La Maison Blanche a accusé samedi les démocrates de prendre les Américains « en otage » après l’échec des négociations au Congrès sur un compromis budgétaire qui a entrainé une fermeture partielle des administrations pour le première fois depuis 2013.
« Ce soir, (les démocrates du Sénat) ont placé la politique au-dessus de notre sécurité nationale », a indiqué Sarah Sanders, porte-parole de Donald Trump. « Nous ne négocierons pas sur le statut d’immigrants illégaux pendant que les démocrates prennent en otage les citoyens respectueux du droit avec leurs exigences irresponsables », a-t-elle ajouté, laissant augurer de difficiles négociations dans les jours à venir.
Malgré d’intenses tractations ces derniers jours, la majorité républicaine, l’opposition démocrate et la Maison Blanche n’ont pu s’entendre sur un budget, même temporaire, qui aurait permis d’éviter ce « shutdown » entré en vigueur à 00H00 (05H00 GMT) ».
La fermeture de l’administration « était 100% évitable », a affirmé le patron des sénateurs républicains, Mitch McConnell, à l’adresse des démocrates.
« Ce sera appelé le Trumpshutdown car personne, personne ne mérite autant que le président Trump d’être jugé responsable de la situation dans laquelle nous nous trouvons », lui a répondu le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer.
Les républicains, majoritaires avec 51 sièges au Sénat, n’ont obtenu que 50 voix, loin des 60 voix (sur 100) nécessaires en faveur d’une extension pour quatre semaines, jusqu’au 16 février, du budget fédéral.
Il s’agit du premier « shutdown » depuis octobre 2013 –sous l’administration Obama– qui avait duré 16 jours. Il se traduira par la mise au chômage technique sans paie de plus de 850.000 employés fédéraux considérés comme « non essentiels » au fonctionnement de l’administration.
Il était impossible de savoir combien de temps durerait cette nouvelle fermeture, les tractations entre les deux partis devant très vite reprendre. Une nouvelle réunion du Sénat, destinée à adopter une extension du budget jusqu’au 8 février, était prévue samedi en milieu de journée.
Chuck Schumer a demandé au président de convoquer d’urgence une réunion à la Maison Blanche avec les leaders des deux partis pour trouver un compromis. Les démocrates ont indiqué qu’ils n’accepteront de voter pour un texte que s’il pérennise la régularisation de 690.000 jeunes immigrés au statut précaire, les « Dreamers ».
Le directeur du Budget à la Maison Blanche, Mick Mulvaney, a envoyé une note aux services fédéraux leur demandant de se préparer pour « un shutdown dans le bon ordre ». Les premiers effets devraient se faire sentir lundi. Les activités de nombreuses agences fédérales, comme les services fiscaux, seront réduites mais les services de sécurité seront globalement épargnés. Les 1,4 million de militaires américains poursuivront leurs opérations mais sans être payés.
« Notre pays a été fondé par des génies mais il est dirigé par des idiots », a lancé le sénateur républicain de Louisiane John Kennedy, résumant d’un trait d’esprit l’ambiance générale.
Les démocrates estiment que les républicains qui ont tous les leviers du pouvoir –Maison Blanche, Chambre des représentants, Sénat– seront tenus pour responsables de la paralysie et paieront le prix fort. Les républicains espèrent se servir du « shutdown » pour punir les sénateurs démocrates qui brigueront un nouveau mandat dans dix Etats remportés par Donald Trump à la présidentielle. Quatre d’entre eux, selon les médias, ont d’ailleurs voté avec les républicains vendredi soir.
Mais selon un sondage du Washington Post et d’ABC publié vendredi, 48% des Américains estiment que les républicains seraient responsables d’un éventuel blocage, contre 28% pour les démocrates.
Source: Avec Sputnik + AFP