Les enquêtes militaires menées en « Israël » sur les événements du 7 octobre 2023 ont suscité une vague de critiques dans les médias israéliens, au motif qu’elles ont abouti à des conclusions « creuses », sans apporter de réponses décisives sur les raisons des défaillances majeures qui ont conduit à l’effondrement du système de sécurité et de renseignement face à l’attaque des Brigades Al-Qassam, l’aile militaire du Hamas.
Selon un rapport publié par Haaretz, « l’enquête a été présentée aux habitants du kibboutz Kfar Aza mercredi soir, mais ils ont estimé qu’elle ne répondait pas à la question fondamentale : où était l’armée ? ». Estimant que l’enquête n’a apporté aucune information nouvelle, ils ont remis en question son utilité.
Selon le rapport, « 250 membres des factions de la résistance ont pris d’assaut le kibboutz, alors qu’aucun soldat israélien n’y est entré avant 8h30 du matin, pendant que les membres de l’unité de garde locale combattaient seuls, ce qui a entraîné la mort de 7 des 14 d’entre eux ».
Le journal Yedioth Ahronoth estime que l’une des failles importantes dans le comportement de l’armée israélienne ce jour-là réside dans le fait que « le système de renseignement israélien n’a pas donné d’avertissement préalable de l’attaque ». Pourtant « l’armée israélienne était consciente de l’existence de graves lacunes en matière de renseignement, mais aucune mesure décisive n’a été prise pour y remédier », rapporte le journal.
Selon le quotidien, « l’énorme système qui a enquêté sur l’échec tente de convaincre que l’armée israélienne a mené une enquête longue et profonde, mais ce processus a toutefois été entaché de lacunes, car les enquêtes ont été très lacunaires et il manque plus d’informations que ce qui a été révélé ».
Yedioth Ahronoth estime qu’il y avait eu deux événements de renseignement importants qui avaient précédé l’attaque du 7 octobre 2023, mais l’armée d’occupation n’a pas abordés dans ses enquêtes officielles, malgré leur grande importance et ce qui aurait pu en résulter.
Le premier événement rapporté par le journal « a eu lieu le 17 août 2023, lors d’une réunion présidée par un haut responsable du renseignement de la Division du renseignement militaire (Aman), qui commande la brigade d’activation des unités de la division, où l’évaluation du renseignement a été examinée concernant le niveau de « contrôle du renseignement » sur la bande de Gaza au cours du premier semestre 2023.
Au cours de la réunion, selon le même journal, « un avertissement a été émis selon lequel le principal outil de renseignement sur lequel Israël s’appuie pour recueillir des informations sur le Hamas, connu sous le nom d’outil secret, souffre d’un défaut majeur et fonctionne de manière limitée ».
Le responsable des services de renseignement avait alors décrit la capacité de collecte de renseignements à Gaza comme étant « au mieux moyenne », indiquant qu’« une amélioration significative de la réponse aux diverses missions dans la bande de Gaza ne se produira pas avant la fin du premier trimestre 2024 ».
Il avait recommandé de clarifier cela avec les hauts commandants militaires opérant dans la région, afin que cela soit pris en compte lors de la prise de décisions qui affectent les décisions opérationnelles concernant la bande de Gaza ».
L’autre évènement auquel le même rapport a fait référence est une autre réunion tenue le 3 septembre 2023, à laquelle ont participé le commandant du commandement Sud, le général de division Yaron Finkelman, et un certain nombre d’officiers supérieurs de l’armée, du Shin Bet et de l’armée de l’air, où « l’amélioration du niveau de préparation au combat » a été discutée.
Lors de la réunion, le commandant du Shin Bet dans la région sud a averti que le Hamas pourrait lancer une frappe surprise lorsqu’il verrait que les circonstances lui sont favorables, appelant à ne pas s’appuyer entièrement sur les systèmes de renseignement traditionnels.
Malgré ces avertissements explicites, « l’armée israélienne n’a pris aucune mesure pour renforcer ses forces dans la zone, ni modifié ses stratégies de sécurité ». Selon le rapport, « les informations étaient disponibles et l’armée était consciente de l’existence de dangers réels, mais les dirigeants n’ont pas pris ces avertissements au sérieux, continuant plutôt à travailler selon de vieilles perceptions qui n’étaient pas en phase avec la réalité ».
Concernant l’intervention militaire, les enquêtes indiquent que les forces qui ont été envoyées plus tard à Kfar Aza « n’étaient pas sous un commandement unifié et il n’y avait aucune coordination entre les différentes unités ».
Bien que des centaines de soldats soient arrivés plus tard dans la zone, « les opérations se sont concentrées uniquement dans le sud du kibboutz, tandis que d’autres zones sont restées sans aucune intervention jusqu’au lendemain ».
Concernant l’armée de l’air, le rapport explique que les avions de guerre « ont repéré les militants qui menaient l’attaque, mais n’ont pas donné l’ordre de mener des frappes aériennes directes à l’intérieur du kibboutz par crainte de pertes civiles, ce qui a conduit à la poursuite de l’attaque pendant de longues heures sans intervention efficace », selon les médias ennemis.
Malgré les critiques croissantes, l’armée israélienne a insisté sur le fait que les enquêtes étaient « approfondies et transparentes ». Cependant, le journal Yedioth Ahronoth fait état de pressions politiques et militaires visant à restreindre la portée des enquêtes et à limiter la responsabilité aux niveaux intermédiaires de l’armée sans tenir les hauts dirigeants directement responsables.
Dans ce contexte, le commandant de l’unité 8200 du Service de renseignement militaire, Yossi Shariel, s’est exprimé lors d’une conférence à huis clos pour les officiers supérieurs, attaquant vivement les enquêtes, les considérant comme « une tentative de rejeter la faute uniquement sur le renseignement, alors qu’il existe un échec plus large au sein du leadership militaire et politique ».
Les conclusions finales de l’enquête indiquent que les failles de sécurité qui ont conduit au 7 octobre « n’étaient pas de simples manquements passagers, mais étaient le résultat d’une négligence continue et d’évaluations erronées des services de renseignement ». Toutefois, « les enquêtes n’ont pas abordé la question de la responsabilité des hauts responsables, ni identifié de changements radicaux qui pourraient empêcher qu’un tel échec ne se reproduise à l’avenir », selon les informations fournies par les médias ennemis.