La Coalition et ses alliés se préparent à conquérir la ville de Tabaqa, située à 55 km à l’ouest de la ville de Raqqa. Selon le porte-parole des Forces démocratiques syriennes, milice formée d’une majorité de kurdes syriens des YPG, l’opération sera lancée dans quelques jours et débutera par la prise de l’aéroport militaire de cette ville qui sera réaménagée afin d’accueillir les troupes des FDS et les avions de la coalition.
Message au gouvernement syrien
Cette annonce intervient deux jours après la descente des troupes américaines dans la province ouest de cette ville, dans une manœuvre qui semblait destinée à couper court à l’avancée vers Raqqa des forces gouvernementales syriennes. Ces dernières devraient entrer dans la province de Raqqa, à partir de l’ouest, après la prise du dernier fief de Daesh dans la province est d’Alep, Deir Hafer, -laquelle est assiégée des quatre côtés depuis jeudi-, puis de Masqanah.
Avant la descente des militaires américains, quelques 500, la plupart des opérations menées par la Coalition et ses alliés des FDS était plutôt localisées dans le nord et l’est de la province de Raqqa.
Le transfert de la bataille vers l’ouest montre bien qu’il s’agit d’un message adressé au gouvernement syrien.
Un premier message avait déjà été envoyé à la fin du mois de février dernier, lorsque les Américains ont bombardé l’aéroport de Tabaqa et celui de Jarrah, situé lui dans la province est d’Alep.
« C’était comme si les Américains étaient en train de dessiner avec le feu les limites à ne pas franchir par les forces gouvernementales syriennes », estime le journal libanais al-Akhbar.
Un écran de fumée
Jusque là, les dirigeants américains alimentaient le doute sur leurs réelles intentions en Syrie.
Le mercredi 22 mars, le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson a mis l’accent sur la formation des zones sécurisées en Syrie, lors d’une conférence organisée à Washington avec la participation de 68 pays. Le jour-même, à la même rencontre, le directeur du bureau de presse du Pentagone, le général Joseph Scrocca, affirmait que l’armée américaine n’avait reçu aucun ordre direct pour créer des zones sécurisées en Syrie.
A la lumière de l’accélération des évolutions ces deux derniers jours, cette contradiction des positions des dirigeants américains semble servir d’écran de fumée destiné à couvrir leur réel projet.
En effet, la prise de Tabaqa par les Américains ne concerne pas seulement la province de Raqqa mais aussi celle de Deir Ezzor, frontalière avec le voisin irakien, estime al-Akhbar. L’administration américaine actuelle semble vouloir interdire à Damas de la reconquérir et surtout de reprendre le contrôle des frontières avec l’Irak.
A l’heure actuelle, une partie de la frontière avec ce pays, celle du nord est entre les mains des kurdes, leurs alliés. L’autre celle du sud, est entre les mains de milices soutenues par leurs renseignements, (depuis le passage de Tanef jusqu’à la province de Souweïda au sud de la Syrie). Alors que la partie centrale est toujours entre les mains de Daesh.
Si la Coalition et les Kurdes conquièrent cette dernière, ce serait un coup fatal pour l’unité de la Syrie, voire pour tous les exploits réalisés ces six dernières années.
Source: Divers