dans certains quartiers de la ville Khadar dans la province de Quneitra.
Cette conquête de territoires syriens du sud intervient alors que la Turquie prépare au nord de la Syrie, une nouvelle offensive en direction des territoires contrôlés par la milice kurde des Forces démocratiques syriennes. Ankara ne cache pas sa volonté d’achever cette milice kurde et d’établir une zone tampon de 30 km de profondeur.
Déferlement des Occidentaux
Sur le plan politique, les observateurs constatent une ruée des délégations occidentales à Damas pour rencontrer les dirigeants du nouveau pouvoir transitoire mis en place à Damas par Hayat Tahrir al-Sham.
Des délégations diplomatiques allemande et française ont rencontré ce mardi ses représentants pour discuter de la phase transitoire en Syrie, de la protection des minorités et des droits des femmes.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que « Berlin surveille de près Hayat Tahrir al-Sham en raison de ses racines qui remontent à l’idéologie de l’organisation d’al-Qaida ». Il a toutefois indiqué « qu’elle se comporte jusqu’à présent avec prudence ».
L’envoyé spécial de Paris en Syrie François Guillaume a déclaré que « la France est disposée à se tenir aux côtés des Syriens pendant la phase transitoire ».
La responsable de la politique étrangère de l’Union européenne a assuré que « sa délégation en Syrie a l’intention de reprendre entièrement son activité ».
Chareh exauce les voeux des Occidentaux
Lundi, une délégation du ministère des AE britannique avait rencontré le chef de l’administration des opérations militaires en Syrie Ahmad al-Chareh (alias Abou Mohamad al-Jolani, chef de Hayat Tahrir al-Sham) qui lui a parlé de l’importance du rôle de la Grande-Bretagne et de la nécessité de rétablir les relations.
Samedi, les États-Unis avaient les premiers confirmé publiquement, leur participation à des pourparlers avec HTS.
Ce mardi, le porte-parole du nouveau gouvernement de transition syrien a appelé la Russie à reconsidérer sa présence dans le pays maintenant que son allié, le président Bachar al-Assad, a été renversé. La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, avait affirmé lundi que la Russie et l’Iran ne devaient « pas avoir de place » dans la Syrie de demain, et que l’UE soulèverait la question du devenir des bases militaires russes en Syrie avec le nouveau pouvoir.
Lors d’une interview lundi avec le quotidien britannique The Times, Chareh s’était engagé à ce que la Syrie ne soit jamais utilisée comme un point de lancement d’attaques contre « Israël ».
Devant ses hôtes européens, Chareh demande de suspendre les sanctions contre la Syrie et de retirer Hayat Tahrir al-Sham de la liste des organisations terroristes. Il avait dit lundi que les factions armées dont celles de HTS seront « dissoutes » dans l’armée.
Des acteurs étrangers qui menacent l’unité de la Syrie
Selon le centre Soufan, « l’intervention en Syrie de plusieurs acteurs étrangers qui exercent leurs pressions pour réaliser leur agenda dans la phase post-Assad entrave l’unification de ce pays et sa stabilité ».
Sur fond d’incertitude sur le processus politique en Syrie, le centre constate que les Etats-Unis ne donnent aucun signe qu’ils vont lever les sanctions globales imposées à la Syrie depuis l’ancien régime.
La marginalisation de la Russie et de l’Iran laisse trois puissances principales qui sont impliquées dans les affaires syriennes, à savoir la Turquie, Israël et les Etats-Unis, estime Soufan Center selon lequel « quoiqu’elles affichent leur soutien en faveur de la résolution 2254, mais il est clair qu’elles disposent des capacités stratégiques pour poursuivre leurs objectifs de sécurité nationale pour lesquels elles avaient œuvré au début de la guerre en Syrie ».
Le magazine américain Foreign Affairs a quant à lui mis en garde « contre le chaos, l’extrémisme, et des actes de vengeance », estimant que le nouveau pouvoir rencontrera des difficultés à gouverner sur l’ensemble du territoire syrien en raison de la diversité démographique de sa population et de la présence de groupuscules armés hors de son contrôle.
Des attaques à caractère communautaire
Le site Erem news rendu compte de plusieurs incidents sécuritaires, dont des opérations de liquidation, de braquage et d’attaques armées. Le site évoque le cas de deux officiers de l’armée syrienne dissoute qui ont été liquidés alors qu’ils s’étaient rendus. Il rapporte qu’un grand nombre de soldats qui ont été enlevés sur la route entre Homs et Deir Ezzor, après avoir quitté l’aéroport de Deir Ezzor, à la demande des groupes armés. Les gouvernorats de Lattaquié et de Homs ont été le théâtre de plusieurs incursions de maisons au cours desquelles des braquages ont été perpétrés.
L’administration des opérations militaires a reçu des milliers d’appels faisant part d’enlèvements, de holdups et d’assassinats, précise Erem News selon lequel « ces attaques ont un caractère communautaire ».
Des minorités s’enfuient
L’agence de l’ONU pour les migrations (OIM) a déclaré mardi que des syriens issus des minorités religieuses, avaient fui le pays par crainte de « potentielles menaces ».
« Des dizaines de milliers » de personnes ont fui la Syrie, et « nous entendons dire que les minorités religieuses quittent le pays », a déclaré à l’AFP la directrice de l’OIM Amy Pope, en soulignant que des membres de la communauté chiite fuyaient « parce qu’ils s’inquiètent de potentielles menaces ».
S’ajoutent des problèmes sociaux qui se manifestent. Ce mardi, les pompiers de Damas ont déclaré une grève ouverte pour protester contre « la confiscation par les Casques blancs de leurs sièges et de les avoir envoyés chez eux sans aucune justification », selon le site d’information syrien Erem News.
De même pour le personnel de la radio syrienne Sham FM qui ont été sommés par du ministère de l’Information du gouvernement transitoire de rentrer chez eux.
Source: Divers