Lancée le 26 mai dernier, la bataille Al-Fajr Al-Koubra bat son plein. En une semaine à peu près, l’armée syrienne et ses alliés ont réussi à contrôler de vastes surfaces du désert d’Al-Badia dans les deux provinces de Homs et Damas, et sont aussi parvenues à s’étendre dans la province de Souweïda au nord-est.
Cette opération a délimité les objectifs militaires de la bataille: empêcher les Américains et leurs acolytes de se déployer dans le désert syrien, prendre en main la frontière avec l’Irak et réaliser la continuité territoriale avec le Hachd al-Chaabi en Irak.
L’opération inclut bien entendu Deir Ezzor vers où l’armée devrait se diriger pour briser le siège infligé par Daesh à l’armée depuis trois années et assiéger la milice wahhabite à son tour.
Prêts à mener le jeu du bord du gouffre
La vitesse avec laquelle cette opération a été réalisée a pris à l’improviste les Américains qui, depuis la Jordanie, avaient formé des milices syriennes destinées elles aussi à s’emparer de ces zones. Il y a eu le raid américain sur l’axe de Zaza, les tracts qui ont été largués, exigeant un rayon de 55 km autour de leur base al-Tanaf. Sans pour autant intimider les forces syriennes gouvernementales et leurs alliés.
« Quoiqu’il arrive, nous ne permettrons pas aux Américains de les prendre (la frontière et le désert). L’opération d’Al-Zaza et la progression vers al-Tanaf étaient des messages adressés aux Américains, aux Jordaniens et aux autres, que nous sommes disposés à mener avec eux le jeu du bord du gouffre sur les dernières lignes de démarcation », a affirmé pour le journal libanais al-Akhbar un haut-officier militaire, sous le couvert de l’anonymat.
Dans la phase suivante, un corridor de plusieurs dizaines de kilomètres devrait être ouvert en direction de la frontière avec l’Irak, à 55km au nord-ouest d’al-Tanaf.
« De la sorte, nous couperons le chemin aux Américains pour qu’ils ne puissent pas s’étendre vers al-Badia », poursuit cette source.
« Qui va donc affronter l’armée ? Les groupes armés sous le commandement de Washington ne tiendront pas. Plusieurs choix s’imposent : le premier est que les Américains interviennent en personne pour empêcher l’avancée de nos troupes. Le second est de laisser le champ libre à Daesh, dans le cadre d’un accord à Raqqa avec les Kurdes et les pousser en grands nombres vers Tadmor (Palmyre) », explique-t-il.
Or cette ville historique requiert une grande importance de point de vue militaire pour la Badia syrienne. Depuis sa seconde libération, elle est devenue le centre de commandement et de gestion des combats et renferme le gros lot de la présence militaire russe dans l’est syrien.
Et le haut officier de poursuivre : « à l’heure actuelle, il y a un axe d’opération au nord de Tadmor, mais il est lent et son but consiste à prendre le contrôle d’Arak et de toute la région qui l’entoure, laquelle comporte les puits de pétrole et permet de sécuriser une fois pour toute Tadmor, après avoir sécurisé le champ pétrolier d’al-Chaer et la zone du Sud de Tadmor et son Est».
Ce qui devrait ouvrir la voie vers Deir Ezzor, selon al-Akhbar et faire avorter les plans américains destinés à pousser Daesh vers Tadmor.
Et si les Américains interviennent en personne ?
« Nous n’avons aucun problème à affronter les Américains s’ils décident de le faire. Nous avons combattu leurs délégués pendant les années de la guerre. Cette étape est cruciale et décisive. Nous déploierons tous nos efforts pour réaliser la victoire. Avec l’armée syrienne et les autres alliés, nous sommes entièrement d’accord sur la priorité de prendre en main les frontières et d’empêcher les Américains de réaliser leurs objectifs. A ce stade, il n’y a pas d’échappatoire. Il faut à tout prix remporter la victoire ».
C’est un responsable de la Résistance qui a tenu ces propos.