L’agence Reuters a assuré qu’un sommet aura lieu mardi dans la capitale qatarie afin d’achever l’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Les médiateurs ont présenté lundi à Israël et au Hamas un projet final d’accord pour mettre fin à la guerre à Gaza, a déclaré un responsable informé des négociations à l’agence Reuters, après une « percée » dans les pourparlers auxquels ont participé les envoyés du président américain Joe Biden et de Donald Trump, respectivement Brett McGurk et Steve Witkoff, ainsi que les chefs des agences d’espionnage israéliennes Mossad et Shin Bet et le Premier ministre du Qatar.
L’AFP a indiqué que l’émir du Qatar Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani a rencontré dans la journée de lundi la délégation du Hamas, dirigée par le principal négociateur, Khalil al-Hayya.
« A portée de main »
Peu après, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a déclaré : « Nous sommes proches d’un accord et nous pouvons y parvenir cette semaine ».
« Je ne fais pas de promesse ou de prédiction, mais c’est à portée de main », a-t-il ajouté.
Dans la soirée, le président américain Joe Biden, qui passe la main dans une semaine à Donald Trump, a affirmé qu’un accord de trêve était « sur le point d’être conclu ».
« Des progrès significatifs sur les derniers points de blocage » ont été accomplis en vue d’un accord, a déclaré à l’AFP une source proche des négociations.
Sous l’égide du Qatar, de l’Egypte et des Etats-Unis, les discussions ont repris en janvier pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, accompagné de la libération des captifs retenus dans le territoire palestinien et de la libération des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes.
Hamas : le cycle le plus sérieux
« Les négociations sur certaines questions essentielles ont progressé et nous travaillons à conclure bientôt ce qui reste à faire », a déclaré à Reuters un responsable du Hamas, demandant à ne pas être identifié en raison de la sensibilité du sujet.
« Le cycle actuel de négociations est le plus sérieux et le plus approfondi et a permis de réaliser des progrès significatifs », a affirmé à l’AFP un responsable palestinien sous couvert d’anonymat.
Médias israéliens : Annonce prochaine
Des responsables israéliens ont assuré pour l’Autorité de radiodiffusion israélienne « qu’ils espèrent l’annonce de l’accord sur Gaza le mardi ».
La chaine israélienne 13 a assuré citant un responsable israélien que « l’accord sera conclu dans les prochaines heures ».
Le Yedioth Ahronoth a écrit dans la soirée : « En Israël, ils prévoient d’annoncer un accord tôt demain matin, et le bureau de Netanyahu se prépare à une approbation rapide de l’accord. »
Le cabinet ministériel restreint devrait se concerter dans la nuit pour donner son approbation, par la suite le gouvernement devrait se réunir aussi, selon les médias israéliens. Il est aussi question que le Premier ministre israélien va rencontrer mardi les représentants des familles de captifs.
Deux phases de l’accord
La chaine 12 israélienne a évoqué deux phases, pendant la première seront libérés 33 captifs tandis que les autres seront libérés dans la seconde phase. Le retrait israélien sera entamé une fois tous les captifs libérés.
Selon la chaine Kan, le Hamas ne sait pas le nombre des captifs encore vivants et il le saura après le cessez-le-feu. Mais la plupart des captifs qui seront libérés pendant la première phase son vivants, selon Kan.
Concernant les détenus palestiniens, les médias israéliens ont rapporté que « ceux qui ont du sang sur les mains ne seront pas libérés en Cisjordanie » occupé et que « les détenus de l’unité d’élites des brigades al-Qassam ne seront pas libérés pendant la première phase ». L’accord prévoit l’amélioration des conditions de détenus, selon des sources arabes.
Accord sur Netzarim et Philadelphie
En même temps que les négociations de Doha, des tractations ont eu lieu au Caire sur les arrangements à suivre sur l’axe de Philadelphie, au sud de la bande de Gaza, a pour sa part révélé le journal al-Arabi al-Jadid, selon lequel la rencontre entre des responsables militaires et sécuritaires égyptiens, américains et israéliens ont porté sur « l’action coordonnée pour sécuriser les frontières après le retrait israélien de l’axe Salaheddine (Philadephie). »
Un responsable a confié pour Axios que les forces israéliennes vont se retirer pendant la première phase vers une zone tampon de l’enclave à proximité des frontières, puis elles quitteront progressivement l’axe de Netzarim au centre et l’axe de Philadelphie à la frontière avec l’Egypte.
« Le passage de Netzarim et l’axe de Philadelphie étaient la pomme de discorde principale dans les négociations, Ils se sont mis d’accord sur eux », d’après Axios.
Les forces d’occupation auraient entamé le démantèlement de leur position dans l’axe de Netzarim, selon des médias israéliens.
Pressions israéliennes sur Netanyahu
Ces dernières semaines, des pressions des partis de l’opposition et des proches des captifs avaient été exercées sur le gouvernement israélien pour le pousser à conclure l’accord.
200 soldats israéliens ont signé une lettre dans laquelle ils ont averti qu’ils allaient cesser de participer au combat si la trêve n’est pas conclue, a rapporté l’agence AP. Au moins 19 militaires ont été tués depuis début janvier dans les opérations de la résistance dans l’enclave palestinienne.
Les manifestations hostiles à la poursuite de la guerre s’étaient aussi intensifiées. Les manifestants ont pour la première fois, exigé aussi bien l’arrêt des massacres contre les Palestiniens que la libération de détenus.
Les proches de captifs violemment pris à partie le ministre de l’extrême-droite des Finances Bezalel Smotrich qui s’oppose obstinément aux tractations en cours à Doha. Des dizaines d’entre eux ont investi la salle des réunions de la Knesset l’accusant « de renoncer aux otages ».
Smotrich avait affirmé qu’il ne soutiendrait pas un « accord de reddition qui inclurait la libération d’hyper-terroristes, l’arrêt de la guerre, et la perte de ce qui a été acquis au prix de beaucoup de sang versé et de l’abandon d’un grand nombre d’otages ».
Itamar Ben Gvir qui avait menacé de quitter le gouvernement en cas d’accord n’a pas encore donné son avis.
Selon les commentateurs israéliens, un accord serait désormais à portée de main, notamment en raison de la décision de Netanyahu d’ignorer les pressions de ses ministres d’extrême-droite, rapporte l’AFP.
Crimes de Netanyahu en « Israël » aussi
Le père de l’un des captifs, Yehuda Cohen a révélé vouloir porter plainte contre Netanyahu devant la cour de La Haye. « Je compte dire à La Haye que Netanyahu n’a pas commis des crimes de guerre à Gaza seulement mais en Israël aussi », a-t-il confié dans une interview à la radio.
Et Cohen de poursuivre : « Le gouvernement ne veut pas parler du lendemain à Gaza, parce que Smotrich et ben Gvir voudraient y établir des colonies, c’est pour cela que le gouvernement ne veut pas conclure de cessez-le-feu. Ils veulent un pouvoir militaire de l’armée israélienne à Gaza ».
Une seule trêve d’une semaine avait été conclue fin novembre 2023, et avait permis la libération d’une centaine de captifs contre 290 détenus palestiniens.
Source: Divers