Une caravane pro-palestinienne partie de Tunis et des groupes de militants participant en Egypte à une marche internationale vers Gaza visant à symboliquement « briser le blocus israélien », ont été stoppés vendredi, les uns en Libye, les autres à la sortie du Caire, ont annoncé les organisateurs.
Des groupes venus de plus de 80 pays pour participer à la « Global March to Gaza » sont partis dans la matinée du Caire et ont été bloqués à différents points sur la route, leurs passeports confisqués et certains « embarqués de force », a affirmé le collectif dans un communiqué.
« Des rapports font état de l’utilisation de la force contre des participants, certains étant détenus, harcelés, blessés physiquement et déportés”, selon ce communiqué.
Un député turc a été brutalisé
« Nous sommes un mouvement pacifique et nous respectons les lois égyptiennes », souligne le texte en appelant les représentations diplomatiques à intervenir pour permettre à la marche de se poursuivre.
Plusieurs vidéos publiées sur les groupes de la Global March ou transmises à l’AFP montrent l’intervention musclée des forces de l’ordre égyptiennes lors de sit-in improvisés sur les points de blocage.
Des femmes ont été « molestées et portées comme du bétail dans le bus », affirme un message de Florence Heskia, une des manifestantes bloquées sur la route.
Il est prévu que les militants interceptés aux deux premiers postes de contrôle sur la route vers Ismailia (est) soient « transférés » vers Le Caire pour récupérer leurs passeports mais les organisateurs redoutent des « expulsions sous de faux prétextes ».
« Ils nous ont confisqué nos passeports et nous pressent de monter dans un bus pour nous emmener à l’aéroport où nous serons expulsés », a déclaré Nadia, une militante jointe par téléphone par l’AFP.
Plus tôt vendredi, le collectif avait aussi fait état d’une quinzaine de personnes qui étaient retenues dans leurs hôtels au Caire.
Sur le territoire voisin libyen, le convoi « Soumoud » réunissant selon les organisateurs un millier de participants tunisiens, algériens, marocains et mauritaniens, a de son côté été bloqué vendredi matin à l’entrée de la ville libyenne de Syrte, sous le contrôle des forces du maréchal Khalifa Haftar, au pouvoir dans l’Est libyen.
Le convoi, dont la progression vers Gaza reposait sur une autorisation des autorités égyptiennes, est resté bloqué en l’absence de feu vert du Caire, selon les organisateurs. « Jusqu’ici nous ne savons pas si nous allons passer ou non », a affirmé un des organisateurs, le Tunisien Wael Naouar, dans une vidéo sur Facebook.
Selon lui, certains agents de sécurité affirment qu’un passage est possible « dans quelques heures », tandis que d’autres assurent que « l’Égypte refuse et donc vous ne passerez pas ». « Nous ne reviendrons pas en arrière », a-t-il assuré.
« Expression de frustration »
Tout en réaffirmant l’importance des pressions sur Israël pour lever le blocus du territoire palestinien, dévasté après 20 mois de guerre entre l’armée israélienne et le Hamas palestinien, les autorités égyptiennes ont fait savoir mercredi que toute forme d’action pro-palestinienne organisée par des « délégations étrangères » exigeait une « autorisation préalable ».
« Nous n’avons pas enfreint la loi. Nous n’étions pas rassemblés, ni sur une zone interdite », a déclaré un participant bloqué sur la route dans une des vidéos adressées à l’AFP.
Malgré les signaux négatifs des autorités, les militants espèrent toujours obtenir une autorisation officielle.
Selon le collectif, des dizaines de militants de diverses nationalités ont été interpellés ces derniers jours à leur arrivée à l’aéroport ou dans leurs hôtels. Certains ont ensuite été expulsés, d’autres relâchés.
« La violence avec laquelle beaucoup de gens ont été arrêtés, déportés, menacés est une chose à laquelle on ne s’attendait pas », a déclaré jeudi soir Hichem Al Ghaoui, un des coordinateurs du collectif, sur son compte Tik tok.
A Genève, le porte-parole de l’ONU Alessandra Vellucci a tenu « à rappeler que chacun doit respecter le droit des personnes à participer à des manifestations pacifiques ».
« C’est une expression de frustration mondiale face à l’absence de solutions. (…) C’est ce sentiment qui est à l’origine de ce mouvement », a pour sa part estimé Jens Laerke, porte-parole du bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
Source: AFP