Au moins quatre personnes ont été tuées lors d’une reprise des affrontements dimanche dans la province à majorité druze de Soueida, dans le sud de la Syrie, malgré un cessez-le-feu fin juillet après des violences intercommunautaires, selon une ONG.
La région de Soueida a été le théâtre d’affrontements entre druzes et tribus bédouines sunnites, qui se sont étendus avec l’intervention des forces gouvernementales et de combattants tribaux venus prêter main forte aux bédouins.
Un cessez-le-feu entré en vigueur le 20 juillet a mis fin à cette semaine d’hostilités mais la situation reste tendue.
Depuis le 13 juillet, date de l’éclatement des hostilités, 1.513 personnes ont été tuées, dont 720 originaires de Soueïda et 474 des membres des forces de sécurité et des fils des tribus bédouines.
300 personnes, dont 17 femmes, 10 enfants et un homme âgé, ont été exécutées sur le terrain par des membres des ministères de la Défense et de l’Intérieur, révèle l’OSDH. Tandis que 3 membres des tribus bédouines, dont une femme et un enfant, ont été exécutés sur le terrain par des militants druzes.
Affrontements à Tal Hadid
Dans la première résurgence de violences meurtrières depuis le 20 juillet, trois membres des forces syriennes de sécurité ont été tués « dans des affrontements qui ont éclaté avec des factions locales sur l’axe de Tal Hadid, dans l’ouest de la province de Soueida », a déclaré l’OSDH.
Auparavant, selon l’ONG, qui a également fait état de blessés, « un membre des factions druzes locales, originaire de Soueida » avait été tué à Tal Hadid, « un point stratégique » en altitude pour contrôler l’ouest de la province.
L’OSDH a également indiqué que des combats avaient repris autour de la ville de Thaala « après des tirs de roquettes et d’armes lourdes en provenance de zones tenues par les forces gouvernementales ».
Des explosions et des rafales ont été entendues dans plusieurs quartiers de la ville de Soueida, selon la même source.
L’agence officielle syrienne Sana a accusé des groupes druzes fidèles à l’influent chef spirituel Hikmat al-Hijri d’avoir violé le cessez-le-feu en attaquant les troupes gouvernementales à Tal Hadid, recensant un officier des forces de sécurité tué.
Les forces gouvernementales ont repris le contrôle de Tal Hadid après les affrontements de la matinée, selon l’OSDH.
« Faire plier les habitants »
Depuis le cessez-le-feu, la route principale reliant Soueida à Damas est coupée et des groupes armés alliés au régime contrôlent ses environs et entravent la circulation, selon l’OSDH.
Comme nombre d’habitants, cette ONG accuse les autorités d’imposer un blocus à la province « pour faire plier ses habitants », ce que celles-ci démentent.
Des centaines d’habitants de Soueida ont manifesté vendredi pour réclamer le retrait des troupes gouvernementales, sous des pancartes réclamant « la fin du blocus » ou « l’ouverture d’un couloir humanitaire avec la Jordanie » voisine.
Le régime syrien accuse lui des groupes druzes de couper la route.
L’ONU a pu envoyer quelques convois d’aide dans la province, mais une source du ministère de l’Intérieur a déclaré dimanche à la télévision d’État syrienne que le couloir humanitaire était temporairement fermé « jusqu’à ce que la zone soit sécurisée après que des groupes hors-la-loi ont violé le cessez-le-feu ».
Les minorités ethniques et confessionnelles de Syrie s’inquiètent pour leur sécurité depuis qu’Ahmad al-Charaa (qui dirigeait le front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie) a renversé en décembre le président syrien, Bachar el-Assad.
Les nouvelles autorités syriennes ne cessent d’affirmer leur engagement à faire respecter les droits de toutes les composantes du pays. Mais avant même les affrontements à Soueida, des massacres survenus en mars dans le bastion alaouite du littoral syrien ont suscité des doutes quant à leur capacité à le faire. Quelque 1.700 personnes, en majorité des civils alaouites, avaient alors été tuées, selon l’OSDH.
Les liquidations, les assassinats et les arrestations arbitraires se poursuivent sans relâche, malgré les assurances que le nouveau régime avait données lorsqu’il a pris le pouvoir.
Pour le mois de juillet, l’OSDH a recensé 92 tués pour des motifs sectaires ou des règlements de compte.
La reprise des violences dans la province de Soueida est intervenue au lendemain de l’annonce par les autorités de la tenue d’une première réunion du comité mis en place pour enquêter sur les affrontements de juillet.
Ce que les habitants de Soueida ont contesté dans les manifestations de vendredi : « l’agresseur n’a pas le droit de former des commissions d’enquête » ont-ils objecté, réclamant la création d’une commission d’enquête internationale. Les drapeaux israéliens ont été arborés durant cette manifestation et sont toujours brandis pendant les rassemblements.
Source: Avec AFP