La revue d’information en ligne Maghreb Intelligence a publié le mardi 7 novembre un article, rédigé par Skander Salhi, qui révèle un complot des États-Unis destiné à « pakistaniser » l’Algérie.
C’est un projet qui remonte à Robert S. Ford, le diplomate américain qui a roulé sa bosse dans les capitales les plus « chaudes » du monde arabe, notamment Damas et Bagdad. Lorsqu’il était en poste à Alger en 2006, ce diplomate chevronné a procédé à une étude approfondie des services de sécurité algériens et de son institution militaire. Le diplomate américain a rencontré dans la discrétion la plus totale de nombreux chefs des services secrets, de la police algérienne (DGSN) et de hauts responsables de l’armée algérienne.
À partir de toutes ces rencontres, il dressera en 2007 une feuille de route remise au département d’État américain sous l’administration Bush, avec l’orientation suivante : faire de l’Algérie le « Pakistan » de l’Afrique, à savoir l’allié militaire de Washington au Maghreb et dans le Sahel. L’objectif du diplomate américain est de pousser les autorités algériennes à renforcer leur coopération militaire avec les États-Unis, et de mener le plus régulièrement possible des opérations sur le terrain, à condition toutefois que l’Algérie s’aligne sur le programme politique américain dans la région.
Un plan qui n’a pas soulevé l’enthousiasme des décideurs algériens, tandis que pour Robert S. Ford une forte « sécuritocratie » en Algérie est un précieux rempart contre l’avancée de l’islamisme radical dans la région, d’autant que le diplomate américain craignait un développement dangereux du fanatisme en Algérie, en Mauritanie, en Libye, ainsi que dans les pays du Sahel. Cette option devait contraindre les dirigeants algériens à des concessions pour se conformer à l’agenda américain.
Depuis 2014, Joan Polaschik, ancienne ambassadrice des États-Unis à Alger, a tout tenté pour concrétiser ce projet. Mais en dépit de la prédominance du président Abdelaziz Bouteflika sur les dignitaires de l’armée et du DRS, la « pakistanisation » ne convainc toujours pas une Algérie qui se méfie de l’Amérique, et qui demeure attachée à ses relations militaires particulières avec la Russie. Joan Polaschik peinera à organiser des rencontres fructueuses entre les militaires algériens et américains.
Cependant, les troubles qui éclatent au nord du Mali et les avancées inquiétantes de Boko Haram au nord du Nigéria ainsi que les événements sanglants en Libye vont faire évoluer l’Algérie, qui va céder aux sirènes de l’administration américaine en renforçant la coopération avec la CIA et les diverses agences de renseignement américain. Les services algériens vont même fournir des informations précieuses aux militaires américains qui se déploient en toute clandestinité au Niger, au Mali et en Libye.
Source : Maghreb Intelligence