L’ancien conseiller adjoint du conseil de sécurité israélien, Eran Etzion, avoue être saisi de panique même à l’idée d’une guerre avec l’Iran.
Dans une interview avec le journal israélien Haaretz publiée ce lundi 9 juillet, l’ancien conseiller adjoint du conseil de sécurité israélien s’attarde sur les points faibles stratégiques et structurels du régime israélien et surtout, son incapacité à faire sortir l’Iran de la Syrie.
« La guerre avec l’Iran est une chose que je ne pourrais même pas imaginer », a affirmé Eran Etzion, l’ancien conseiller adjoint à la sécurité israélienne qui, avant d’adhérer au conseil de sécurité israélien, avait commencé en 1992 une carrière de diplomate au sein du ministère des Affaires étrangères.
Eran Etzion ne cache pas sa vive inquiétude de voir une nouvelle guerre se déclencher dans la région.
« À l’heure actuelle, l’endroit le plus instable est la Syrie, où nous sommes déjà impliqués dans une sorte de guerre de faible intensité. Mais la situation pourrait sans doute s’aggraver et il faut dire que c’est la Russie qui nous en a tenu à l’écart jusqu’ici. [Le Premier ministre] Benjamin Netanyahu réitère constamment que notre objectif consiste à faire sortir les Iraniens de toute la Syrie et certains responsables [israéliens] répètent ses déclarations. Ce n’est tout simplement pas un objectif que nous pourrons réaliser et l’insistance sur ce point risque de déboucher sur une guerre dans une situation déjà instable, impliquant les Iraniens, les milices pro-iraniennes et le Hezbollah, mais aussi la Turquie. La solution finale serait formulée par les Russes, qui se targuent d’être un acteur régional capable de négocier avec tout le monde. Pourtant, l’histoire qu’ils racontent aux Iraniens diffère de celle qu’ils racontent aux Israéliens. Ce qui est certain c’est que les États-Unis s’occupent de retirer leurs forces. Des événements très dangereux sont en cours : Israël et l’Iran connaissent plus que jamais des frictions militaires directes et il existe une forte probabilité de voir cette situation se solder à une guerre en bonne et due forme. »
L’ancien diplomate chevronné israélien éclaircit en ces termes son inquiétude :
« (…) Si le Hezbollah entre dans le conflit, la destruction et la dévastation à Tel-Aviv et dans d’autres localités urbaines en Israël seront à une échelle que nous n’avons jamais connue auparavant. Et nous n’aurons aucun moyen de l’éviter. Nous aurons cependant le moyen d’y répondre, mais je ne sais pas exactement qui se consolera si Beyrouth est détruite dans la foulée de la destruction de Tel-Aviv. Comme nous n’avons pas jusqu’ici expérimenté de guerre pire que celle avec le Hezbollah, je dois avouer qu’une guerre directe avec l’Iran est une chose que je ne veux même pas imaginer. Même s’il est vrai que durant mes années de services [au sein du régime israélien], j’ai malheureusement été mené à concevoir l’idée de telles guerres. Comme référence utile, je citerais l’exemple de la guerre Iran-Irak: huit ans de guerre et un million de personnes tuées. »
Israël serait-il plus puissant que l’Iran ?
« Il existe un terme clé, la ‘‘profondeur stratégique’’, utilisé par les Iraniens il n’y a pas si longtemps, précisément dans le contexte de cette friction [militaire]. Un haut responsable iranien a affirmé qu’Israël devrait faire attention, car il n’a pas de profondeur stratégique. Ce que vous devriez prendre en considération [pour évaluer la puissance d’un pays] ce sont les critères de base comme la géographie, la démographie et l’histoire. Israël possède une puissance militaire, mais l’Iran est situé sur une énorme étendue géographique, a une population de 80 millions d’âmes et une histoire qui remonte à des milliers d’années. C’est une civilisation », a-t-il remarqué.
Source: PressTV