Les combattants des forces de mobilisation irakiennes (Hachd Chaabi, en arabe) ont nettement progressé ce mercredi vers la ville de Tal-Afar. Plusieurs affrontements ont opposé les soldats du Hachd Chaabi aux miliciens terroristes de Daesh, dans les localités sud de cette région, a rapporté le correspondant d’AlManar.
Et de poursuivre : Lors de leur avancée vers Tal-Afar les militaires du Hachd Chaabi ont libéré les localités de Khabirat et Oum al-Izam au sud de Mossoul.
Cette ville se trouve sur un axe vital pour Daesh entre la frontière syrienne et Mossoul et la Mobilisation populaire a été chargée par les autorités irakiennes de le couper.
Mise en garde du Premier ministre irakien à la Turquie qui déploie des troupes
Entre-temps, le Premier ministre irakien a averti mardi la Turquie qu’elle serait traitée en « ennemi » si elle provoquait un affrontement dans le nord de l’Irak, tout en affirmant qu’il ne souhaitait pas la guerre avec Ankara.
La Turquie a envoyé mardi un convoi militaire d’une trentaine de véhicules transportant notamment des chars et des pièces d’artillerie vers une zone proche de la frontière avec l’Irak, selon des responsables militaires, cités par l’AFP.
Ankara a plusieurs fois indiqué qu’elle entendait jouer un rôle dans le cadre de l’offensive des forces irakiennes visant à libérer la ville de Mossoul du groupe takfiro-wahhabite Daesh (EI) mais Bagdad a toujours fermement refusé l’implication de son voisin et a même dénoncé une « force d’occupation ».
L’Irak réclame en effet que la Turquie retire ses troupes stationnées sur une base au nord de Mossoul, à Bachiqa, sous prétexte qu’elles effectuent officiellement des missions de formation auprès de combattants volontaires irakiens.
« Nous ne voulons pas la guerre et nous ne voulons pas d’affrontement », a affirmé mardi soir le Premier ministre irakien à la télévision irakienne.
« Mais en cas d’affrontement, nous sommes prêts. Nous considèrerons (la Turquie) comme un ennemi et nous nous en occuperons comme tel », a prévenu Haider al-Abadi.
Selon le ministre turc de la Défense Fikri Isik, le déploiement en cours s’explique par des « développements régionaux importants », en référence à l’offensive sur Mossoul et aux opérations turques contre les rebelles kurdes dans le sud-est de la Turquie.
« La Turquie se prépare à l’avance pour tout ce qui peut arriver », a-t-il ajouté, cité par l’agence progouvernementale Anadolu.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a ainsi prévenu samedi que son pays prendrait des mesures si les membres du Hachd Chaabi « semaient la terreur » à Tal-Afar.
Ankara redoute par ailleurs que des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation qu’elle considère comme « terroriste » et qu’elle combat dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, s’implantent dans la région de Sinjar (nord de l’Irak).
Intensification des combats autour de Mossoul
Les combats s’intensifiaient ce mercredi à la périphérie de Mossoul. Les miliciens de Daesh tentaient notamment de résister aux forces d’élite du contreterrorisme (CTS) dans le village de Gogjali, à la sortie est de Mossoul, a constaté une journaliste de l’AFP.
Le crépitement des armes automatiques était entendu à l’arrière de la ligne de front, située à environ 600 m de la deuxième ville d’Irak.
Dans la zone déjà conquise de Gogjali, un soldat irakien brandit un drapeau noir de l’organisation takfiro-wahhabite. « On l’a enlevé et on a planté le drapeau irakien à la place », explique Mohammed Ali qui, comme ses camarades, cherche à déloger les derniers terroristes.
C’est au sud de Gogjali que les forces irakiennes ont pénétré mardi dans Mossoul proprement dite pour la première fois depuis la prise de la ville par Daesh en juin 2014.
Sur les autres fronts, les forces irakiennes étaient mercredi à deux kilomètres au nord de la ville alors que celles attaquant du sud, qui ont le plus de terrain à couvrir, s’approchaient de Hamam al-Alil, à une trentaine de km de Mossoul.
La plupart des responsables tablent sur une opération longue. Depuis le 17 octobre, les forces irakiennes ont déjà eu à faire face à de nombreux attentats suicide, d’engins piégés et de tirs de mortiers.
Mardi, les forces irakiennes ont d’ailleurs pu déjouer un attentat suicide grâce à un émetteur radio pris aux takfiristes.
« J’ai laissé (les kamikazes) derrière la butte de terre. Dès qu’ils (les forces irakiennes) avancent, ils (les kamikazes) sortiront à leur rencontre », a dit un takfiriste sur les ondes, dans une conversation entendue par un journaliste de l’AFP présent avec l’armée.
Un officier a alors ordonné à deux véhicules militaires de s’approcher pour faire sortir ces candidats au suicide de leur cachette puis de rebrousser chemin pour les laisser exposés à une attaque. Une frappe aérienne a ensuite scellé leur sort.
Source: Divers