La famine perdure dans la bande de Gaza malgré les autorisations accordées par Israël depuis dimanche à l’entrée de quelques camions d’aide et au largage de denrées alimentaires par voie aérienne.
Le bureau médiatique du gouvernement de Gaza a exposé en chiffres les quantités médiocres de cette aide. Selon lui, 73 camions sont entrés dimanche, 87 lundi, 109 mardi, 112 mercredi et 104 jeudi.
Ce qui équivaut selon lui à 485 camions en 5 jours alors que la bande de Gaza a besoin de 600 camions par jour !
Le crime de la famine et le crime du chaos
Le bureau médiatique révèle aussi que « la plupart de ces camions ont été pillés en raison du chaos sécuritaire » accusant Israël de « l’entretenir systématiquement et délibérément, dans le cadre de ce que l’on appelle désormais la politique préméditée de « semer le chaos et la famine ». Une politique qui selon lui vise à entraver la distribution de l’aide humanitaire et à priver la population civile de secours.
La mort de plus de 1000 Palestiniens tués par les forces israéliennes depuis que la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis et Israël, a pris en charge la distribution de l’aide en mai dernier, est attribué au chaos dans le récit israélien relayé par les agences internationales.
Autorisation de l’aide « pour affaiblir le narratif du Hamas »
Le récit israélien contredit les faits, niant l’existence d’une famine à Gaza, dénonçant des « mensonges éhontés » selon le Premier ministre Benjamin Netanyahu et accusant le Hamas d’orchestrer « une campagne de famine ».
200 camions transitent chaque jour par voie terrestre en parallèle à des largages aériens, selon le média israélien i24. Ce dernier rapporte aussi qu’Israël a également donné son feu vert à l’Égypte pour construire un conduit d’eau vers la région côtière d’Al-Mawasi, de reconstruire la ligne électrique alimentant l’usine de dessalement de Deir el-Balah et l’entrée accrue de médicaments et de matériel médical.
« Ces actions visent à affaiblir le narratif du Hamas et à apaiser la pression internationale, notamment celle des États-Unis et de l’Union européenne », précise le média israélien.
L’aide est bel et bien bloquée à Kerem Shalom
Or, i24 publie une illustration montrant de grandes quantités d’aide humanitaire entassées sur le poste-frontière israélien Kerem Shalom et accompagnée d’une référence déroutante : « Aide humanitaire attendant d’être récupérée du côté gazaoui du poste frontière de Kerem Shalom ». Elle n’explique pas pourquoi cette aide n’a pas encore été distribuée et confirme les accusations palestiniennes et internationales qu’elle est bel et bien bloquée.
Des sources palestiniennes assurent que non seulement « le nombre de camions entrant réellement dans la bande de Gaza est bien inférieur à ce que rapportent les médias », mais que « la plupart d’entre eux ont été partiellement déchargés en réponse aux exigences israéliennes concernant les procédures d’inspection au point de passage de Kerem Shalom, ce qui entraîne des retards et réduit le volume de l’aide envoyée. »
Mercredi, le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a révélé mercredi les complications dans ce terminal israélien pour acheminer l’aide par voie terrestre. « Par exemple, pour que des chauffeurs de l’ONU puissent accéder au point de passage de Kerem Shalom – une zone barricadée -, il faut que les Israéliens donnent leur accord à la mission, fournissent un itinéraire sûr, accordent de multiples autorisations ainsi qu’une pause dans les bombardements et, in fine, ouvrent les barrières pour leur permettre d’entrer », a exposé la même source.
Witkoff à Gaza : couvrir le récit israélien ?
C’est dans ce contexte qu’intervient la visite prévue ce vendredi de l’émissaire américain Steve Witkoff dans la bande de Gaza « pour inspecter avec l’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, les sites de distribution d’aides humanitaires et rencontrer des habitants ».
Alors que la porte-parole de la Maison Blanche assure qu’elle a pour objectif de mettre en place « un plan pour livrer davantage de nourriture », des observateurs doutent de ses réels objectifs s’attendant à ce qu’elle convoite surtout de couvrir le récit israélien sur la famine.
Auparavant, des déclarations du président américain Donald Trump ont donné l’impression qu’elles contredisent celles de Netanyahu. Ne pouvant rester impassible devant les images relayées par les écrans qui illustrent les corps des enfants affamés dans l’enclave palestinienne et les chiffres des décès, il avait reconnu lundi que la bande de Gaza connaissait une « véritable famine » et a exhorté Israël à fournir de la nourriture à la population.
Je ne sais pas… Je veux dire, en me basant sur la télévision, je dirais que non, en particulier parce que ces enfants ont l’air très affamés », a-t-il argué, faisant croire l’impensable : qu’il n’est pas être au courant !
Et de relayer toutefois la rhétorique israélienne en disant que le Hamas avait volé de la nourriture et de l’aide à la population de Gaza.
Par ses propos le président américain cherche sans doute à se disculper de la responsabilité de cette famine qui s’est propagée du moment que les USA se sont accaparés la distribution de l’aide via la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), la confisquant aux organisations internationales.
Le prétexte mis de l’avant était alors d’empêcher le Hamas de la prendre. Le Hamas restera toujours le prétexte.
Forces est de constater que dans cette guerre, le récit israélien et américain a volontairement accusé le Hamas de tous les maux qu’ils ont commis.
« Israël apporte de l’aide en coordination avec les Américains, mais le Hamas la vole, refuse l’accès aux civils et les transforme en outil de propagande après les avoir utilisés comme boucliers humains », est la version la plus plausible qui serait véhiculée par l’émissaire américain, selon le quotidien al-Akhbar.
Source: Divers