Le président français, Emmanuel Macron, dit ne pas voir de successeur légitime à Bachar al-Assad dans la situation que connaît actuellement la Syrie, où ses priorités sont la lutte contre les groupes « terroristes » et la stabilité du pays.
La destitution d’Assad, pas « un préalable à tout ». Dans un entretien à huit quotidiens européens publié mercredi sur internet, le président français ajoute que « le vrai aggiornamento que j’ai fait (…), c’est que je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar al-Assad était un préalable à tout. Car personne ne m’a présenté son successeur légitime ! », dit-il.
S’agissant de la lutte contre le terrorisme, M.Macron a dit : « Mes lignes sont claires. Un : la lutte absolue contre tous les groupes terroristes. Ce sont eux, nos ennemis. (…) Nous avons besoin de la coopération de tous pour les éradiquer, en particulier de la Russie. Deux : la stabilité de la Syrie, car je ne veux pas d’un Etat failli. »
La France pourra frapper seule la Syrie
Le président français a toutefois affirmé que son pays n’hésitera pas à bombarder le territoire syrien afin de détruire des stocks d’armes chimiques.
«S’il est avéré que des armes chimiques sont utilisées sur le terrain et que nous savons en retracer la provenance», Paris sera en mesure de bombarder seule afin de «détruire les stocks d’armes chimiques identifiés», a affirmé le locataire de l’Élysée.
«L’utilisation d’armes chimiques donnera lieu à des répliques, y compris de la France seule. La France sera d’ailleurs à cet égard parfaitement alignée avec les États-Unis», a-t-il poursuivi.
Besoin de coopérer avec Moscou
En outre, le Président français a souligné l’importance de la coopération avec Moscou, indispensable pour mettre un terme aux hostilités dans la région.
«Nous avons besoin de la coopération de tous pour les éradiquer (les terroristes, ndlr), en particulier de la Russie. […] Réussir à travailler ensemble sur la Syrie pour lutter contre le terrorisme et déboucher sur une vraie sortie de crise, je pense que c’est faisable», a conclu M. Macron.
La guerre en Libye était une erreur
Sur un autre plan, le Président français a qualifié d’erreur la participation de son pays à l’intervention militaire en Libye en 2011.
La participation des Forces armées françaises à l’opération militaire en Libye en 2011 a été une erreur et la France doit éviter ce scénario en Syrie, a-t-il dit.
«Avec moi, ce sera la fin d’une forme de néo-conservatisme importée en France depuis dix ans. La démocratie ne se fait pas depuis l’extérieur à l’insu des peuples. La France n’a pas participé à la guerre en Irak et elle a eu raison. Et elle a eu tort de faire la guerre de cette manière en Libye. Quel fut le résultat de ces interventions? Des États faillis dans lesquels prospèrent les groupes terroristes. Je ne veux pas de cela en Syrie», a indiqué le Président Macron.
Le 19 mars 2011, une coalition réunissant plusieurs pays occidentaux, dont la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, a opéré des frappes aériennes sur les troupes du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Le 31 mars, ces raids ont été placés sous le commandement de l’Otan.
Des hostilités entre groupes armés rivaux ont éclaté en Libye suite au renversement et à l’assassinat de Mouammar Kadhafi en 2011. La plupart des pays occidentaux ont évacué le personnel de leurs missions diplomatiques de Tripoli. La Libye a été plongée dans le chaos politique où jusqu’alors œuvraient deux parlements.
Avec europe1 + Sputnik