Des médias israéliens ont révélé lundi que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a décidé d’étendre l’opération militaire pour occuper l’intégralité de la bande de Gaza, attribuant cette décision à l’échec des négociations avec le Hamas.
Selon la chaîne 14 citant des sources proches de Netanyahu « le Premier ministre a déjà pris la décision d’occuper complètement la bande de Gaza », malgré d’importants désaccords avec l’armée israélienne, avec l’opposition et les familles de captifs israéliens détenus à Gaza.
« La décision a déjà été prise, et nous nous dirigeons vers une occupation totale de la bande de Gaza et une victoire décisive contre le Hamas », ont assuré des sources proches de Netanyahu au quotidien israélien Yediot Ahronoth. Elles ont indiqué qu’il y aurait des opérations militaires dans les zones où seraient détenus des captifs israéliens, ce que l’armée israélienne avait précédemment affirmé éviter.
Feu vert de Trump ?
Concernant la position américaine sur cette évolution, des sources ont confié au journal que le président Trump avait donné le feu vert à Netanyahu pour lancer une opération militaire intensive contre le Hamas.
Lors d’une conférence de presse à Jérusalem occupée, le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar avait souligné que Tel-Aviv discutait avec Washington du scénario du « jour d’après » à Gaza. Il a déclaré qu’Israël souhaitait la fin de la guerre à Gaza et la libération de tous les détenus, mais sans conditions.
Selon le journal britannique Financial Times, à la foi d’un responsable israélien, le gouvernement israélien discute avec l’administration américaine d’une proposition visant à étendre l’offensive à d’autres zones de la bande de Gaza.
Tensions et désaccords avec l’armée
Citant des ministres, l’Autorité israélienne de radiodiffusion a fait état de désaccords avec l’armée, rapportant que son chef d’état-major Eyal Zamir pourrait démissionner si le plan d’occupation totale de la bande de Gaza était mis en œuvre.
Ce que des proches de Netanyahu ont consenti pour la chaîne 14 affirmant que « le chef d’état-major doit démissionner s’il continue de s’opposer à cette décision. »
La radio militaire israélienne a pour sa part, rapporté que les tensions entre le gouvernement et Zamir ont atteint leur apogée ces derniers jours, car ce dernier exige de lui fournir des clarifications stratégiques sur la guerre.
Selon le correspondant de la radio, Zamir est sur ses gardes car le cabinet ne s’est pas réuni depuis longtemps et « l’armée ne dispose pas de clarifications sur la poursuite de la guerre ni ne reçoit des ordres ou des prescriptions claires ».
« La position de l’armée est qu’il faut maintenir le contrôle des régions frontalières conquises dans la bande de Gaza dans tout accord à venir », précise ce correspondant. Selon lui, ses milieux assurent que « l’armée est disposée à assumer les conséquences d’une souplesse si Israël est contraint à un compromis ».
Mais le chef d’état-major a averti « qu’une présence prolongée dans la bande de Gaza met en danger les forces israéliennes, fait le jeu du Hamas et augmente l’épuisement au sein de l’armée ».
Le chef de l’unité de santé mentale de Tsahal a déclaré pour le Jerusalem Post que le nombre de soldats de réserve demandant un traitement a augmenté de 1 000 %.
L’option préférée par l’armée
Evoquant une grave crise interne entre ses dirigeants politiques et militaires, le journal Maariv rapporte que Netanyahu marginalise délibérément le chef d’état-major Eyal Zamir et l’empêche de présenter les plans de l’armée pour la prochaine phase au cabinet de sécurité.
Selon la radio militaire, il voudrait proposer et discuter de deux options avec le gouvernement, à savoir l’occupation de la totalité de l’enclave ou son encerclement.
Or, Zamir conteste la première. « Occuper toute la bande de Gaza est militairement possible et prendrait quelques mois, mais nettoyer la zone en surface et en sous-sol pourrait prendre des années », estime-t-il, précise le correspondant de la radio.
La deuxième option qu’il préfère permettra de « la vider des zones sous le contrôle de l’armée. Sinon, le Hamas la videra continuellement par des opérations de guérilla », toujours selon Zamir.
« Une guerre éternelle et inutile »
Pour sa part, le chef de l’opposition israélienne Yaïr Lapid a qualifié la guerre dans la bande de Gaza d’« éternelle et inutile », affirmant que les dirigeants politiques la souhaitent.
Il a accusé le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, de vouloir occuper Gaza et exploiter l’argent des contribuables israéliens pour financer « l’éducation des enfants de la bande ».
Les familles des captifs israéliens se sont aussi opposé à la décision de Netanyahu, assurant que « l’occupation de la totalité de la bande de Gaza veut dire la perte des otages et davantage de tués dans les rangs des soldats ».
Dans un communiqué, elles ont accusé une énièe fois le gouvernement de Netanyahu d’avoir fait échouer avec préméditation toutes les transactions pour sauver les captifs et ont fourvoyé le public israélien.
Suspension de la révocation de la Procureure générale
A noter que les désaccords avec l’opposition ont atteint la Cour suprême. Après avoir reçu des appels de la part du parti de l’opposition Yesh Atid et d’ONG, elle a suspendu la décision votée à l’unanimité lundi pour révoquer la procureure générale Gali Baharav-Miara, connue pour être une critique virulente de Netanyahu.
« Il n’y aura aucun changement dans les pouvoirs du conseiller juridique, et aucun remplacement ne sera annoncé avant que les appels ne soient examinés dans un délai de 30 jours », a statué la Cour suprême, selon le journal Israel Hayom.
La procureure générale s’était opposée avec virulence à la réforme judicaire préconisée par le gouvernement de Netanyahu avant la guerre de Gaza.
Elle conteste la légalité de plusieurs décisions qu’il a prises, notamment sa tentative, en mai dernier, de limoger Ronen Bar, directeur du Shin Bet, l’Agence de sécurité israélienne.
Source: Divers