Les sanctions américaines contre l’Iran se répercuteront également sur l’Union européenne: après la levée, il y a deux ans, des restrictions économiques contre Téhéran, les Européens sont devenus les principaux consommateurs des hydrocarbures iraniens. Selon le site RT.
«De notre point de vue, l’accord nucléaire a été enfreint, et nous auront une réaction appropriée et proportionnelle à ce problème», a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi.
Selon ce dernier, Téhéran a déjà préparé la liste de mesures de rétorsion en 16 points suite au durcissement des sanctions américaines. Abbas Araghchi n’a pas donné de détails sur les démarches prévues, mais a noté que plusieurs mesures concerneront la modernisation de l’armée nationale. En outre, l’Iran a adressé une plainte contre les actions de Washington à la commission internationale chargée de contrôler le respect du Plan d’action global commun.
Auparavant le conseiller en affaires internationales du dirigeant iranien, Ali Akbar Velayati, a déclaré aux journalistes que les autorités «avaient plusieurs façons de réagir aux agissements des USA sans enfreindre le Plan d’action».
La loi sur les sanctions
Rappelons qu’en juillet Washington a fait part de l’intention d’inscrire sur la liste noire 18 organisations et personnes soutenant le programme balistique de l’Iran. Neuf jours plus tard le sénat a adopté la loi sur la lutte contre les ennemis des USA au moyen de sanctions.
Ce document, prévoyant le durcissement des restrictions économiques américaines unilatérales contre la Russie, l’Iran et la Corée du Nord, a été signé par Donald Trump mercredi 2 août.
En particulier, les sanctions anti-iraniennes suggérées au président américain par le congrès seront dirigées contre le programme iranien pour le développement de missiles et contre les personnes responsables de violation des droits de l’homme.
Un paragraphe du texte indique les restrictions liées au terrorisme et au Corps des gardiens de la révolution islamique. Une section de la loi prévoit un embargo sur les livraisons d’armes dans ce pays.
Des accusations réciproques
Les nouvelles sanctions anti-iraniennes des USA sont dues au lancement réussi dans l’espace du porteur iranien Simorgh. Les Américains ont condamné les actions de Téhéran en déclarant qu’elles sont contraires à la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies. Le département d’Etat estime que ces lanceurs sont conçus comme des missiles et peuvent servir comme des vecteurs d’ogives nucléaires.
A leur tour, les autorités iraniennes ont accusé les USA de violer l’accord nucléaire. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères a déclaré que la fusée était destinée à envoyer des satellites en orbite et n’avait rien à voir avec l’accord nucléaire.
«Le nouveau projet de loi impose des sanctions contre l’Iran sous prétexte des droits de l’homme, du terrorisme, du programme balistique et d’autres excuses qui ne concernent pas l’arme nucléaire pour dissuader les gens à faire des affaires avec l’Iran», a souligné Abbas Araghchi.
Et de poursuivre que le pays remplit à part entière ses engagements dans le cadre de l’accord nucléaire.
Rappelons que le Plan d’action est entré en vigueur le 18 octobre 2015, et le 16 janvier 2016 a été annoncé le début de sa réalisation.
Conformément à ce plan, le Conseil de sécurité des Nations unies, les USA et l’UE ont levé les sanctions contre l’Iran par rapport à son programme nucléaire, qui étaient décrétées au début des années 2010, alors que Téhéran s’est engagé à placer ses élaborations nucléaires sous le contrôle international.
Les USA ont annulé à l’époque les sanctions financières et commerciales contre l’Iran en levant l’interdiction de vendre à ce pays des avions américains.
Cependant, les choses ne sont pas allées plus loin. Washington n’a toujours pas rempli tous ses engagements dans le cadre de l’accord nucléaire. A ce jour les USA doivent encore à l’Iran 2 milliards de dollars d’actifs bloqués.
Néanmoins, l’annulation des restrictions dans le cadre de cet accord a permis de rétablir les contacts financiers de Téhéran avec l’UE. En outre a été levée l’interdiction d’importer le pétrole et les produits pétroliers iraniens en UE, instaurée en 2012, et les investissements dans le secteur énergétique iranien ont été également autorisés.
Un ricochet sur l’UE
Après la levée des sanctions, l’Iran a commencé à revenir sur le marché pétrolier mondial. En février 2016 Téhéran a envoyé en Europe son premier cargo pétrolier. Et en juillet 2017 les livraisons du pétrole iranien en Europe atteignaient déjà un record depuis 5 ans — 2,2 millions de barils par jour.
L’UE estime que la loi américaine sur les nouvelles sanctions contre la Russie, l’Iran et la Corée du Nord pourrait infliger un préjudice aux intérêts économiques et énergétiques de l’UE en entraînant des conséquences imprévisibles.
Semen Bagdassarov, directeur du Centre d’étude du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, a noté que les nouvelles sanctions décrétées par les USA contre l’Iran affecteront plusieurs pays de l’UE.
«La réaction des Européens sera douloureuse. Ils font partie des principaux consommateurs des hydrocarbures iraniennes et considèrent le marché iranien comme une zone de leurs investissements. Et c’est là qu’un grand «stop» les attend. Bien sûr, ils réagissent négativement aux restrictions anti-iraniennes», pense l’expert.
D’après lui, les sanctions affecteront tout particulièrement l’Allemagne et la France, qui devait livrer à Téhéran 114 avions civils Airbus.
Les options
L’avis des experts interrogés de savoir si le durcissement des sanctions américaines servira de prétexte pour que l’Iran relance son programme nucléaire est partagé.
Semen Bagdassarov pense que les nouvelles restrictions sont un argument de poids pour les autorités iraniennes pour sortir du Plan d’action.
D’autre part, Karine Guevorguian, rédactrice de la rubrique Politique du magazine Vostok, affirme que l’accord nucléaire comporte d’autres garants, hormis les USA, et que les sanctions américaines unilatérales ne seront pas un prétexte pour que l’Iran quitte l’accord, car il a des engagements envers d’autres pays signataires du Plan d’action.
Dans le même temps, les orientalistes s’entendent à dire que le motif avancé par les USA pour décréter les nouvelles sanctions anti-iraniennes est complètement infondé.
«Les essais d’un lanceur de 1.000 km de portée n’a aucun intérêt pour l’Iran, qui dispose de Shahab d’une portée de presque 3.000 km. Ce lancement était un prétexte infondé. Simplement pour s’accrocher à quelque chose», a conclu Semen Bagdassarov.
Source: Sputnik