Au cours des dernières 24 heures, des dignitaires et des tribus arabes syriennes ont publié une série de déclarations appelant à une mobilisation générale en soutien à l’administration de transition de Damas et en prévision d’une confrontation militaire ouverte avec les Forces démocratiques syriennes (FDS).
Les FDS, « des traitres locaux, des séparatistes »
Ces déclarations ont été publiées successivement en réponse à l’appel au combat de Faraj al-Hamoud Al-Salama, cheikh de la tribu al-Nasser, appartenant aux clans d’Al-Bou Chaaban. Il a décrit les FDS comme « la lie de la terre, les voleurs de Qandil et leurs traîtres locaux ».
Sulayman Al-Mashi, représentant de la tribu al-Bou Chaaban, a confirmé que la tribu a décrété une mobilisation générale et permanente laquelle serait de vigueur jusqu’à la publication d’un communiqué officiel l’annulant, soulignant que « les ennemis n’ont pas encore rengainé leurs épées ».
D’autres tribus syriennes ont rejoint cette mobilisation hostile aux FDS à savoir : les Al-Bou Jaber, dirigée par Abu al-Mu’tasim, qui a affirmé son engagement à transcender les clivages tribaux et à « privilégier la patrie et la terre avant toute autre considération ». Elle a appelé à une large participation à la mobilisation « pour obtenir la liberté, la justice et la protection des droits ».
Dans la région de la « Nabaa as-Salam », les membres des tribus Al-Bou Shaaban, Al-Bou Dhaher, Al-Walda, Al-Huwaywat, Al-Afadleh, Al-Amirat et Al-Jaaabat ont déclaré une mobilisation générale contre les FDS, affirmant leur engagement à poursuivre cette mobilisation jusqu’à la réalisation de leurs objectifs.
De même, des notables et intellectuels de la tribu Bani Asid al-Hashemiya ont déclaré une mobilisation générale, se ralliant aux autres tribus et clans syriens, ainsi qu’au gouvernement syrien, pour lutter contre « les séparatistes et agents traîtres » dans l’est et le sud de la Syrie.
La tribu Bani Sa’id Al-Zubaidi de Manbij a également déclaré une mobilisation générale contre les FDS.
Mobilisation à Alep et affrontements
Lundi, les FDS avaient accusé des groupes affiliés à l’Autorité syrienne de transition (STC) de mener des provocations et de violer l’accord de cessez-le-feu dans plusieurs zones.
Cette coalition de milices à majorité kurde qui est soutenue par les Etats-Unis a expliqué que ces groupes ont entrepris des « activités suspectes » il y a plusieurs jours, notamment autour de la localité de Deir Hafer dans la province est d’Alep et les villages environnants. Les FDS ont averti dans un communiqué que la poursuite de ces violations pourrait les inciter à riposter en légitime défense.
Selon les FDS, d’autres groupes affiliés au gouvernement de Damas continuent de se rassembler autour des quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh dans la ville d’Alep, intensifiant leurs patrouilles, et que des drones survolaient régulièrement ces deux quartiers. Elles ont précisé que l’un de ces drones avait bombardé les abords de Cheikh Maqsoud.
Les FDS ont affirmé que ces actions constituent une violation flagrante du cessez-le-feu conclu le 10 mars, entre le président syrien par intérim Ahmad al-Charaa et le commandant des FDS, Farhad Abdi Shahin, reconnaissant la communauté kurde comme partie intégrante de l’État et garantissant ses droits nationaux et constitutionnels ainsi que l’accord conclu par les conseils des quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh avec le gouvernement syrien le 1er avril.
Elles ont souligné que ces actions suscitaient le mécontentement des habitants à majorité kurde des deux quartiers et mettaient en danger leur sécurité.
Les FDS ont appelé le gouvernement syrien à « contrôler le comportement de ses éléments indisciplinés », avertissant que la poursuite de ces actions pourrait conduire à l’effondrement des accords et des ententes, et soulignant la nécessité d’éviter tout ce qui menace la paix civile dans la ville d’Alep et ses environs.
Ce mardi, les médias syriens ont rapporté qu’un soldat syrien a été tué dans des échanges de tirs entre les forces gouvernementales et des groupes FDS sur l’axe de Deir Hafer, dans la province est d’Alep.
Conférence de Hassaké pour les minorités: la décentralisation
Le samedi 9 août, une source gouvernementale syrienne avait protesté contre la tenue d’une conférence pour les minorités, organisée le jour-même à Hassaké, dans le nord-est contrôlé par les FDS.
Cette rencontre a réuni plus de 400 personnalités qui représentent l’Administration autonome kurde, ainsi que certains représentants des tribus sunnites et des minorités syriaques, turkmènes, yézidies, assyriennes et chrétiennes.
Par vidéo conférence, sont intervenus cheikh Hekmat al-Hijri, le chef religieux de la communauté druze de Soueïda et cheikh Ghazal Ghazal, le chef du Conseil suprême islamique alaouite en Syrie alaouite vivant en exil.
Les participants ont réclamé dans le communiqué final l’élaboration d’une constitution qui aboutisse à un système politique démocratique décentralisé qui garantisse l’égalité, la justice et la participation effective de toutes les composantes du peuple syrien dans le processus politique et administratif.
Des sources syriennes estiment que l’Administration autonome kurde a réussi en une seule journée à réaliser ce que d’autres autorités n’avaient pas réussi à réaliser au cours des derniers mois, en réunissant toutes les composantes du peuple syrien sous un même toit.
Une décentralisation administrative seulement
Qualifiant cette rencontre de « coup porté » aux négociations en cours avec les FDS, la source gouvernementale syrienne a accusé les organisateurs de la conférence « d’avoir accueilli des personnalités séparatistes et impliquées dans des actions de violence ».
Selon elle, cette rencontre « ne représente pas de cadre national unificateur » mais comprend « des parties qui sont lésées par la victoire du peuple syrien ». L’accusant de « vouloir internationaliser la question syrienne et d’attirer l’ingérence étrangère. »
« Nous refusons toute vision sur la forme que devrait prendre le système politique syrien par la force et les armes », a assuré la source gouvernementale de Damas indiquant que celle-ci « serait décidé via une constitution permanente et un référendum populaire avec la participation de tous les Syriens ».
Elle a aussi menacé de ne pas participer aux réunions de Paris parrainées par les Etats-Unis et la France.
Selon les observateurs, Damas accepte une décentralisation administrative mais refuse une décentralisation politique. Contrairement aux attentes de l’Administration autonome kurde et des autres composantes syriennes minoritaires, surtout après les massacres et les affrontements perpétrés dans la province druze de Soueïda et sur le littoral où vit la communauté alaouite.
Source: Divers