« L’accord de cessez-le-feu est entré en vigueur à midi locale (09H00 GMT) », a déclaré au milieu dela journée de ce vendredi l’armée d’occupation israélienne.

Le gouvernement israélien avait indiqué tôt vendredi avoir approuvé la première phase de l’accord de cessez-le-feu à Gaza et de libération des prisonniers après de fortes pressions du président américain, Donald Trump, pour mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien.
« Le gouvernement vient d’approuver le cadre pour la libération de tous les otages – qu’ils soient vivants ou décédés », indique le bureau du gouvernement, permettant l’entrée en vigueur de l’accord.
Avant d’être entériné par le gouvernement, l’accord a été validé par le cabinet de sécurité israélien. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir (extrême droite), s’y est opposé.
Les deux envoyés de Trump Steve Witkoff et son genre Jared Kushner avaient auparavant participé à cette réunion jeudi soir, sur fond du rejet du ministre de la Sécurité Itamar Ben Gvir de tout accord, au motif que « le Hamas veut nous tuer ». Kushner assurant qu’il y aura recours a la force sir l’accord menace la sécurité d’Israël.
« La libération des captifs devrait mettre fin à la guerre »
La libération des captifs « devrait mettre fin à la guerre », a déclaré le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, affirmant avoir « reçu des assurances de la part des frères médiateurs et de l’administration américaine, confirmant toutes que la guerre est complètement terminée ».
Sur les 251 personnes prises en captivité et emmenées à Gaza ce jour-là, 47 y sont toujours retenues, dont au moins 25 seraient mortes, selon l’armée d’occupation. L’offensive de représailles israélienne a fait près de 70 mille martyrs palestiniens, blessé plus de 170 mille et provoqué un désastre humanitaire dans la bande de Gaza.
Selon un responsable du Hamas, les captifs vivants seront libérés contre près de 2.000 prisonniers palestiniens détenus par Israël, « simultanément à des retraits israéliens spécifiques (de Gaza) et une entrée de (davantage) d’aides humanitaires ». Il n’a pas mentionné les captifs morts.
Cet accord conclu la nuit précédente en Egypte s’intègre dans un plan de paix en 20 points pour Gaza annoncé le 29 septembre par M. Trump, après deux ans d’une guerre génocidaire dévastatrice contre la bande de Gaza déclenchée après l’attaque sans précédent du mouvement de résistance palestinien Hamas dans l’enveloppe de Gaza le 7 octobre 2023.
Images de Jabalia
Images du quartier cheikh Radwan au nord-ouest de Gaza-ville
L’Autorité de radiodiffusion israélienne a rapporté que la trêve comprenait la suspension de toutes les opérations militaires, y compris les bombardements aériens et d’artillerie et les opérations terrestres à l’intérieur de la bande de Gaza.
L’autorité a ajouté que pendant les 72 premières heures de la trêve, les opérations de surveillance aérienne israéliennes seront suspendues dans les zones d’où « l’armée » s’est retirée, une mesure décrite comme faisant partie des arrangements d’apaisement et garantissant la mise en œuvre de l’accord sur le terrain.
La signature intervient après quatre jours de négociations indirectes en Egypte ayant impliqué plusieurs acteurs internationaux dont les Etats-Unis.
Le président Trump a dit qu’il prévoyait de partir pour le Moyen-Orient. « Les otages rentreront lundi ou mardi. Je serai probablement là. J’espère être là. Nous prévoyons de partir dimanche, et j’ai hâte d’y être », a-t-il dit.
« Israël » contrôlera 53% de la bande de Gaza
« Tous nos otages, vivants et décédés, seront libérés (au plus tard) 72 heures (après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu), ce qui nous amène à lundi », a précisé à l’AFP Shosh Bedrosian, une porte-parole du bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Trump a toutefois observé que les corps de certains otages seraient « un peu difficiles à trouver ».
Dans les 24 heures suivant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, l’armée israélienne se retirera de zones où elle est déployée, mais gardera le contrôle de 53% du territoire de la bande de Gaza, selon Mme Bedrosian.
Faisant état de la poursuite des bombardements israéliens, un responsable de la Défense civile de Gaza Mohammad Al-Moughayyir a annoncé vendredi que les forces israéliennes s’étaient retirées de plusieurs zones de la bande de Gaza.
A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, « les véhicules israéliens se sont retirés des parties sud et centrale de la ville vers les zones est », a-t-il indiqué.
Retrait de l’unité Nahal
Des habitants de la bande de Gaza ont également déclaré à l’AFP que l’armée israélienne s’était retirée des positions qu’elle occupait jeudi.
L’armée d’occupation a indiqué vendredi dans un communiqué que « pendant la nuit les troupes du commandement sud avaient ajusté leurs positions opérationnelles dans la bande de Gaza ».
Retrait de l’unité Golani
L’armée sera redéployée sur la « ligne jaune » à mesure qu’elle se retirera progressivement, conformément au plan de cessez-le-feu du président américain Donald Trump, a indiqué jeudi à des journalistes Shosh Bedrosian, porte-parole du bureau du Premier ministre israélien.
Ce dernier a remercié M. Trump « pour ses efforts de leadership mondial ayant permis de rendre tout cela possible ».
Il a jugé, tout comme le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, que le président américain « mérite » le prix Nobel de la Paix.
Les tirs israéliens se sont poursuivis ce vendredi

Les médias palestiniens avaient rapporté jeudi soir des raids aériens, des bombardements d’artillerie et des tirs de feu meurtriers dont l’un d’entre eux sur une maison à l’ouest de Gaza-ville tuant au moins 4 personnes, en blessants 9, et ce avant la réunion du cabinet ministériel israélien qui devait discuter de l’accord pour lui donner son approbation.
Ce vendredi Mughayyir a indiqué que des combats se poursuivaient à Gaza.
« Les tirs n’ont pas cessé jusqu’à présent. L’armée israélienne a pris pour cible des équipes municipales de Gaza au nord du quartier de Sheikh Radwan (dans la ville de Gaza) » a-t-il dit, ajoutant qu’un employé municipal avait été tué par des tirs israéliens.
Il a déclaré à l’AFP qu’un autre homme avait été tué par des tirs israéliens à Khan Younès vendredi.
Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile, a indiqué à l’AFP que des avions de combat israéliens avaient survolé Gaza à basse altitude vendredi.
Il a ajouté que ses équipes avaient signalé des frappes aériennes et des tirs d’artillerie dans le nord du territoire, en particulier dans la ville de Gaza où l’armée israélienne menait une offensive intensive avant l’accord de cessez-le-feu.
La fin de la guerre et non un cessez-le-feu
Interrogé par la chaîne qatarie Al Araby, Oussama Hamdane, un haut responsable du Hamas, a fourni en détails les termes de l’accord.
Selon lui, il stipule un cessez-le-feu définitif et la fin de la guerre dans la bande de Gaza, et non un cessez-le-feu, notant que le cessez-le-feu est censé entrer en vigueur à 12h00, heure de Palestine. Appelant la communauté internationale à surveiller le comportement d’Israël, il a souligné que la pierre d’achoppement résidait dans la présence de l’occupation.
« Le point principal de cet accord est de mettre fin à la guerre, et cela est censé être annoncé officiellement. Je pense que l’échange n’aura pas lieu tant que cela ne sera pas annoncé », a-t-il insisté.
« Les médiateurs étaient censés annoncer la fin de la guerre, mais ils ont laissé cette tâche au président américain Donald Trump, qui avait lancé l’initiative et soutenu les efforts des médiateurs », a-t-il soutenu.
Il a souligné : « Quiconque annonce un cessez-le-feu doit garantir le respect continu par Israël des accords qui seront conclus. »
Les trois piliers de l’accord
Hamdane a expliqué que le plan repose sur trois piliers : « un cessez-le-feu, un accord d’échange, le retrait de l’armée israélienne et l’ouverture des cinq points de passage pour l’aide humanitaire. Le déploiement débutera dès le premier jour avec 400 camions et atteindra 600 d’ici quelques jours. »
Quant à la deuxième phase, a-t-il poursuivi, elle implique « le transfert de l’administration de la bande de Gaza à un comité technocratique palestinien, précisant que les factions ont proposé 40 noms pour assumer cette responsabilité ».
Il a ajouté qu’un accord sera ensuite conclu pour « gérer nos affaires dans un cadre national global, sans ingérence israélienne ».
S’agissant des captifs israéliens, Hamdane a déclaré : « La Résistance livrera tous ceux qui figurent sur la liste, vivants et morts, en sa possession. En contrepartie, nous attendons la libération de 250 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité et de 1 700 prisonniers enlevés à Gaza pendant la guerre. »
Il a ajouté : « Nous avons inclus les noms de tous les dirigeants dont nous avons demandé la libération sur la liste des prisonniers. Conformément à l’accord de principe conclu plus tôt cette année, la question des prisonniers sera examinée en fonction de leur ancienneté et de la durée de leurs peines. »
Ligne jaune. Des chars au milieu des zones résidentielles
Le haut-responsable du Hamas a indiqué que le Hamas exigeait la modification de la ligne jaune, qui traverse des zones résidentielles. Il a déclaré : « Il est anormal que des chars d’occupation restent au milieu de zones résidentielles. Nous avons engagé un dialogue difficile sur cette question. »
Il a souligné que le retrait devrait débuter demain, vendredi ou vendredi soir, d’autant plus que « le processus de libération des prisonniers nécessite des dispositions et des procédures sur le terrain, et que des sites doivent être évacués pour faciliter les déplacements des résistants pendant le transfert et la libération des prisonniers ».
Selon lui, « la première phase sera achevée dans quelques jours et elle permettra d’obtenir un gain fondamental pour le peuple palestinien : la cessation de la guerre ».
« Les procédures, arrangements et négociations ultérieurs pour les deux phases suivantes se dérouleront dans le cadre d’une cessation des hostilités », a-t-il enchaîné.
Désarmement de la résistance : l’obstacle de l’occupation
Concernant la question du désarmement, Hamdane a déclaré : « L’obstacle n’est pas lié au nom ou à l’existence d’un mouvement particulier. Il est lié à l’existence de l’occupation et à la nécessité d’y mettre fin. » « Nous avons besoin d’un accord palestinien sur la question de la libération, ses outils et ses mécanismes. Quel que soit l’accord palestinien, il doit nous convenir à tous. Par conséquent, si la question est laissée aux mains des Palestiniens, ce sera facile. »
Le président américain avait assuré jeudi qu’il y aurait de tels » désarmement » et « retrait », sans toutefois fournir d’échéance et précisant que la priorité était le retour des captifs.
Selon Hamdane, les négociations pour la deuxième phase du plan Trump devraient commencer « immédiatement » après la signature de l’accord sur la première phase. Elle devrait porter notamment sur un désarmement du Hamas et un retrait des troupes israéliennes.
Pas de retour à l’ère du mandat et du colonialisme
Hamdane a réaffirmé que le Hamas n’est pas le seul à rejeter l’occupation, mais que tout le monde la rejette, « et nous sommes parvenus à un consensus national sur le fait que cette occupation ne peut être levée que par la confrontation et la résistance. »
Interrogé sur l’accord qui prévoit aussi la création d’un « comité de la paix » présidé par Trump lui-même et l’ex-premier ministre britannique Tony Blair pour superviser le gouvernement de transition à Gaza, il l’a rejeté.
« Aucun Palestinien ne pourrait accepter. Toutes les factions, y compris l’Autorité palestinienne, rejettent le retour à l’ère du mandat et du colonialisme », a-t-il souligné.
« Ce qui s’est passé aujourd’hui est un moment historique », a déclaré, pour sa part le président palestinien, Mahmoud Abbas, dans entretien accordé à une télévision israélienne – fait rare selon l’AFP -, dans lequel il dit souhaiter « la paix, la sécurité et la stabilité » entre les Palestiniens et Israël.
200 militaires américains déployés. La Turquie prête
Deux cents militaires américains seront également mobilisés pour « superviser » et « observer » la mise en œuvre de l’accord sur Gaza, a indiqué un haut responsable américain jeudi sous couvert de l’anonymat.
Les forces armées turques se tiennent « prêtes à assumer toute mission qui leur sera assignée » dans le cadre d’un maintien de la paix à Gaza, a annoncé vendredi une source au ministère de la Défense.
« Nos forces armées turques, expérimentées dans l’établissement et le maintien de la paix, sont prêtes à assumer toute tâche qui leur sera confiée », a déclaré ce responsable à la presse en réponse à une question.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait affirmé jeudi que son pays souhaite participer à tout mécanisme chargé de la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu à Gaza.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a également précisé la nuit dernière à Paris qu’une « équipe composée des Etats-Unis, de l’Egypte, de la Turquie et du Qatar jouerait un rôle de facilitateur, chargé de veiller à l’application des détails de l’accord et en discuterait avec les deux parties », Israël et le mouvement palestinien du Hamas.
Il a précisé que ces pays mentionnés joueraient le rôle de « médiateurs ».
Source: Divers