La France a déploré mardi le « lourd tribut payé par les journalistes » locaux à Gaza, et appelé les autorités israéliennes « à garantir un accès sûr et sans entrave » à la bande de Gaza aux journalistes internationaux.
Les journalistes internationaux « doivent pouvoir opérer de façon libre et indépendante pour documenter la réalité du conflit », souligne Pascal Confavreux, porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, selon l’AFP.
Condamnant la frappe israélienne qui a causé la mort, « dans l’exercice de leur mission d’information », d’une équipe de journalistes de la chaîne d’information Al-Jazeera dans la bande de Gaza, dans la nuit de dimanche à lundi, le porte-parole rappelle que depuis le début du conflit, quelque 200 journalistes ont été tués dans des frappes israéliennes.
L’une des victimes, Anas al-Sharif, reporter d’Al Jazeera, qu’Israël a dit avoir ciblé en le qualifiant de « terroriste », était une figure des correspondants couvrant au quotidien le conflit à Gaza.
Depuis le début de la guerre à Gaza, en représailles, la presse internationale n’est pas autorisée à travailler librement dans le territoire palestinien.
Seuls quelques médias, triés sur le volet, y sont entrés embarqués (en « embed ») avec l’armée israélienne, leurs reportages étant soumis à une stricte censure militaire.
La presse internationale travaille en s’appuyant sur des journalistes et correspondants locaux, qui ont payé un lourd tribut au conflit : près de 240 ont été tués en 20 mois par l’armée israélienne, dont au moins 45 dans l’exercice de leur profession, selon Reporters sans frontière (RSF).
« La France réitère son engagement en faveur de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et de la protection des journalistes et des professionnels des médias », poursuit le porte-parole. « Les journalistes ne doivent jamais être pris pour cibles », dit-il, rappelant qu’ils sont protégés par le droit international humanitaire au même titre que tous les civils.
L’assassinat de ces journalistes est intervenu quelques heures après la conférence de presse que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait donné, dimanche, indiquant avoir donné l’ordre à l’armée d’autoriser un plus grand nombre de journalistes de la presse internationale à travailler sous son contrôle dans la bande de Gaza.
Il a toutefois dicté la conduite à suivre à ces journalistes :
« Les journalistes seraient témoins des initiatives déployées par Israël pour nourrir les civils, des Gazaouis luttant contre le Hamas, et des efforts de l’armée israélienne visant à détruire les infrastructures terroristes. Presque tous les bâtiments sont piégés par le Hamas, et les destructions que le monde entier peut voir sont le fait de l’armée israélienne, qui démolit ces structures après en avoir évacué les civils », a-t-il dit selon The Times of Israel.
Ce paragraphe semble avoir été effacé lors d’une mise à jour de l’article en question sur cette conférence de presse.
« Il y a un problème pour assurer la sécurité, mais je pense que cela peut être fait de manière responsable et prudente afin de préserver votre propre sécurité », avait-il ajouté lors d’une conférence de presse, affirmant que la directive avait été donnée « depuis deux jours ». Il n’a cependant pas donné d’autres précisions, selon l’AFP.
Il a aussi menacé certains médias internationaux de poursuite judiciaire pour avoir rapporté les faits de la famine dans la bande de Gaza les accusant d’avoir gobé tout rond la propagande du Hamas ».