N’arrivant pas à stopper le mouvement de soutien à Gaza et à la Palestine qui prend de l’ampleur, les autorités britanniques mènent une répression sans précédent contre les militants pro palestiniens qui continuent d’organiser des manifestations dans les rues de la capitale et d’autres villes britanniques.
Un total de 466 partisans de l’organisation Palestine Action ont été arrêtés samedi à Londres lors d’une manifestation au cours de laquelle 700.000 manifestants ont participé, selon la Campagne britannique de soutien au peuple palestinien.
Selon l’AFP, « c’est l’un des plus grands nombres d’arrestations pendant une seule manifestation dans la capitale britannique » qui connait l’un des plus important mouvements de soutien à la Palestine.
La police qui justifie ces arrestations pour « soutien à une organisation interdite » a précisé avoir arrêté ou être « en train de le faire » toutes les personnes ayant brandi la pancarte « Je m’oppose au génocide, je soutiens Palestine Action ».
Sur place, des manifestants ont porté d’autres pancartes comme « Agir contre le génocide n’est pas un crime », « Free Palestine », ou « Arrêtez Netanyahu qui doit être jugé pour crimes de guerre ».
« C’est un impératif moral d’être ici », a déclaré à l’AFP Mathilda, qui ne souhaitait pas donner son patronyme.
« S’ils veulent m’arrêter, je ne m’enfuirai pas et je ne me cacherai pas », a ajouté cette septuagénaire arrivée spécialement de Bristol, à l’ouest de Londres, et qui était assise aux côtés d’autres manifestants avec la pancarte de soutien au groupe interdit.
Des images vidéo ont circulé sur les réseaux sociaux montrant la police britannique arrêter un monsieur aveugle sur une chaise roulante.
« Qu’ils nous arrêtent tous »
« Qu’ils nous arrêtent tous », a renchéri Richard Bull, un londonien de 42 ans dans un fauteuil roulant. « Ce gouvernement est allé trop loin. Je n’ai rien à me reprocher. »
De nombreux drapeaux palestiniens étaient visibles dans la foule, à quelques pas de laquelle étaient alignés des voitures de police, a constaté une journaliste de l’AFP.
Les forces de l’ordre avaient mis en garde les participants contre les « potentielles conséquences pénales » de leurs actes.
Les personnes arrêtées n’ont pas opposé de résistance, beaucoup formant un « V » de la victoire avec leurs doigts, sous les applaudissements d’autres manifestants, a constaté une journaliste de l’AFP.
Palestine Action a été ajoutée début juillet à la liste des organisations considérées comme « terroristes » au Royaume-Uni, après des actes de vandalisme perpétrés par ses militants, notamment sur une base de l’armée de l’air.
Des membres de l’organisation avaient aspergé avec de la peinture rouge le 20 juin dernier deux avions militaires Voyager qui stationnaient sur la base de Brize Norton, dans l’Oxfordshire, au nord-ouest de Londres. C’est la plus importante base de l’armée de l’air sur le sol britannique. Des avions en décollent pour rejoindre la base d’Akrotiri à Chypre, la plus importante base militaire britannique dans la région.
Les données de vol analysées par Drop Site News suggèrent que le gouvernement travailliste britannique a secrètement autorisé des avions de l’armée de l’air israélienne, impliqués dans le bombardement de Gaza, à atterrir et potentiellement à se ravitailler sur cette base aérienne.
« Le Royaume-Uni est un participant direct au génocide à Gaza. L’armée (britannique) collecte des renseignements, ravitaille des avions de combat et envoie des armes utilisées pour accroître les attaques contre les Palestiniens », avait affirmé le groupe.
Le journal britannique The Times a révélé cette semaine que des avions de la Royal Air Force, des Shadow R1, continuent d’effectuer des centaines de vols de reconnaissance au-dessus de Gaza pour le compte d’Israël, en décollant de sa base d’Akrotiri à Chypre.
ONU : interdiction disproportionnée
Le groupe Defend Our Juries organise depuis des manifestations pour protester contre cette interdiction, jugée « disproportionnée » par l’ONU.
« Nous continuerons tant que le gouvernement tentera de faire taire ceux qui dénoncent sa complicité dans des crimes de guerre », a réagi Defend Our Juries dans un communiqué.
« Nous sommes déjà de plus en plus nombreux à nous préparer pour la prochaine vague d’actions en septembre ».
« L’arrestation de manifestants par ailleurs pacifiques constitue une violation des obligations internationales du Royaume-Uni de protéger les droits à la liberté d’expression et de réunion », a dénoncé l’ONG Amnesty International samedi sur X.
Elbit Systems dans le collimateur de Palestine Action
Fondé au Royaume-Uni en 2020, ce groupe organise des campagnes de protestation directe contre les entreprises et institutions accusées de soutenir l’occupation israélienne et ses pratiques dans les territoires palestiniens.
Le mouvement s’appuie principalement sur la pression directe, le boycott et des manifestations pacifiques non traditionnelles, telles que la fermeture de centres commerciaux ou la perturbation des opérations de transport et d’approvisionnement des entreprises qui soutiennent les exactions israéliennes en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza.
Palestine Action cible principalement les usines d’armement israéliennes au Royaume-Uni et leur chaîne d’approvisionnement, dont Elbit Systems, qui fabrique des drones utilisés contre des civils palestiniens lors du génocide de Gaza.
Le gouvernement britannique argue que les sympathisants de Palestine Action « ne connaissent pas la vraie nature » de ce mouvement. « Ce n’est pas une organisation non violente », a assuré la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper, disant disposer d' »informations inquiétantes » sur ses projets.
Plus de 200 de ses partisans avaient déjà été interpellés avant la manifestation de samedi, selon Tim Crosland, un représentant de Defend Our Juries.
Trois personnes ont été inculpées en vertu de « la loi antiterroriste » jeudi pour avoir exprimé leur soutien à Palestine Action, une infraction passible de jusqu’à six mois de prison. L’appartenance à un groupe interdit ou l’incitation à le soutenir peut quant à elle valoir jusqu’à 14 ans de prison, selon l’AFP.
Action en justice
L’interdiction de Palestine Action a donné lieu à une action en justice entamée par Huda Ammori, cofondatrice en 2020 de cette organisation qui se présentait comme un « réseau d’action directe » visant à dénoncer « la complicité britannique » avec l’Etat d’Israël, en particulier sur la question des ventes d’armes. La justice britannique doit examiner ce recours en novembre.
Un diplômé de l’Université de Londres brûle son diplôme pour protester contre l’expulsion d’une étudiante hostile au génocide israélien dans la bande de Gaza. « Je refuse d’être lié à une institution complice ».
Source: Divers