L’Espagne devra donner son feu vert pour qu’un accord conclu entre l’Union européenne et le Royaume Uni puisse s’appliquer à Gibraltar, a annoncé l’UE vendredi, soulevant la colère de Gibraltar qui craint que Madrid utilise cette clause pour réclamer la souveraineté sur ce territoire britannique.
Cette position, contenue dans les orientations de la négociation sur la sortie du Royaume Uni de l’UE, risque d’être mal reçue par Londres, qui s’est engagé à défendre les intérêts de ses ressortissants sur « le Rocher » contre les revendications de l’Espagne qui cherche à y rétablir sa souveraineté, cédée en 1713.
Après le Brexit, « aucun accord entre l’UE et le Royaume-Uni ne pourra s’appliquer au territoire de Gibraltar sans un accord entre le Royaume d’Espagne et le Royaume-Uni », prévoit le texte présenté vendredi à La Valette par le président du Conseil européen Donald Tusk.
Cela signifie en clair que Madrid pourrait refuser que Gibraltar bénéficie de tout accord commercial conclu entre les négociateurs britanniques et européens, se sont alarmés des membres de l’opposition social-démocrate à Gibraltar.
Le chef du gouvernement de Gibraltar, Fabian Picardo, a dénoncé dans un communiqué « la machination prévisible de l’Espagne » qui « cherche à manipuler le conseil européen pour poursuivre ses propres intérêts politiques mesquins ».
« L’UE défend naturellement les intérêts des 27 membres qui veulent y rester », a commenté un responsable de l’Union sous couvert de l’anonymat.
« C’est une décision qui nous satisfait », a réagi le porte-parole du gouvernement espagnol, Iigo Méndez de Vigo, à l’issue du conseil des ministres hebdomadaire.
Pour lui, l’Union a reconnu « la situation juridique et politique qu’a défendue l’Espagne ». Madrid soutient que la situation de Gibraltar devra être réglée entre l’Espagne et le Royaume Uni après sa sortie de l’UE.
« Le monde et l’Union européenne doivent savoir que ceci ne change rien à la souveraineté britannique exclusive » sur Gibraltar, conclut le communiqué de M. Picardo.
Les relations entre l’Espagne et Gibraltar traversent régulièrement des périodes de tensions.
L’actuel gouvernement conservateur à Madrid s’irrite du trafic du tabac qui passe par le Rocher et accuse Gibraltar, dont l’économie repose en grande partie sur les services financiers, d’être un paradis fiscal.
Après que le Royaume Uni avait voté pour la sortie de l’UE en juin dernier, quand Gibraltar avait voté contre à 96%, Madrid avait proposé que Gibraltar puisse rester dans l’Union si Londres acceptait une souveraineté partagée sur le Rocher.
Mais Gibraltar a repoussé cette proposition qu’elle avait déjà rejetée dans un referendum en 2002.
A Londres, le groupe Leave.EU qui a fait campagne pour le Brexit, a envoyé sur twitter une photo de manifestants en Catalogne réclamant l’indépendance de cette région d’Espagne.
« L’Espagne veut Gibraltar? Nous devrions peut être reconnaître la Catalogne » dit le tweet.